Aveyron : développer la formation, l'un des enjeux de la survie du BTP

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  • Si le secteur emploie plus de 4 000 personnes dans le département, 88 % des entreprises estiment éprouver des difficultés de recrutement (Chiffres CERC).
    Si le secteur emploie plus de 4 000 personnes dans le département, 88 % des entreprises estiment éprouver des difficultés de recrutement (Chiffres CERC). Centre Presse - José A. Torres
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Pour ce secteur, faisant face à d'importantes difficultés dans le renouvellement des générations, la question de la formation des jeunes est prépondérante. Non sans mal, fédération comme établissements scolaires mettent les bouchées doubles pour rendre ce secteur attractif.

Devoir former pour renouveler, c'est ce que ne cesse de marteler le secteur d'activité du bâtiment et des travaux publics. Avec 14,5 % d'employés ayant plus de 55 ans sur le bassin d'emploi de Rodez - correspondant à la partie nord et ouest du département - il est vrai que les inquiétudes sont compréhensibles. De ce fait, tout est bon pour tenter d'attirer les jeunes vers ces métiers. "Tous les ans au mois d'octobre, nous organisons les Coulisses du bâtiment. On reçoit 1 000 collégiens avec lesquels on organise de nombreuses visites de chantiers et où on leur explique toutes nos filières et ce qu'il est possible de faire", présente Robert Hyronde, secrétaire général de l'antenne départementale de la Fédération du bâtiment et des travaux publics.

Pourtant, ces opérations séduction ne semblent pas suffire à résoudre cette problématique reconnaît l'intéressé. "Nous avons c'est vrai, des besoins de recrutement afin de renouveler les effectifs." Ainsi, la solution se trouve au niveau des établissements de formation, pourfendeurs de sang neuf auprès des entreprises. "Nous avons des cursus intéressants, que ce soit dans différents lycées ou auprès de la Chambre de métiers mais de nombreuses filières ne sont pas représentées, il faut renforcer l'enseignement professionnel", appuie le secrétaire général.

Des filières en péril

D'autant qu'une belle frayeur a parcouru les rangs de la profession après l'annonce de la fermeture du CAP conducteur d'engins dispensé au lycée Jean-Vigo à Millau. Finalement, après l'intervention de politiques et professionnels locaux, la section est maintenue pendant une année supplémentaire, mais un signal supplémentaire est envoyé à la profession. "Nous avons 1 500 employés dans les travaux publics en Aveyron, on ne peut pas perdre une telle formation", peste Robert Hyronde.

Maintenant, l'enjeu est de prouver le plébiscite pour cette filière, mais là aussi, la situation n'est pas simple. "Les effectifs fluctuent en fonction des années, regrette Pierre Falc, directeur délégué aux formations professionnelles dans le lycée millavois. Des jeunes viennent de loin, les entreprises sont demandeuses de telles formations, mais parfois la section n'est pas remplie." C'était le cas lors de cette année scolaire où seulement cinq élèves ont répondu à l'appel, alors que la formation est taillée pour au moins huit apprenants.

Car le secteur reste boudé. "Pourtant, la situation a évolué. Certains sont positivement surpris par les conditions de travail de nos métiers. La plupart des équipes finissent à 17 h et ont leurs week-ends de libre", nuance Robert Hyronde.

"Les entreprises nous harcèlent pour avoir des jeunes"

Une situation similaire est à noter du côté du lycée professionnel du bois et de l'habitat d'Aubin, spécialiste de la formation dans ce secteur. "C'est assez différent en fonction des filières, pour ce qui est des métiers du bois et de notre formation d'assistant en architecture nous n'avons aucun souci, par contre c'est plus difficile au niveau de la maçonnerie et de notre diplôme en aménagement et finition du bâtiment", livre Aurélien Beziat directeur délégué aux formations professionnelles. Ce, malgré le fait que chaque année, une soixantaine d'élèves sort diplômée de l'établissement. Ceci s'explique selon lui par des difficultés au niveau de l'attractivité. "Pourtant ceux qui sortent diplômés trouvent un emploi dans les trois mois qui suivent et les entreprises nous harcèlent pour avoir des jeunes."

C'est là où se situe le problème majeur. Si de belles perspectives de carrière s'offrent à ceux qui savent travailler de leurs mains, peu répondent finalement à l'appel. Principal pourvoyeur de sang neuf auprès des sociétés locales avec plus de 100 diplômés dans les métiers du bâtiment chaque année, la Chambre de métiers et de l'artisanat donne son point de vue sur la question. "Ce sont des métiers qui apportent une vraie richesse, mais ils restent boudés, dénonce Sandrine Alet, directrice du campus des métiers. Il y a également un travail à faire avec les collèges, le CAP est vu comme un diplôme sous-évalué alors que ce ne devrait pas être le cas."

Pendant ce temps-là, certains métiers sont particulièrement sous tension, c'est le cas notamment de la couverture zinguerie, dont les formations ne sont que très peu prisées. "Mais il faut à tout prix que les travailleurs continuent à se former. C'est un élément à prendre en compte et qui ne peut qu'être bénéfique pour les futurs employés comme les entreprises", ajoute Sandrine Alet. Les professionnels concernés en ont conscience, le chantier est encore long.

Des inquiétudes à venir pour le secteur de la construction ?

Si l'activité en rénovation et dans les métiers du bâtiment se porte pour le mieux, quelques craintes sont à noter du côté des professionnels de la construction et des travaux publics. "Pour l'instant ça va, mais très peu de permis de construire sont déposés, nous pourrions très prochainement traverser une période un peu plus difficile", remonte Robert Hyronde. Il s'agace également de voir certaines mesures gouvernementales, laissant selon lui, le secteur s'engloutir les pieds dans le béton. "La suppression de la loi Pinel, la limitation des prêts à taux 0 ainsi que la fin de la défiscalisation du GNR font faire mal à notre secteur. Alors pourtant, que selon la fondation Abbé-Pierre il nous manque 450 000 logements dans le pays."

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