Athlétisme : renaissance accomplie pour la Millavoise Jöna Aigouy

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  • Après avoir découvert à retardement sa marque accomplie lors de son premier essai, Jöna Aigouy a été "submergée par ses émotions".
    Après avoir découvert à retardement sa marque accomplie lors de son premier essai, Jöna Aigouy a été "submergée par ses émotions". Jean-Louis Bories
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Guillaume Verdu

Un peu plus d’un an après une grave blessure à un genou, la Millavoise a décroché le titre national à Albi, hier, en améliorant son record personnel et mettant fin à une période difficile.

Il y avait beaucoup d’émotions mêlées dans le cri de Jöna Aigouy. Au milieu de l’effervescence du Stadium d’Albi, dimanche 30 juillet, la Millavoise a hurlé, sautillé, gambadé et pleuré pour évacuer plus d’un an de douleur et de frustration, tout en se laissant envahir par une joie intense. Et il fallait bien tout cela pour mettre un terme à une double attente.

La première, relativement courte, a été celle d’une athlète ne connaissant pas très bien la distance à laquelle elle venait d’expédier son javelot, lors de son premier essai des championnats de France élite. "À ce moment-là, je ne sens pas que je suis allée loin. J’ai attendu un petit peu, le tableau d’affichage était à l’autre bout du stade, donc quand je vois quelque chose d’écrit qui ressemble à 58 mètres je me dis "non, ce ne peut pas être ça", raconte la lanceuse. Un peu après, mes coaches m’annoncent ma performance. Et là, j’explose !"

Avec son lancer à 58,12 mètres elle a pris la tête du concours, tout en pulvérisant son record personnel (56,81 m) ainsi que la meilleure performance française de l’année, détenue par Alizée Minard (56,82 m).

"Ma meilleure expérience dans le sport"

Elle a aussi mis fin à la seconde attente, longue de plus d’un an. Lors d’une compétition interclubs à Tours, en mai 2022, l’Aveyronnaise a été victime d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche lors d’un lancer. Le début d’une période de douleurs et de soins, avant la reconstruction et l’espoir de retrouver le haut niveau.

"Quand j’ai connu ma performance, j’ai demandé à ma coach d’aller chercher mon père", poursuit l’athlète de 24 ans. Marc Aigouy, son premier entraîneur et premier supporter, a l’habitude de suivre les concours de sa fille avec un peu de distance. "On a un périmètre de sécurité en compétition, car il a trop de stress et me le transmet, sourit sa fille. On s’est serré dans les bras, on a vécu le moment à fond avec toute la famille présente ici."

Au point de devoir faire l’impasse sur les deux essais suivants. Un renoncement sans conséquence, puisqu’aucune des autres engagées n’a réussi à faire mieux tout au long du concours. Seule Alizée Minard, sa partenaire à Balma et tenante du titre, a caressé l’espoir de prendre la tête, avec un jet à 57,34 m, lors de sa troisième tentative.

Mais pas de quoi empêcher la Millavoise de conquérir son deuxième titre national élite, deux ans après le premier. "C’est ma meilleure expérience dans le sport, reconnaît l’intéressée. Je sors d’une année de travail acharné, une année de doutes, une année de reconstruction. Je suis vraiment heureuse d’avoir gagné."

Un record sur élan réduit

Comme un symbole, la renaissance de Jöna Aigouy est intervenue dans ce qui ressemble de plus en plus à son stade porte-bonheur, puisqu’elle avait décroché à Albi son premier podium en championnat de France élite ainsi que deux titres chez les jeunes.

"Depuis ce matin (dimanche 30 juillet), je suis dans un état de stress pas possible, comme cela m’est rarement arrivé. J’en ai même oublié mes marques ! Ces championnats de France étaient une étape importante pour moi, reconnaît-elle, les larmes au bord des yeux. Je suis à onze mois de post-opération. Durant cette période, j’ai réappris à marcher, à monter les escaliers, à les descendre, ce qui est encore plus dur (sourire). Puis j’ai réappris à courir, à lancer. Au départ assise, puis debout. Je me suis reconstruite petit à petit avec un seul objectif en tête : gagner ces championnats de France. Je ne savais pas si j’allais y arriver, car le défi était grand. Et là, je n’ai pas les mots pour décrire les émotions que j’ai ressenties."

"Je n'ai pas encore tout à fait fini ma rééducation"

Ils doivent être d’autant plus durs à trouver que l’Aveyronnaise ne s’est pas contentée de la victoire, en améliorant sa meilleure marque, alors qu’elle a lancé sur un élan réduit. "Je n’ai pas encore tout à fait fini ma rééducation, je manque de vitesse, d’explosivité, a expliqué celle qui a concouru avec une attelle au genou gauche. Mon objectif premier était de revenir à mon niveau de performance d’avant blessure. Je ne pensais pas lancer aussi loin mais je prends !"

Derrière ce record, se cache certainement tout le travail, technique et physique, accompli sur le haut du corps, au moment où la Millavoise a été contrainte de laisser ses jambes au repos. "Mon objectif la saison prochaine sera d’être régulière à plus de 60 mètres pour me qualifier aux Jeux (les minimas sont fixés à 64 mètres)", ajoute-t-elle. Mais pour l’heure, la priorité de Jöna Aigouy est ailleurs : "La saison est finie, je vais me reposer, reprendre mes esprits et repartir sur une préparation béton." Afin de se donner la possibilité de pousser d’autres cris de joie sur les bords des pistes.

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