Moto : le Millavois Vincent Biau dans l’ornière de Richard Sainct et sélectionné pour le Dakar-2024 !

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  • Pilotage, mais aussi mécanique seront au menu en janvier  pour Vincent Biau.
    Pilotage, mais aussi mécanique seront au menu en janvier pour Vincent Biau. DR - Irina Petrichei
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JDM

Le Millavois vient d’être sélectionné pour le prochain Dakar en catégorie malle moto. C’est sûr, il y sera et il exulte et se prépare à l’épreuve "la plus difficile du monde".

Enfant, Vincent Biau n’aurait jamais imaginé que son père puisse être le chef d’orchestre de ses rêves. Même lorsqu’il lui fait enfourcher une moto à l’âge de 4 ou 5 ans, "presque par hasard, alors qu’il n’était pas du tout motard". Le Millavois ne se doute pas que cette selle lui collera longtemps à la peau.

Une scolarité insouciante à Marguerite-Marie, une adolescence passée à Jeanne-d’Arc jusqu’à un BTS de tourneur fraiseur décroché à Albi, l’homme de 36 ans aujourd’hui regarde ce parcours de loin. " Depuis 2018, je suis instructeur moto. J’encadre des trails et maxitrails et propose des stages partout en France", commente ce nomade du deux-roues motorisé qui ne se débarrasse de ses gants de pilote que lors de ses retours dans la cité, " une fois par mois, histoire de faire des machines à laver et repartir ". Loin désormais de son travail dans la restauration à Millau.

" La moto, j’ai voulu en faire très jeune, mais mes parents n’avaient pas le temps de m’amener. Environ une fois par mois. " Il faut dire que papa et maman Biau n’ont pas souvent posé le tablier entre le bar Le Mirador (ex Ninja-bar) et la pizzeria du Grillon qu’ils ont tenus durant des années. Assez souvent quand même pour que Vincent passe la plupart de ses week-ends à l’hôpital de Millau, souvent blessé après des chutes à moto : "J’ai de la chance. J’ai eu des fractures nettes, j’ai fait les ligaments du genou, la clavicule, les doigts, le nez… les blessures classiques du motard."

Richard Sainct "notre héros"

Du coup, le jeune homme a attendu d’avoir ses permis A et B pour conduire volant ou guidon. " Quand j’avais une vingtaine d’années, je partais seul à moto. Je suis allé en Afrique et un peu partout en Europe et suis rentré dans le rallye-raid." Un peu, beaucoup, pour faire comme Richard Sainct, ce pilote saint-affricain triple vainqueur du Paris Dakar, décédé à l’âge de 34 ans après une chute à moto le 29 septembre 2004, en Égypte, lors du rallye des Pharaons. Près de vingt ans plus tard et alors que l’homme a inspiré toute une génération, il continue de faire rêver. Vincent Biau confirme : "C’était un peu notre héros. On le regardait à la télévision et puis, il est parti le jour de mes 17 ans. " Le destin du "héros" subitement arrêté dans le sable africain aurait pu déstabiliser le Millavois. Lui, au contraire, a décidé de les affronter ces dunes du désert. Pas plus tard que cette année où il était au départ de l’Abu Dhabi Desert Challenge (manche du championnat du Monde des rallyes) "où j’ai terminé premier dans la catégorie malle moto (sans assistance) et 17e au général".

Surtout parce que l’an dernier, alors qu’il espérait être l’un des pilotes du Dakar-2023, il n’a pas été sélectionné parce que " ils m’ont reproché de ne pas avoir assez d’expérience dans le désert". Et si, l’an dernier encore, il nous confiait : " Depuis 2020, je suis sur les checkpoints. On est un peu les yeux du Dakar. On est envoyé au milieu de la course et on peut appeler les secours si besoin, ...", il peut s’enorgueillir d’y être en 2024 : "Aujourd’hui les places sont très limitées (seulement 100 pilotes motos) et pour les amateurs c’est difficile, car c’est sur dossier. Mais, après ma participation à l’Abu Dhabi Desert Challenge, les portes se sont ouvertes et, après les sélections motos et quad, j’ai reçu l’excellente nouvelle d’être officiellement sélectionné en catégorie "malle moto". "

Courrier à l’appui, Vincent Biau exulte : ça y est, il y est. Et il mesure sa chance. "Parmi trois cents candidats, ils n’en ont retenu que cent. " Et de poursuivre : "À l’époque, un boulanger, par exemple, pouvait participer au Dakar. Depuis quelque temps, l’épreuve se professionnalise et c’est très bien, rien que pour la sécurité, car ça va de plus en plus vite. Il ne suffit pas de faire de la moto du week-end pour croire qu’on peut faire le Dakar. En tant qu’instructeur, je vois des gens participer à un stage et ils veulent déjà être champions du monde. C’est du travail ! Et puis, l’organisateur ne veut plus de problèmes avec la famille qui se retournerait contre lui juridiquement après le moindre accident. Niveau et expérience sont nécessaires pour le Dakar. "

Derrière lui, 80 litres avec tout l’essentiel

Il sera aligné en malle moto, ce qui veut dire que dans les 80 litres qu’il transportera, il aura tout pour être indépendant : "On fait notre mécanique nous-mêmes avec les pièces de rechange, les outils, les consommables que l’on prend."

C’est donc seul avec son engin que Vincent Biau prendra le départ, le 5 janvier prochain, du Dakar 2024, depuis la cité millénaire d’AlUla, pour traverser l’Arabie saoudite en direction de l’Empty Quarter et se relancer dans un trajet retour qui s’achèvera à Yanbu, en bord de mer Rouge, pour un final espéré le 19. "J’ai une certaine appréhension, mais c’est bien aussi. Pour ma première édition, la plus dure du monde, j’espère surtout la terminer. Le classement est secondaire. "

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