Aveyron : le vautour aura-t-il sa carte de séjour sur l'Aubrac ?

  • Isabelle Knowles, secrétaire générale de la préfecture, s’est rendue mi-août sur l’Aubrac suite aux interactions.
    Isabelle Knowles, secrétaire générale de la préfecture, s’est rendue mi-août sur l’Aubrac suite aux interactions. Centre Presse
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Olivier Courtil

Une réunion est prévue à Laguiole à l’automne pour tenter de retrouver l’apaisement après les interactions estivales.

La situation du vautour sur le Nord-Aveyron tour en rond comme le charognard guette sa proie. Trois ans après la réunion initiée en août 2020 par Vincent Alazard, éleveur et maire de Laguiole, avec les acteurs locaux et les services de l’État, suite à des interactions de vautours sur des bovins, aucune issue n’a été trouvée. Pire : au printemps dernier, ces interactions dans le langage scientifique ou attaques dans le ressenti des éleveurs, ont repris à Palmas et Cantoin, et se sont poursuivies en août à Laguiole.

Le maire, Vincent Alazard, y a laissé des plumes avec la perte d’un veau entièrement consommé. Un autre éleveur, Francis Sabrié, a aussi vu son troupeau touché. « Les Cévennes ce n’est pas l’Aubrac.C’est une catastrophe, cela dépasse les limites du supportable. J’ai perdu deux bêtes, on ne peut pas être sur place sur les montagnes. Les vautours ont consommé un veau encore vivant ce qui a provoqué la panique dans le troupeau. Il y a une surpopulation des vautours dans le Sud du département qui se déplacent sur l’Aubrac, ce n’est pas sa place. »

Plus de 900 couples recensés

Sur ce point, les deux parties s’accordent. Comme l’a déclaré dans nos colonnes Rodolphe Liozon, à la tête de la délégation de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Occitanie en Aveyron (lire notre édition du 30 août dernier) : « Avec la multiplication des individus, les vautours doivent aller chercher leur nourriture plus loin. »

Plus de 900 couples sont désormais comptabilisés. Que faire ? La LPO avait programmé une action de sensibilisation sur le plateau de l’Aubrac le 2 septembre à l’occasion de la Journée internationale de sensibilisation aux vautours qu’elle a elle-même instaurée en 2014. Maladresse ou hasard du calendrier, cette proposition fut ressentie comme une provocation par les éleveurs.

Tirs d’effarouchement refusés

Histoire de laisser passer du temps pour retrouver de l’apaisement, Vincent Alazard, aussi conseiller départemental et vice-président du parc naturel régional de l’Aubrac envisage une réunion courant octobre. « On pourrait commencer par une rencontre avec les éleveurs touchés directement par les vautours. » Et de rappeler la venue d’Isabelle Knowles, secrétaire générale de la préfecture, à Laguiole le 16 août suite aux interactions. « Le préfet avait alors demandé à effectuer des tirs d’effarouchement mais cela fut refusé. » Ce qui fait dire aussi à l’édile aujourd’hui : « On n’arrive pas à comprendre le raisonnement de la LPO qui s’arc-boute sur une montée des effectifs sans réagir. Je fais des efforts, je m’adapte. Je suis obligé de rentrer mes bêtes à cause du loup et du vautour, la LPO ne fait aucun effort. C’est inadmissible. » Comme le résume Francis Sabrié avec le sens de la formule : « C’est la ligue pour la propagation des oiseaux. »

Le mariage forcé entre vautour et éleveurs de l’Aubrac semble avorté. Une incompatibilité avancée par d’autres arguments soulevés par les éleveurs qui ont vécu ces phénomènes. « Les témoignages s’accordent au cri de l’animal qui n’était donc pas mort avant l’arrivée des vautours. » Ce qu’admet Rodolphe Liozon : « Il peut y avoir des cas limites avec une vache qui a du mal à vêler. » Tout en rappelant que « les connaissances biologiques sur le vautour n’autorisent pas à un changement, une mutation de celui-ci. »

Et d’évoquer l’entente entre le rapace et l’éleveur dans le Sud du département. « Cela se passe bien depuis 40 ans entre les vautours et les éleveurs sur le Larzac. L’équarrissage fonctionne et une centaine de placettes ont été mises en place à la demande de l’éleveur. Les éleveurs du Nord-Aveyron sont impressionnés car ils ne connaissent pas le fonctionnement du vautour et une curée est impressionnante. »
Enfin, le maire de Laguiole avance un autre constat. « Le vautour ne peut pas tout consommer sur des veaux de 300kg. On est obligé d’amener à l’équarrissage sur l’Aubrac. Il n’y a pas de ticket gagnant gagnant comme pour les éleveurs du sud du département. » 

 

Le chiffre : 2

Les prélèvements ont révélé que deux bovins étaient affectés de la maladie du charbon. «Cela ne change rien aux conséquences sur le troupeau », répond le maire de Laguiole. Un autre éleveur du Nord-Aveyron pointe du doigt le risque de grippe aviaire et de contamination. Et si une rencontre entre éleveurs du Larzac et de l’Aubrac voyait le jour… Histoire d’éclairer sur le sujet.

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Les commentaires (1)
Tessiture Il y a 7 mois Le 18/09/2023 à 14:54

Cet article est incompréhensible.
Je m'interroge beaucoup sur le comportement supposé de ces vautours. Normalement non seulement ils n'attaquent pas, mais en plus ils passent en dernier après les loups, les renards et les corneilles, pour manger ce que les autres ont laissé (en général les tripes). Vraiment très curieux. J'ai bien l'impression que le journaliste a plus écouté les éleveurs que le représentant de la LPO.