Jeter ses feuilles mortes à la déchetterie, une habitude coûteuse, un peu idiote mais bien ancrée dans les esprits

  • Activité de saison, le ratissage des feuilles envoie chaque année des milliers de tonnes de feuilles mortes dans les déchetteries.
    Activité de saison, le ratissage des feuilles envoie chaque année des milliers de tonnes de feuilles mortes dans les déchetteries. Pixabay - Manfred Richter
Publié le , mis à jour
Laurent Roustan, avec Benoit Donnadieu

Certaines déchetteries ont interdit à leurs clients d'apporter ces déchets verts afin de faire des économies, une mesure plutôt mal vue par la population, comme dans la communauté de communes Ouest Aveyron, qui a dû reculer pour ne pas "mettre le feu au territoire". On explique.
 

C’était une mesure mise en place depuis le 15 mars 2023 qui avait suscité une levée de boucliers de la population d'Ouest Aveyron Communauté. Pour faire des économies, l’intercommunalité avait en effet voté l’interdiction de jeter ses feuilles morts et tontes de gazon dans les trois déchetteries du territoire (Villefranche, Villeneuve et La Fouillade).

"Ne pas mettre le feu au territoire"

"Cette mesure nous a fait économiser 10 000 euros depuis sa mise en place. Mais lors des multiples réunions publiques et des distributions de sacs par les communes, nous avons eu de nombreuses remontées des habitants s’y opposant", a déclaré lors du dernier conseil communautaire Guy Marty, élu et maire de Martiel. "On ne peut pas mettre le feu au territoire pour des feuilles" mortes, a-t-il ajouté.
Ainsi, depuis ce mercredi 20 septembre, il est de nouveau autorisé pour les habitants de l’Ouest Aveyron de jeter leurs feuilles mortes dans les déchetteries. Les branchages peuvent aussi être à nouveau jetés, mais les tontes de gazon restent toujours interdites.

Des centaines de tonnes de feuilles mortes jetées par an

Un rétropédalage amer pour la communauté de communes Ouest Aveyron : avec près de 1 800 tonnes collectées chaque année, "les déchets verts représentent le deuxième apport en déchetterie après les encombrants sur le territoire", pour un coût annuel d'environ 140 000€ pour le transport et le traitement. 

Et plus la collectivité est importante, plus ce coût augmente : en Gironde par exemple, le Smicval (Syndicat intercommunal de collecte et de valorisation des déchets du Libournais Haute-Gironde), qui a également interdit "l'apport des tontes et des feuilles" dans leurs déchetteries, estime ce coût à1,5 million d’euros chaque année.

Mais les déchetteries sont un service public financé par les collectivités, donc par les utilisateurs de ces déchetteries. De plus, brûler ces feuilles mortes et autres déchets verts est interdit par la loi. Et se débarrasser de ces déchets par des entreprises privées a aussi un coût. Difficile donc de s'opposer à ce que les particuliers, voire des entreprises, n'utilisent pas ce service proposé par les déchetteries.

Des solutions alternatives

Les communautés de communes incitent donc les particuliers à des solutions alternatives. Elles encouragent par exemple leurs habitants à pratiquer le compost par des distributions gratuites de composteurs, une bonne solution si vous avez un jardin. Elles incitent également au paillage et au broyage, et s'il est vrai que laisser les feuilles sur le gazon peut l'étouffer, la pratique du mulching à l'aide d'une tondeuse spéciale qui broie les feuilles et les laisse sur le terrain, ce qui permet de nourrir la terre, et a fortiori le gazon.

Enfin, poser une cagette à l'envers sous un tas de feuilles mortes au fond du jardin ou du terrain vous permet de créer un habitat pour une famille de hérissons, une espèce protégée, de plus utile au jardin car elle se nourrit d'escargots et d'autres nuisibles.

Pour revenir dans l'Ouest Aveyron, pour limiter le flux de feuilles mortes, tontes de gazon et autres résidus d'élagage dans les déchetteries, un broyeur itinérant acheté par l’intercommunalité sera présent sur le territoire, et les habitants pourront y amener leurs déchets verts sans restriction particulière... Mais là, pas avant octobre 2024.

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