Gérard Larcher en Aveyron, une oreille attentive aux souffrances rurales

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  • Gérard Larcher lors de son arrivée à Rignac hier pour  le 80e congrès de l’association départementale des maires, réunissant les 285 communes aveyronnaises.
    Gérard Larcher lors de son arrivée à Rignac hier pour le 80e congrès de l’association départementale des maires, réunissant les 285 communes aveyronnaises. Photos José A. Torres
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Mathieu Roualdés

En jouant plus que jamais son rôle de contre-pouvoir, le président du Sénat a séduit les élus aveyronnais, au complet, hier, à Rignac.

Son arrivée dans l’espace André-Jarlan, musique électronique aussi forte qu’en boîte de nuit, fendant une foule d’élus aveyronnais tout sourire et se levant à son passage, présageait déjà de la matinée. Gérard Larcher était bien plus qu’un invité de marque du 80e congrès de l’association départementale des maires, hier à Rignac. Il en était la star. Et surtout l’oreille tant espérée d’une ruralité qui clame son besoin d’être davantage entendue par le pouvoir en place. Ça, le président du Sénat le sait mieux que quiconque. Voilà des années qu’il sillonne les territoires qui se disent "isolés" et cajole les grands électeurs. Ces maires qu’il dit être "les seuls élus dans ce pays à bénéficier encore d’une confiance majoritaire des citoyens".

Porte-parole de la décentralisation

Depuis plusieurs temps, le Républicain incarne cette antithèse d’un Emmanuel Macron trop jacobin. Cela lui va bien, il en joue volontiers et habilement. Lui, l’homme de consensus, longtemps maire de Rambouillet avant de prendre la présidence du Sénat, ne s’en cache même plus. "La semaine passée encore, je l’ai dit, yeux dans les yeux, au président Macron : sa pratique du pouvoir est trop verticale ! Elle conduit à des incompréhensions et au sentiment chez les citoyens de se trouver en dehors du processus qui régit leur quotidien", regrettait-il hier, devant la presse, au sortir de deux heures d’échanges avec les maires aveyronnais. Là aussi, sur la scène au pupitre, il s’est voulu porte-parole de la décentralisation. Et de la simplification. "Notre pays se paralyse avec l’avalanche de normes", a lancé celui qui, récemment, s’est vu réélire pour trois ans au "plateau" du Palais du Luxembourg. "En 10 ans, le code de l’urbanisme a pris 40 % de volume. Le code des collectivités territoriales a pris 400 % en 20 ans. Et celui de l’environnement est passé de 100 000 mots à un million ! Je comprends vos difficultés", s’est-il désolé, sous des applaudissements nourris. Fort d’une certaine bonhomie et d’un humour bien senti, Gérard Larcher sait séduire. Les présidents d’agglomérations, comme les maires des plus petites communes. Les plus à droite, comme ceux de gauche. Les plus en colère, aussi, et attaché à un certain "vieux monde" politique.

Quand le préfet Charles Giusti a mis en avant le dispositif fond vert, crédits d’État devant servir à la transition des territoires, Gérard Larcher a rétorqué " qu’il était aussi difficile de remplir un dossier pour cela que d’obtenir les aides de la politique agricole commune (PAC) ". Dans le même style, juste avant, il avait tancé les rapporteurs de la Cour des comptes préconisant récemment une réduction des cheptels bovins, coupables d’émissions de gaz à effet de serre : " On sent chez eux une fine connaissance des territoires ! " Il n’en fallait pas plus. Sur les interrogations et inquiétudes des édiles concernant la loi zéro artificialisation nette, la disparition du dispositif ZRR ou encore le transfert de compétences sur l’eau et l’assainissement, Gérard Larcher s’est voulu plus technique. Plus consensuel.

Soutien réaffirmé pour la RN88

Même si pour le premier sujet cité, lorsqu’un élu aveyronnais a évoqué l’exemple de Laurent Wauquiez assurant que la loi zéro artificialisation nette ne s’appliquerait pas en Auvergne-Rhône-Alpes, l’invité de marque a repris sa position de législateur. Et de deuxième personnage de l’État : "Les lois de la République s’appliqueront dans sa région comme ailleurs ! " Comme quoi, chez Les Républicains, on n’est pas encore tous "copains" et alignés face à la Macronie…

Arnaud Viala, ancien de cette famille politique, s’est lui réjoui d’un soutien réaffirmé au projet du passage à 2x2 voies de la RN88 entre Rodez et Sévérac-d’Aveyron. "Je vais en parler au plus vite à la Première ministre. Ce projet est ancien mais nécessaire. Certes, il faut des voies de chemin de fer dans notre pays. Mais ici, la réalité n’est pas le Grand Paris Express. C’est une route pour des véhicules individuels et l’économie", a affirmé Gérard Larcher. Avant de quitter les élus aveyronnais, des cadeaux plein les bras : du roquefort, de la farine du moulin… Calvet, un couteau laguiole et des gants de la maison Fabre. "Je n’y rentre pas dedans, il me faudra une taille plus grande", a réagi le président du Sénat. De quoi faire rire une dernière fois des maires convaincus. Et presque tous présents hier à Rignac.

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