Match Bordeaux-Rodez : les Ultramarines et leur leader Florian Brunet "très déterminés à faire ressentir le maximum de honte" au Raf samedi

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  • Florian Brunet, leader des Ultramarines, accuse sans détour Rodez de triche.
    Florian Brunet, leader des Ultramarines, accuse sans détour Rodez de triche. Centre Presse Aveyron - Jean-Louis Bories
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Samedi 28 octobre, à 15 heures, le Rodez Aveyron football se déplace à Bordeaux, près de cinq mois après l’agression de Lucas Buades sur la pelouse du Matmut Atlantique par un cadre des Ultramarines. Depuis, le club et le joueur sont violemment pris pour cible sur les réseaux sociaux. Mais est-ce un épiphénomène accentué par internet ou un véritable ressentiment de masse ? Pour tenter de le savoir, nous avons interrogé le leader du groupe de supporters local, Florian Brunet. Et ses propos sans filtre semblent aller en faveur de la seconde hypothèse… Entretien.

Au regard de ce qu’il s’est passé le 2 juin, cette rencontre s’annonce forcément particulière et tendue. Comment l’abordez-vous, aux Ultramarines ?

On est très déterminés à faire ressentir le maximum de honte vis-à-vis d’un club qui peut allègrement en ressentir.

Vous restez donc sur votre position d’une prétendue triche de Rodez et du joueur concerné, Lucas Buades ?

On a immédiatement condamné le geste de notre membre, que l’on n’a jamais cautionné. Par contre, on a eu affaire à l’un des plus grands scandales de l’histoire du football français. Et je suis bien content de ne pas être Ruthénois, pour ne pas devoir ma place en Ligue 2 à un tel scandale, qui dépasse l’entendement et toutes les valeurs sportives, et qui est une escroquerie honteuse.

Sur quoi vous appuyez-vous pour dire cela ?

Il est absolument impossible d’avoir une commotion cérébrale après avoir été légèrement poussé. Celui qui conteste la volonté de tricher est d’une très grande mauvaise foi. C’est évident. Ce qu’il s’est passé a été mis en œuvre par le club de Rodez. Buades a été à l’origine de la tricherie, mais c’est ensuite la direction du club qui a pris les commandes et qui a poussé son joueur à faire ce cinéma. La volonté était de se sauver d’une bien piètre manière, contre toute équité et tout esprit sportif. Pour nous, c’est incontestable.

Ce qu'a mis en place le club de Rodez est proprement scandaleux. J'aurais honte d'être Ruthénois.

Je le répète, ça ne dédouane pas notre membre, qui va d’ailleurs en répondre devant la justice (le 27 novembre, NDLR). Mais il avait l’excuse du cœur, de la passion. Son geste est quand même à mettre en perspective. On ne parle pas d’une agression. On ne parle pas d’un coup. On parle d’une poussette. Et derrière, on a eu une exagération incroyable. Ce match aurait dû reprendre deux minutes après. Ce qu’a mis en place le club de Rodez est proprement scandaleux. J’aurais honte d’être Ruthénois.

Vous dites vouloir "faire ressentir le maximum de honte" à Rodez, samedi. Comment comptez-vous vous y prendre ?

Nous, on aime bien les surprises à Bordeaux. Et ce sont plutôt de bonnes surprises. Après, évidemment, tout cela se fera dans le cadre de la loi. On a été très désabusés de lire la déclaration du représentant du Kop ruthénois (dans notre édition de lundi, le trésorier de l’association de supporters du Raf, Gilles Galopin, disait ne "pas vouloir mettre en péril la vie des supporters", et annonçait donc que le Kop n’organiserait pas de déplacement à Bordeaux, NDLR). Il n’y a aucune animosité envers les supporters de Rodez. Ce n’est pas après eux que l’on en a.

Si ceux-ci avaient voulu se déplacer, il n’y aurait eu, en tout cas de notre part, aucun incident. Après, on va faire ressentir au club de Rodez la honte qui pèse sur ses épaules. Le sentiment que je donne depuis tout à l’heure est partagé par tous les supporters des Girondins.

Si le Kop ne sera pas dans le parcage samedi, environ 80 supporters ruthénois devraient s’y rendre de manière individuelle. Pouvez-vous garantir qu’ils seront en sécurité au stade ?

Je ne peux pas me porter garant des 20, 25 ou 30 000 supporters qui seront au stade. Par contre, je peux me porter garant de ce que fera mon groupe, ma tribune. Il n’y a absolument pas d’animosité envers les supporters. C’est envers le club et le joueur qu’il y en a. Mais les supporters de Rodez sont plutôt des victimes à devoir supporter les agissements de leur club.

Et puis, vous savez, à Bordeaux, je ne dis pas qu’on est toujours des agneaux, mais disons que les incidents sont extrêmement rares. Sur les 30 dernières années, on a aucun blessé grave sur la conscience, ni aucun incident notable. Il faudrait que ce monsieur se renseigne un peu. On n’est pas au fin fond de l’Europe de l’Est ou dans certains endroits extrêmement chauds de la planète. On est très, très, très loin d’être des sauvages. On n’agresse pas les gens sans un antagonisme extrêmement fort.

Après ce match de la dernière journée de la saison passée, Rodez et Lucas Buades ont été très largement harcelés sur les réseaux sociaux. Quelle a été la position de votre groupe par rapport à cela ?

Attaquer la vie personnelle d’un individu sous couvert d’anonymat n’est jamais très glorieux. Maintenant, un footballeur professionnel est un personnage public et ne peut pas avoir que les bons côtés de sa profession, sans avoir les mauvais. À partir du moment où on est un personnage public, quand on triche et qu’on fait des choses qui sont condamnables moralement, on le paye. Aujourd’hui, au XXIe siècle, cela passe malheureusement, ou heureusement, je n’en sais rien, par les réseaux sociaux. Ce n’est certainement pas très intelligent, mais c’est la rançon de la gloire.

On a énormément retravaillé la sécurité et la vigilance.

Depuis les incidents, avez-vous fait évoluer certaines choses dans votre manière de fonctionner ? Notamment en termes de sécurité ?

Vous savez, on a plus de 35 ans d’histoire, les Ultramarines. Et les incidents à déplorer ont été extrêmement rares. Il y a eu évidemment le cas de Rodez, qui nous a amenés à faire une introspection, mais il faut prendre en compte que ce stade est particulier. On a l’une des tribunes les plus proches du terrain. On a donc analysé avec le club que, ce jour-là, le virage avait été trop ouvert, par rapport aux autres tribunes. Il y avait trop de monde. C’était sans aucun doute la plus grosse ambiance qu’a connue Gallice (autre nom du Matmut Atlantique, inauguré en 2015). On contrôle maintenant un petit peu mieux l’accès au Virage sud.

Et puis, évidemment, on s’est remis en cause avec les stadiers. Il n’est pas normal que l’un des nôtres puisse ainsi toucher un joueur. On a énormément retravaillé la sécurité et la vigilance. Il y a eu une confiance excessive entre nous, parce qu’on a justement traversé des décennies sans incident. Mais la confiance n’exclut pas le contrôle. Ça a été une piqûre de rappel, sur un incident qui a été mineur. On ne touche pas un joueur, ça, c’est une règle d’or, mais on ne parle pas d’une agression. Se remettre en cause par rapport à une poussette, c’est plutôt une bonne chose. Je préfère ça, que de le faire pour un véritable drame.

Marc fait toujours partie des Ultramarines. On ne l'a absolument pas exclu.

Marc, le membre cadre des Ultramarines auteur des faits, est-il toujours partie prenante de votre groupe ?

Il fait toujours partie des Ultramarines. On ne l’a absolument pas exclu. Quand vous occupez votre fonction pendant 30 ans d’une bien belle manière, je ne crois pas qu’on balaye tout d’un revers de la main pour une erreur. Marc a eu un comportement exemplaire pendant plus de 30 ans, mais la passion l’a débordé. C’est un passionné comme il y en a peu, et c’est vrai qu’il a pris comme une provocation la célébration des joueurs de Rodez. Il a perdu le contrôle de lui-même. Il a eu une absence de 5/6 secondes, mais ça ne doit pas tout remettre en cause. C’est un des plus grands leaders du Virage sud Bordeaux. On a voulu le faire passer pour un criminel, mais c’est vraiment rabaisser les actes graves que de dire ça de lui. Quand on l’étudie de près, ce n’est pas un geste grave, mais une poussette !

Marc a payé très cher, d’autant qu’il vit à Annecy. Il va être interdit de stade pendant des années. Il l’est déjà depuis le lendemain de Rodez. Il n’a pas mis les pieds dans un stade depuis. Ça a été très dur à vivre, que ce soit pour lui ou ses enfants. On n’aurait pas été ses amis, et nous le sommes encore, si nous en avions rajouté, même si, évidemment, nous ne l’avons pas félicité. Si Buades a vécu des moments compliqués, et on peut le comprendre, car être harcelé sur les réseaux sociaux, c’est compliqué, Marc a subi la même cabale. Et lui n’est pas footballeur professionnel, ni un personnage public.

Les Girondins sont actuellement 15es. N’avez-vous pas peur que cette situation délicate sur le plan sportif ne rajoute encore davantage de tension à ce match ?

Non, non. Nous appelons les supporters bordelais à être dignes de notre histoire, c’est-à-dire à avoir un comportement honorable. Cela ne nous empêchera pas de faire régner une atmosphère hostile. Ce sera effectivement hostile pour Rodez, mais derrière, il y a un match à gagner, qui est très, très important pour nous.

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Les commentaires (3)
Dentalco12 Il y a 6 mois Le 25/10/2023 à 14:57

Vu les dettes du club, les Girondins ne devraient pas être en Ligue 2 !

Anonyme8018 Il y a 6 mois Le 25/10/2023 à 13:07

Il serait temps pour Bordeaux de tourner la page. Ils ont reçu la sanction qu'ils méritaient. Point final.
Avec un tel comportement, ils n'ont rien à faire en ligue 1.

davidrodez Il y a 6 mois Le 25/10/2023 à 13:38

Tout est dit, bordeaux est un club rancunier et on du mal à passer à autre chose ceux qui les handicape dans leur championnat cette année.