Aveyron : le déménagement du monument aux morts, érigé en 1922, sème la discorde

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  • Le monument érigé en 1922 devrait prendre ses quartiers dans la cour de l’église en 2024.
    Le monument érigé en 1922 devrait prendre ses quartiers dans la cour de l’église en 2024.
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Olivier Courtil

Le déménagement dans la cour de l’église, acté en conseil municipal, est à l’origine d’une polémique.

Érigé depuis 1922 devant l’Hôtel de ville de la commune d’Espalion, le monument aux morts se retrouve au cœur d’une tourmente. Dans le cadre du projet de réaménagement du centre bourg, son déménagement dans la cour de l’église a été acté en conseil municipal " pour donner du lustre à l’entrée de ville ", précise le maire Éric Picard.

Or, ce déménagement suscite des controverses. " Beaucoup de gens sont contre. Ce projet a été décidé trop rapidement", glisse en ce sens une riveraine.

Proposition d’un référendum

À l’image aussi de Jean Puech, ancien adjoint sous l’ère Jean Solinhac et Maurice Cayron, qui s’est fendu d’un courrier : " Ce beau monument serait-il subitement devenu si encombrant pour qu’il soit nécessaire de le déménager ? Ne serait-il pas encore plus gênant dans la cour de l’église lors des cérémonies de mariage ou d’obsèques ? Les actuels ignorent qu’au lendemain de la guerre 1939-1945, certaines personnes avaient déjà proposé ce déplacement mais la sagesse populaire avait fait repousser ce projet. " Et de proposer l’idée d’un référendum sur le sujet : "Par respect pour la démocratie, un référendum serait la meilleure façon de donner aux Espalionnais l’occasion d’exprimer leur point de vue comme le permet la loi." Ce à quoi, le maire Éric Picard s’oppose, renvoyant la décision du déménagement aux anciens combattants. " Ce projet n’est pas municipal. Il a été présenté pour le faire dans le jardin de l’Europe (derrière la mairie, NDLR) mais les six associations d’anciens combattants ont voté contre. Ce sont eux qui ont choisi le projet à la cour de l’église. On a suivi leur position."

De quoi irriter passablement Raymond Amat, à la tête des anciens combattants. "Ce projet, cela fait 35 ans qu’il nous barbe ! Il le met sur le dos des anciens combattants, qu’il fasse un vote." Et de confier : "L’entreprise qui doit installer des fontaines a fait faillite, ce projet est loin d’être fait. Tant que ce n’est pas fait, le monument est devant la mairie." Donnant au passage rendez-vous, samedi 11 novembre à 11 heures devant le monument face à l’Hôtel de ville, pour commémorer le jour anniversaire de l’Armistice de la Première Guerre mondiale. En attendant, Éric Picard reste ferme. "Je ne comprends pas la polémique, j’ai deux ancêtres sur ce monument. Il n’y a pas de débat, pas de référendum. Il faut faire des choix, c’est le rôle des élus. L’objectif est de donner du cachet à Espalion en travaillant sur les espaces urbains." Ce point aussi n’est pas partagé par Jean Puech. "Après la Grande guerre, les rescapés de ce massacre et la municipalité de Maurice Affre avaient choisi le site actuel, particulièrement bien exposé bien à la vue de tous, pour ce monument laïc et républicain, certainement l’un des plus beaux du département."

Ce déplacement d’un coût de 25 000 € sera réalisé début 2024.

En choisissant de déménager le monument "laïc et républicain", comme le rappelle Jean Puech, dans la cour de l’église, cette décision interpelle les représentants de la Maison Laïcité 12 qui ont contacté le maire d’Espalion.

"Il apparaît que le projet d’urbanisme prévoit de dématérialiser au sol le parvis de l’église en rattachant une partie à l’espace public qui lui fait face par une délimitation de type dallage et la démolition du mur d’enceinte et de ce fait, réduire le périmètre "cultuel" autour de l’église pour en faire un espace "civil". Une statue de la vierge qui siège dans la cour sera déplacée. L’intention nous a semblé donc être non de rapprocher le monument aux morts d’un espace cultuel mais de réduire cet espace cultuel pour le rendre plus "public" sachant qu’à l’heure actuelle il sert déjà régulièrement de parking."

Ainsi, le conseil d’administration de l’association a décidé de ne pas mettre en œuvre un recours auprès de la préfecture. En revanche, l’association a suggéré la plantation d’un arbre de la laïcité sur l’espace civil ainsi réaménagé.

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