Aveyron : il y a deux cents ans naissait Jean-Henri Fabre, l'entomologiste le plus célèbre du monde

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Philippe Routhe

Une exposition consacrée à l’entomologiste, écrivain et philosophe aveyronnais signée de l’association des "Amis de Jean-Henri Fabre", et notamment de Guy Mazars, est actuellement proposée aux Archives départementales. À voir !

Il y a deux cents ans, à Saint-Léons, au sein du Lévézou, le 21 décembre 1823 donc, naissait Jean-Henri Fabre. Une personnalité incroyable qui reste à ce jour une référence en matière d’observation des insectes. D’aucuns disent qu’il est plus connu au Japon, où il est toujours enseigné, et en Corée du Sud, que dans nos contrées.

Durant l’année 2023, quelques manifestations sont toutefois venues rappeler l’importance des travaux de celui qui est considéré comme le précurseur de l’éthologie. Notamment du côté de son village natal Saint-Léons, où sa maison d’enfance peut toujours être visitée, et de la cité des insectes Micropolis, fermée pour l’hiver et qui rouvrira en février.

"Philosophe, artiste, poète…"

Si Jean-Henri Fabre n’est jamais véritablement revenu en Aveyron après son départ à l’âge de14 ans, il a toujours estimé que c’est dans ce département qu’il est devenu ce qu’il a été. " Un grand savant qui pense en philosophe, voit en artiste, sent et s’exprime en poète ", comme l’a écrit un jour l’écrivain Jean Rostand.

Cette figure du monde des insectes, qui a inspiré le film "Microcosmos" des réalisateurs Marie Pérennou et Claude Nuridsany, a marqué nombre d’Aveyronnais, dont un Ruthénois : Guy Mazars. Entre autres manifestations organisées cette année, il y a en effet cette exposition que ce pilier de l’association des "Amis de Jean-Henri Fabre" présente actuellement aux Archives départementales, à Rodez. Une occasion superbe d’aller à la rencontre de Jean-Henri Fabre en ce jour anniversaire. "J’ai été comme lui à l’ancien collège royal devenu lycée Foch et passionné de nature. Mon frère, qui lui aussi fut à ce collège, me retrouva un livre de physique de Jean-Henri Fabre. Ce fut le premier objet le concernant que j’ai eu entre les mains. Puis, il y a eu une sorte de plaquette de l’établissement qui rendait hommage à Jean-Henri Fabre. Je conservais cela précieusement quand, à Paris, aux Puces, je suis tombé sur un tas de cartes postales dédiées à l’entomologiste…" La collection était en route. Depuis, et à la mesure de ses moyens, Guy Mazars archive de précieux documents concernant la vie de cet homme qui le fascine. Lui, l’employé de France Télécom, voit d’ailleurs comme un étonnant clin d’œil sa mutation en 1974 en Avignon. Il marche sur les pas de Jean-Henri Fabre, sur lequel il est intarissable.

La visite de Pasteur, du ministre Duruy…

Et c’est une remarquable exposition, avec l’appui des Archives départementales, qui a abondé l’exposition du fonds Delange, et l’association des "Amis de Jean-Henri Fabre" qu’il présente jusqu’au 19 janvier. Il fait même office du guide les mardis et vendredis.

C’est vrai que Guy Mazars aime raconter ce moment où, dans la Cité des papes, Pasteur est venu frapper à la porte du chercheur et enseignant aveyronnais, pour en savoir plus sur la maladie attribuée au ver à soi, la pébrine. Ce jour où le ministre Victor Duruy vint le voir pour son travail sur la garance pour obtenir ce rouge qui teinte les pantalons des soldats français. "Napoléon III voulait Jean-Henri Fabre comme précepteur pour ses fils. Mais il préférait rester dans la nature", sourit Guy Mazars. Qui rappelle cette anecdote, également décisive dans les orientations du jeune Jean-Henri Fabre. "En Corse, il a croisé les naturalistes Requien et Moquin-Tandon. Ils voyaient bien que Jean-Henri Fabre s’intéressait aux plantes, mais ils lui ont lancé, l’herbe c’est bien, mais tu seras meilleur sur les bêtes…"

"L’Homère des insectes"

Ainsi, cette exposition présentée aux Archives revient sur toute l’histoire de ce fin observateur et contemplateur de la nature. Dont les "Souvenirs entomologiques" sont l’œuvre majeure d’un érudit qui écrivit aussi bien sur l’algèbre, le français, ou même le ménage !

Victor Hugo avait décrit Jean-Henri Fabre comme un "Homère des insectes". L’Aveyronnais faillit d’ailleurs avoir le prix Nobel de littérature, de quoi souffler un peu plus la communauté scientifique qui ne goûtait guère à cette prose accessible sur la science des insectes. Il fut en effet proposé à deux reprises par l’Académie française.

Et si aujourd’hui, sur la péninsule du Soleil levant, certains n’hésitent pas à dire que Jean-Henri Fabre est le Français le plus connu, " c’est pour la qualité de ses écrits et les savoirs que l’on peut y retrouver dans beaucoup de domaines", analyse Guy Mazars. Une exposition dédiée à l’entomologiste aveyronnais est d’ailleurs en cours au Fujifilm center de Tokyo.

Mort le 11 octobre 1915 à Sérignan-du-Comtat, dans le Vaucluse, Jean-Henri Fabre a laissé derrière lui quantité d’ouvrages qui méritent de s’y attarder. "Moi qui aime la nature, quand je me promène et que je l’observe, je trouve extraordinaire de voir se réaliser sous ses yeux ce que Jean-Henri Fabre a formidablement écrit il y a plus d’un siècle", glisse Guy Mazars. Comme une invitation à la contemplation dans cette période où tout s’accélère, mais où, comme l’écrivait Jean-Henri Fabre, "le savoir humain sera rayé des archives du monde avant que nous ayons le dernier mot d’un moucheron".

Un timbre sud-coréen pour célébrer les deux cents ans de Jean-Henri Fabre
Un timbre sud-coréen pour célébrer les deux cents ans de Jean-Henri Fabre

  • En Corée du Sud, un timbre à l’effigie de Jean-Henri Fabre pour les 200 ans !

Demain, du côté de Séoul, il sera possible d’acquérir un timbre à l’effigie de Jean-Henri Fabre. "Un timbre commémorant l’entomologiste français du XIXe siècle Jean-Henri Fabre (1823-1915) pour le 200e anniversaire de sa naissance sera émis par La Poste coréenne, rattachée au ministre de la Science et de la Communication", a-t-il été ainsi annoncé. "624 000 unités seront émises le 22 décembre", relaie l’agence de presse coréenne Yonhap.

"Un dessin où Fabre observe un scarabée au large cou décorera ce timbre qui sera utilisable pour "l’éternité" au tarif en vigueur même si le coût d’envoi d’une lettre augmente à l’avenir. La traduction de ses œuvres "Souvenirs entomologiques" en Corée du Sud, en particulier les versions adaptées aux enfants, a rencontré un grand succès", souligne le journaliste coréen. En mai dernier, une carte postale coréenne avec des dessins de Jean-Henri Fabre avait également été éditée. Des timbres à l’effigie de l’Aveyronnais ont vu le jour aux Comores, en Centrafrique, à Monaco, en Guinée… Preuve du rayonnement de ce spécialiste de l’immensément petit.

En France, un timbre a été notamment émis en 1956 ainsi qu’en 2015 pour les cent ans de sa disparition.

On le célèbre aussi dans le Vaucluse

Le bicentenaire de la naissance de Jean-Henri Fabre est célébré aussi dans le Vaucluse, à Sérignan-du-Comtat où l'entomologiste s'était installé à l'âge de 56 ans. Un pan de la vie du grand homme que les Aveyronnais connaissent moins. Voici quelques éléments.
 

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