Auto-moto : le Millavois Vincent Biau, un "gipsy" au départ Dakar

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  • Novice sur le Dakar, le Millavois ne l’est pas en rallye-raid.
    Novice sur le Dakar, le Millavois ne l’est pas en rallye-raid. DR
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Aurélien Delbouis

Le pilote millavois prendra le départ du Dakar pour la première fois le 5 janvier, avec le prologue de l’épreuve, tout comme sept autres Aveyronnais.

5 000 kilomètres de spéciales – dont 60 % de portions inédites – 72 nationalités au départ, 12 étapes, 14 jours de course, 778 concurrents, 434 véhicules dont 137 motards… Voilà pour les chiffres ahurissants du Dakar 2024 qui s’élancera le 5 janvier prochain de la ville d’Al-’Ula en Arabie saoudite, terre d’élection de l’épreuve phare du rallye-raid mondial. S’il donne le tournis à la plupart des bipèdes, ce grand classique de la discipline opère chez les amateurs de sports mécaniques, une fascination qui ne se dément pas. Sur la ligne de départ cette année au guidon de sa moto, le Millavois Vincent Biau est de ceux-là.

Avec son dossard 141, le jeune homme de 36 ans étrennera cette année son premier Dakar. Non sans une dose d’appréhension que la passion qui l’anime – souvent un guidon entre les mains – efface très rapidement.

Né dans une famille de restaurateurs – le papa a longtemps officié derrière le zinc du Mirador, rue de la Capelle à Millau – Vincent n’a pas tardé à troquer son vélo pour une moto. Il avait quatre ans.

Bénévole pour ASO

"Je ne sais pas pourquoi mon père m’a initié à la moto. Lui-même n’était pas motard. Il vient tout juste de passer son permis", plaisante le trentenaire. C’est pourtant son père qui l’emmène au moto club de Saint-Affrique, le fief de Richard Sainct, "l’idole locale qu’on regardait à la télévision dès le premier jour du Dakar" qui décédera malheureusement un 29 septembre (2004 en Égypte NDLR), jour de l’anniversaire du Millavois.

À 18 ans, permis en poche, notre jeune baroudeur consacre son temps libre aux voyages. Avec son maxitrail BMW, il avale seul les pistes de Tunisie, du Maroc, de la Mauritanie, du Sénégal. "J’ai aussi fait pas mal de pays d’Europe de l’Est", rembobine celui chez qui l’envie d’ailleurs le tient d’abord éloigné de la compétition.

Avant que cette soif de victoire finisse par le gagner à l’occasion de son tout premier rallye-raid. Nous sommes en 2012, Vincent Biau s’élance sur l’Intercontinental Rally entre Almeria et Dakar avec une GS Adventure. "Piqué", il ne cessera plus, s’offrant une course tous les ans avec dans un coin de sa tête, son Everest à lui : le Dakar ! Bénévole sur l’épreuve reine pour Amaury sport organisation (ASO) depuis quatre éditions, le pilote millavois échange cette année son chronomètre pour une bête de course de 450 CV. "J’avais toujours ça en tête mais j’avais peur de me lancer, peur d’échouer pour rassembler le budget nécessaire, peur de ne pas trouver les gens qui pourraient m’accompagner dans cette aventure."

"Gipsy de la moto"

C’est aujourd’hui chose faite, l’Aveyronnais ayant dans un premier temps réussi à valider sa participation grâce à sa récente victoire sur le Abu Dhabi desert challenge en catégorie malle-moto (sans assistance) et à rassembler ensuite les 18 000 euros nécessaires à l’inscription.

Pour le reste, lui qui se considère comme un "gipsy de la moto" fera comme à son habitude avec son plan d’épargne – qui se déplume sérieusement au fil de ses pérégrinations – sa science de la navigation, les honoraires qu’ils tirent de son école de pilotage Petokask et d’un talent certain pour le système D et la débrouille. Tous les ingrédients en somme du véritable pilote Dakar dans cette catégorie singulière, qui assure lui-même sa mécanique et affronte seul le désert avec une malle de 80 litres chargée à ras bord.

"C’est pour résumer, la catégorie des pilotes qui n’ont pas d’oseille", s’amuse Biau qui apprécie néanmoins le respect que la plupart des autres concurrents éprouvent à l’égard de cette caste un peu à part. "Ils savent qu’on ne va pas se faire masser en arrivant (rires) Mais quand on fait appel à eux pour une panne, ils sont là. C’est appréciable." Cette solidarité qui aussi fait la marque de fabrique de la catégorie sans assistance. 30 pilotes comme Vincent Biau venu se frotter à ce monstre du rallye-raid en quête d’absolu de l’ascèse, de "la quintessence même" de la discipline.

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