Procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne : "Je voudrais dire mon soutien total aux familles des victimes", les accusés passent à la barre, l'essentiel de la neuvième journée de procès

Publié le , mis à jour

Des accusés se sont exprimés à la barre pour la première fois depuis le début du procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne, jeudi 1er février 2024.

Un "père de substitution" ?

Le portrait a été fait d'un témoin anonymisé, que le terroriste Radouane Lakdim considérait un temps comme un père de substitution, lors du neuvième jour du procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne, jeudi 1er février 2024.

Un portrait dressé par le chef de la section judiciaire de la DGSI en charge du dossier, rapportent nos confrères de L'Indépendant. D'après lui, le témoin s'investissait dans la vie associative et notamment dans l'accueil des gens du voyage. Il connaissait Radouane Lakdim depuis plusieurs années, mais dit ne pas partager sa vision. Une vision qui aurait changé en 2017, le terroriste a été décrit dès lors comme "parano". 

"Le témoin explique que l'idée était de permettre à Lakdim d'intégrer l'AFPA pour faire une formation de plombier. Il a souvent tenté de l'aider mais Lakdim n'a pas donné suite. Le témoin était considéré comme père de substitution par Radouane Lakdim qui n'entretenait pas de bonnes relations avec le sien". 

Lors d'une perquisition chez le témoin en 2018, des armes détenues officiellement avec des autorisations ont été découvertes, avec 200 cartouches de calibres différents. Il avait fait partie de l'armée dans le 3e RPMIa. Le témoin a nié avoir fourni des armes à Radouane Lakdim pour des braquages.

"Si on m'avait pris au sérieux, il ne serait jamais passé à l'acte"

Ce même témoin anonymisé avait été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste, et avait finalement bénéficié d'un non-lieu. Il est rappelé lors de l'audience qu'il est un informateur de la DGSI.

"Concernant Radouane Lakdim, on m'a mis dessus en 2014 pour faire remonter à mes services supérieurs", s'est exprimé le témoin ce jeudi. "J'ai fait remonter un tas d'informations qui auraient pu éviter le passage à l'acte. Si on m'avait pris au sérieux, il ne serait jamais passé à l'acte". 

Des questions ont été soulevées lors de cette audience, notamment concernant une préconisation de levée de surveillance de Radouane Lakdim le 19 janvier 2018 par manque "d'éléments probants". Le président a mis le témoin face à des déclarations contradictoires : "Je trouve des éléments qui me font suspecter que vous ne dites pas la vérité".

Le témoin anonymisé a refusé de dévoiler quels éléments il a fait remonter ou non sur Radouane Lakdim parmi les notes qui sont parvenues à la DGSI.

Les accusés s'expriment

L'après-midi de cette neuvième journée de procès a été consacré à l'un des sept accusés, Samir Manaa, soupçonné d'avoir fourni l'arme à feu au terroriste Radouane Lakdim et de l'avoir accompagné pour l'achat du couteau utilisé lors des attentats.

Un expert psychiatrique a rappelé que Samir Manaa n'avait jamais fait de prison avant d'être incarcéré dans cette affaire, "et s'il avait su ce que Radouane Lakdim allait faire, il l'aurait dénoncé. Il a été clair sur le fait qu'il dénonçait la nature de ces faits".

L'accusé s'est exprimé à la barre : "Je suis incarcéré depuis fin 2018. C'est compliqué d'être impliqué dans une affaire de terrorisme que je condamne totalement. Heureusement que j'ai ma famille. J'ai fait un gros travail sur moi-même. Je voudrais dire mon soutien total aux familles des victimes, je tenais à le dire car je n'en ai pas encore eu l'occasion".

Au tour du frère de Samir Manaa

Un portrait de Sofiane Manaa a ensuite été dressé par l'expert psychiatrique. "Pas de traumatisme majeur, équilibré. Pas de trouble d'ordre psychologique. Il ne reconnaît pas la participation aux faits". Sofiane Manaa est le frère de Samir, entendu plus tôt dans la journée. Il est sur le banc des accusés car des armes et des munitions ont été retrouvées chez lui. Il clame qu'elles ont été introduites chez lui par son frère.

L'expert a parlé d'une "famille très soudée. Son père s'est impliqué dans son rôle, il les a incités à faire du sport. Samir Manaa est serviable et travailleur. Il ressort également qu'il est un peu immature". 

Sofiane Manaa a dit ne pas vouloir être associé aux actes de Radouane Lakdim, déclarant plus tôt que dans la famille, "on n'est pas ancré dans la religion. C'est culturel mais pas religieux".

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