Procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne : "Elle était folle amoureuse" du terroriste, la personnalité d'une accusée passée au crible

Publié le , mis à jour

L'ancienne petite amie du terroriste, Marine Pequignot, était au cours de ce 16e jour de procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne, lundi 12 février 2024.

L'ex-petite amie du terroriste dit s'être radicalisée toute seule

La quatrième semaine de procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne s'ouvre sur la personnalité de Marine Pequignot, l'une des sept accusés, et petite amie du terroriste Radouane Lakdim. Elle l’aurait rencontré en 2014, quand elle avait 14 ans, alors que le terroriste en avait 22.

La jeune femme a grandi dans une famille athée, mais s'est intéressée au christianisme avant de devenir témoin de Jehova. Marine Pequignot s'est ensuite convertie à l'islam sous l'influence de Radouane Lakdim, a détaillé une enquêtrice à la barre, comme le rapportent nos confrères de l'Indépendant présents au procès. Marine se serait renseignée seule concernant l'islam, à travers les réseaux sociaux principalement. 

Le couple se voyait de moins en moins à partir de 2016, alors que Radouane Lakdim commençait à se radicaliser. Selon une psychologue venue témoigner, Marine aurait dit ne plus avoir vu Radouane depuis février 2018, soit un mois avant les attentats. "Je n'étais pas au courant. Au moment des faits, j'aurais pu être avec lui mais je n'aurais jamais tiré", a-t-elle confié à la psychologue. "Elle a eu une réaction en évoquant les armes. Elle en avait peur".

Un processus de déradicalisation ?

Marine Pequignot a été placée en détention provisoire du 27 mars 2018 au 1er juillet 2020. Les experts disent qu'elle aurait mûri depuis son incarcération, notamment via un processus de déradicalisation. "Psychologiquement, il n'y avait pas de volonté d'adhérer à cette idéologie. C'était de la fascination, elle s'y est plongée sans comprendre les causes profondes".

À la question de la cour, demandant si Marine pouvait vraiment se déradicaliser, la psychologue a estimé : "Elle est extrêmement difficile, la déradicalisation passait par le fait de retrouver un ancrage familial quand c'est possible et que la famille est suffisamment solide. Et c'est ce qui est arrivé pour elle".

Durant sa détention, Marine aurait dénoncé deux filles dont elle a surpris la conversation et qui étaient susceptibles de préparer un attentat.

Ce que révèle l'enquête sur Marine Pequignot

Un enquêteur de la SDAT a détaillé, en visioconférence, les résultats des investigations concernant Marine Pequignot. Révélant ainsi que la jeune fille est fichée S depuis le 21 mars 2017, notamment en raison de ses propos radicaux sur les réseaux sociaux. Elle aurait cautionné les attentats en France.

Elle lisait le Coran, et elle portait le voile quand elle était dans sa chambre. Une proche de Marine disait qu'elle voulait rejoindre la Syrie, un autre témoin dit qu'elle voulait être "plus musulmane que les musulmans".

Le jour de son interpellation, Marine a crié à trois reprises "Allah Akbar". Les enquêteurs ont retrouvé des vidéos, sur une carte SD d'un téléphone, où l'on voyait des interviews d'un jihadiste français... mais aussi des images des frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly, le terroriste de l'Hypercacher. Tout un tas de vidéos de tortures et de propagande de l'Etat islamique ont été découvertes. Marine Pequignot aurait échangé avec un soldat de l'EI se trouvant en Syrie, mais aurait eu peur de "partir seule". 

Selon l'enquêteur, le jour des attentats de Trèbes et de Carcassonne, Marine aurait été capable d'accompagner le terroriste "sans tirer sur les gens, à part sur le policier qui a tiré sur Radouane Lakdim".

Marine dit ne pas avoir vu Radouane depuis février 2018, mais elle aurait reçu des rappels à la prière du terroriste tôt le matin des attentats. Plusieurs contacts étaient concernés. Marine a été interpellée le jour même par les forces de l'ordre en raison de sa proximité avec le terroriste.

"Elle était folle amoureuse", disent les amis de Marine

"Elle était amoureuse de lui", a déclaré une amie de l'accusée à la barre. "Pour elle, il était amoureux d'elle aussi". Un autre ami, qui dit connaître Marine depuis qu'elle est petite car leurs parents se connaissent, estime que la radicalisation de la jeune femme venait du terroriste. "Je pense qu'elle a fait ça pour pouvoir lui plaire. Elle était très amoureuse de lui".

"Elle s'est donné un rôle pour lui plaire. Oui elle a mis des photos de prière sur les réseaux sociaux mais j'ai jamais vu de textes choquants sur son compte", ajoute le témoin. Il parlait rarement avec elle de sa relation avec le terroriste. "Ils se voyaient quand il le décidait. Elle ne m'en a pas parlé car elle savait que je n'étais pas d'accord avec ces choses-là".

Un troisième témoin, une amie de Marine à nouveau, confirme qu'elle était "folle amoureuse" de Radouane Lakdim. Elle déclare qu'elle a "longtemps détesté Marine" après les attentats. " Aujourd'hui, je la déteste encore".

Le père de l'accusée s'exprime

Le père de Marine a déclaré à la barre qu'il n'avait jamais vu Radouane Lakdim. Et qu'il ne savait pas que sa fille s'était convertie à l'islam. "Je savais qu'elle avait le Coran comme j'ai la Bible". 

Le père déclare qu'il n'a été mis au courant de tout qu'après les attentats. Il a avoué que les attentats et la détention de Marine avaient été une épreuve difficile pour la famille. Le père de Marine a présenté ses condoléances aux familles des victimes.

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