Procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne : les frères Manaa toujours au coeur de l'attention, retour sur ce 11e jour de procès

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Centre Presse Aveyron

La troisième semaine du procès des attentats de Trèbes et Carcassonne s'est ouverte, ce lundi 5 février 2024. Que retenir de ce onzième jour d'audience ?

Onzième jour du procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne, ce lundi 5 février 2024. La troisième semaine démarre comme la deuxième s'était conclue : avec les frères Manaa.

Deux accusés

Pour rappel, Samir Manaa est accusé d'association de malfaiteur terroriste. Son frère, Sofiane, est jugé pour le délit connexe de "détention illégale d'armes de catégories B et C. Le premier des deux a accompagné Radouane Lakdim pour acheter un couteau, arme qui a servi à tuer Arnaud Beltrame le 23 février 2018.

Rencontre en 2013

Dans une audience rapportée par nos confrères de l'Indépendant, Samir Manaa raconte qu'il rencontre le terroriste en 2013. "Mais on ne se fréquentait pas. On a commencé à se voir vers 2016-2017. On sortait en boîte de nuit, un peu partout." Durant la matinée de ce lundi, il a notamment reconnu avoir "accompagné Radouane au magasin et avoir détenu des armes, mais je n'avais aucune connaissance qu'il allait commettre ces faits", tout en admettant également qu'il faisait lui-même "un peu de business illégal, mais de mon côté, tout seul".

"S'il était venu, il n'aurait pas fait ce qu'il a fait"

Temps fort de ce lundi matin : Samir Manaa explique que le terroriste avait voulu faire un pèlerinage à la Mecque avec d'autres garçons du quartier. "Mais il n'a pas pu y aller à cause d'un problème administratif. S'il était venu, il n'aurait pas fait ce qu'il a fait", a-t-il déclaré, rapportant des échanges avec Radouane Lakdim, qui lui disait "qu'il fallait faire la prière. Mais ça m'intéressait pas". 

Le président demande alors à l'accusé d'expliquer les pleurs lorsqu'il apprend que Radouane Lakdim est peut-être impliqué dans les attentats. "Je pleure d'incompréhension, je me dis que c'est pas possible que ce soit lui. J'ai pensé à lui parce qu'au début, on croyait que c'était une prise d'otage. J'ai pensé à lui pour un vol mais pas pour un attentat terroriste.

Et à Samir Manaa d'assurer qu'il "condamne fermement ces choses-là. Je pouvais me douter qu'il avait une arme, mais je l'ai jamais vu avec une arme de poing. À part l'achat du couteau, je lui ai jamais apporté aucune aide. On n'a jamais fait de business, il m'a jamais parlé de sa radicalisation". 

Ahmed Arfaoui, Reda El Yaakoubi...

Toujours ce lundi matin, Samir Manaa parle d'Ahmed Arfaoui, beau-frère de Radouane Lakdim. Ce 23 mars 2018, il arrive "en panique, presque en dérapant avec sa voiture. Il rentre dans le bloc et il ressort avec un sac. Je sais pas ce qu'il y avait dedans, la rumeur disait des armes. Je ne sais pas ce qu'il a pris, mais je suis sûr qu'il est venu, c'est la vérité. Après, il est revenu chercher sa belle-mère".

Mais il parle aussi d'un certain Reda El Yaakoubi. C'est celui qui, selon lui, a demandé que des armes soient gardées au domicile de son frère Sofiane. "Quand un grand demande quelque chose, on le fait", a-t-il répliqué au président, expliquant que "quand Reda m'a dit 'c'est ce qu'il voulait', j'étais choqué. C'est une phrase que j'ai toujours en tête aujourd'hui".

Samir Manaa interrogé

De nombreuses questions ont été posées à Samir Manaa. Savait-il que Radouane Lakdim était fiché S ? "Je n'étais pas au courant", a répondu l'accusé. Lorsque Aurélie Valente, l'avocate générale, rappelle qu'il a "constaté des comportements violents" chez Radouane Lakdim mais qu'il l'a tout de même "accompagné acheter un couteau", Samir Manaa assure que "rien ne me laissait penser ça"

Interrogé sur une publication où figurait la phrase "on ne t'oubliera pas", il dit la "regretter". Et à l'accusé de poursuivre : "bien sûr qu'on a subi des pressions, des menaces. On m'a dit de fermer ma gueule, de pas parler de Reda et Ahmed". Au sujet de Radouane Lakdim, Samir Manaa assure que "ceux qui disent qu'il était radicalisé le connaissaient mieux que moi". 

Lakdim était-il l'homme à tout faire de Reda El Yaakoubi ? "Exactement", a répondu l'accusé qui, au moment de parler d'Ahmed Arfaoui et son lien avec la religion, dit que "ça l'intéresse pas ". Samir Manaa répète qu'il pleure parce qu'il ne comprend "pas que quelqu'un du quartier fasse ça. Et puis pour les victimes. Quand je l'ai accompagné acheter le couteau, je n'avais aucune idée de ce qu'il allait faire. Je ne veux pas être responsable ou coupable".

Un procès "assez triste" selon Sofiane Manaa

Appelé à la barre peu après 20 heures, Sofiane Manaa, le frère de Samir, a d'abord dit de ce procès qu'il le trouvait "assez triste pour les gens que je connais. Pour moi, ni Reda, ni Ahmed, ni Samir n'étaient au courant. On fait une confusion avec le trafic et le terrorisme, et je pense que ça n'a rien à voir". 

Il assure aussi ne jamais l'avoir "senti agressif. Il était poli, gentil. Il faut savoir ça. Il avait un islam radical mais il y avait pas un soupçon de violence en lui. Quand on voit la vidéo on reconnaît pas la personne". Mais il certifie qu'il n'est "jamais allé nulle part avec lui".

La question de ce fameux sac

Au moment de raconter son 23 mars 2018, Sofiane Manaa déclare rentrer dans son quartier après avoir lavé sa voiture. "Il se passe quelque chose. Après, j'ai vu Nassima Lakdim arriver en panique en criant il est où mon frère. Ensuite, je vois Ahmed arriver à toute vitesse et il repart. Mais j'ai pas vu s'il avait un sac".

Après avoir confirmé avoir vu Ahmed Arfaoui venir deux fois, le frère de Samir répète qu'il n'a "pas vu de sac". Ce fameux contenant, il l'a retrouvé chez lui. "Il y a une chambre qui servait de débarras. Un jour, j'ai voulu ranger, j'ai trouvé le sac avec les armes". A ce moment-là, il appelle son frère et lui demande de venir retirer ce même sac. "Le lendemain, il n'était plus là, donc je me suis dit c'est bon". 

"Il s'est servi de mon frère"

Selon Sofiane Manaa, le terroriste "s'est servi de mon frère. J'ai l'impression qu'il adaptait son discours à celui qu'il avait en face de lui". Et alors que quatre traces papillaires sont retrouvées sur les armes, il répond : "je voulais vérifier si elles étaient chargées, et enlever les balles". 

Avant que l'audience ne soit suspendue à 21 heures 30, le frère de Samir le répète : "Lakdim aurait pu être aidé par des personnes qui voulaient son passage à l'acte, et qui ne sont pas là aujourd'hui. Et ça, ça m'embête profondément. Je ne vois pas comment on va rendre hommage aux victimes comme ça".

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