Peine de mort en France : quand l’Aveyron faisait tomber les têtes, retour sur cette période où la guillotine sévissait

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  • Anatole Deibler, "bourreau national", immortalisé avant l’une de ses prestations à Rodez en 1910.
    Anatole Deibler, "bourreau national", immortalisé avant l’une de ses prestations à Rodez en 1910. Collection - Images Carto club 12
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Alors que Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort, vient de disparaître, retour avec l'historien ruthénois Jean-Michel Cosson sur cette période où la guillotiune sévissait dans l'Aveyron.
 

Au gré des lieux et des époques, elle a connu plusieurs surnoms : la Veuve Rasibus, l’Abbaye monte-à-regret, la Bascule à Charlot, le Rasoir national, la Machine à raccourcir ou encore la Fin de la soupe… De celles et ceux qui lui étaient promis, on disait alors qu’ils allaient "épouser la Veuve".

1792, date de la première exécution publique

Dans l’Aveyron, la guillotine est entrée en service en 1792, date de la première exécution publique, mais l’engin était arrivé l’année précédente. Elle dispose de son bourreau attitré, qui résidait rue de la Bullière, à Rodez. Sa première victime est un jeune homme originaire de Luc, condamné pour avoir refusé la conscription, guillotiné sur la place du Bourg le 31 mars 1793. Il sera le premier sur la liste des 66 personnes guillotinées dans l’Aveyron, jusqu’en 1935.

Jusqu’à 20 000 personnes pour assister aux exécutions

Soixante-six victimes sur un total de 171 personnes officiellement condamnées à mort, 128 hommes et 43 femmes. Pierre-Victor Rives, décédé en 1853, a été le dernier bourreau de l’Aveyron, entré en fonction en 1828. Il est remplacé en 1871 par un bourreau unique, appelé à intervenir aux quatre coins du pays et qui se déplaçait avec sa guillotine. Le plus célèbre d’entre eux s’appelait Anatole Deibler.

Philippe Maurice, ici sur le plateau de Thierry Ardisson, à sa sortie de détention en 2000.
Philippe Maurice, ici sur le plateau de Thierry Ardisson, à sa sortie de détention en 2000. Collection - Images Carto club 12

"Pendant la Révolution, les exécutions se déroulaient sur la place du Bourg, à Rodez", explique Jean-Michel Cosson, historien et auteur de plusieurs ouvrages abordant la question de la peine capitale en Aveyron. Les journaux de l’époque rapportent que les exécutions publiques pouvaient attirer jusqu’à 20 000 personnes.

Certaines mises à mort avaient lieu sur la place d'Armes

"C’étaient des spectacles particulièrement suivis. Du fait que les exécutions avaient lieu au petit matin, les gens qui arrivaient la veille, pour être bien placés, et certains faisaient le déplacement depuis les départements limitrophes", rapporte Jean-Michel Cosson. Un système de "coupe-file" permet cependant aux dignitaires locaux de se placer à proximité de la guillotine.

Certaines mises à mort ont lieu sur la place d’Armes et, plus rarement, sur les lieux où le crime a été commis. Ce fut le cas pour Marie Frisquette, en 1840. Détenue à Rodez pour avoir tué son mari avant de tenter de s’enfuir avec son amant, elle a été conduite en charrette jusqu’à Laguiole et exécutée sur la place du village en présence, là aussi, de près de 20 000 personnes.

Deux exécutions au XXe siècle dans l’Aveyron

Parmi les condamnés à mort ayant été exécutés, plusieurs sont coupables de crimes qui avaient à l’époque défrayé la chronique. Comme Marie-Jeanne Nayrolles, née à Cabrespines, condamnée à mort en 1843 et qui fut la dernière femme guillotinée en Aveyron. Elle avait étranglé sa belle-sœur parce qu’elle avait rédigé un testament en faveur de son seul époux. Elle a été exécutée le 18 août 1843 à Rodez.

L'histoire de Jean Théry et Marie-Jeanne Nayrolles

Le XXe siècle ne connaîtra que deux exécutions. La première a lieu en 1910, dans le square attenant au palais de justice, et concerne Jean Théry. Mineur à Gages, il est condamné pour avoir étranglé Adrienne Pons, une étudiante de 16 ans, dans le bois de Canabols. La dernière utilisation de la guillotine dans l’Aveyron date du 4 vril 1936 et a lieu dans l’impasse des Capucins, à proximité immédiate de la prison. Henri Bourdon y sera exécuté pour avoir assassiné la fille du fermier qui l’employait, une vengeance selon lui pour les conditions sordides dans lesquelles il était hébergé et traité.

Anatole Deibler, célèbre "bourreau"

C’est le célèbre Anatole Deibler qui le fera passer de vie à trépas sur une guillotine arrivée la veille par le train en gare de Rodez, en pièces détachées, acheminée en charrette sur les lieux de l’exécution puis remontée par Deibler et ses assistants.

Dans le même temps, huit condamnés à mort échapperont à la peine capitale. "Dont le plus célèbre d’entre eux, Auguste Boudou, qui avoue en 1952 avoir commis un triple homicide dans la région d’Espalion", retrace Jean-Michel Cosson. Surnommé l’assassin au bigos (une fourche à trois dents), Auguste Boudou finira sa vie en prison.

Une fois mis à mort, les condamnés ont longtemps trouvé place dans l’ancien cimetière du Sacré-Cœur dans le carré des condamnés, qui leur était réservé.

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