Assurance-chômage : "Ça n’est pas possible que le travail paye moins que l’assistanat" : à quelles annonces faut-il s’attendre ce mercredi 27 mars ?

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  • Gabriel Attal veut multiplier les contrôles des bénéficiaires.
    Gabriel Attal veut multiplier les contrôles des bénéficiaires. MaxPPP
Publié le , mis à jour
Christelle Bertrand

Le Premier ministre devrait donner un sérieux tour de vis, animée par l’idée que le travail ne peut être moins rémunérateur que l’aide sociale. Il jouerait à la fois sur les bénéficiaires et la durée.

"Je ne céderai rien aux fainéants, aux cyniques et aux extrêmes…"
En 2017, par une petite phrase qui lui sera longtemps reprochée, Emmanuel Macron faisait de la valeur travail l’un de ses fondamentaux. Depuis son arrivée à Matignon, Gabriel Attal a repris à son compte ce totem. Aux côtés de l’école et de la santé, le travail est devenu sa priorité.

"Il pense que ça n’est pas possible que le travail paye moins que l’assistanat. C’est pour ça que nous allons avancer sur l’assurance-chômage", nous assurait la semaine dernière son entourage. Les annonces sont attendues ce mercredi 27 mars et le tour de vis devrait être important.
Durée d’indemnisation, éligibilité, contrôles…

Le gouvernement envisage de baisser la durée d’indemnisation, c’est-à-dire le temps durant lequel on peut être indemnisé au chômage. Cette période est déjà passée de vingt-quatre à dix-huit mois, mais on peut encore réduire, disait le Premier ministre il y a quelques semaines. L’exécutif regarde aussi de près la durée d’éligibilité, c’est-à-dire le temps qu’il faut avoir travaillé pour pouvoir être indemnisé.

Une autre piste se dégage : le renforcement des contrôles des personnes inscrites à France Travail, le nouveau nom de Pôle emploi. 600 000 contrôles ont été réalisés en 2023 et 500 000 en 2022. Le gouvernement veut encore augmenter la cadence. "Je fixe un objectif : que nous multiplions par trois les contrôles annuels d’ici la fin du quinquennat", a prévenu Gabriel Attal. Soit 1,5 million en 2027, avec une attention particulière pour les secteurs en tension.

Le plein-emploi d’ici la fin du quinquennat ?

Gabriel Attal organise ce mercredi 27 mars à Matignon un grand séminaire autour du travail, histoire de recueillir les idées de ses ministres sur le sujet et de leur rappeler l’objectif : être au plein-emploi d’ici la fin du quinquennat, soit autour de 5 % de chômage contre 7,4 % aujourd’hui. "Or, avec un chômage en baisse, il faut aller chercher ceux qui sont très éloignés de l’emploi", expliquait la semaine dernière un député Renaissance proche de l’Élysée. Lequel planche sur une réforme qui permettrait aux décrocheurs scolaires d’intégrer certaines filières professionnelles sans avoir à passer d’examen.

"De telles mesures nous permettent de reprendre notre récit sur la lutte contre l’assignation à résidence, expliquait cet élu, qui ajoutait : Le plein-emploi, ça n’est pas seulement une statistique, c’est un changement de société. Ça veut dire que l’on n’a plus peur pour l’avenir de nos enfants. Cela peut même amener les gens à changer de comportement en termes de natalité. Et puis, la baisse du chômage permet aux syndicats de négocier en position de force. »

Macron veut mettre les bouchées doubles

C’est une façon pour la majorité de déminer le terrain, car les critiques commencent à poindre. Certains accusent le gouvernement de s’en prendre aux chômeurs dans le seul but de combler le définit budgétaire. "Le climat social est plutôt apaisé dans les entreprises privées. Attention, donc, à ne pas ajouter aux tensions que le pays traverse : il faut savoir à quel rythme et jusqu’où on veut avancer en matière d’évolution du droit social", déclarait le président du Medef, Patrick Martin, dans Les Échos.

Mais l’exécutif devrait rester sourd à ces mises en garde.

Emmanuel Macron estime que 2024 est la dernière année utile de son quinquennat, il entend donc mettre les bouchées doubles. Or il plaide depuis 2014 pour une réforme de l’assurance-chômage. À l’époque, alors jeune ministre de l’Économie, il s’était opposé à la ministre de la Santé Marisol Touraine pour qui travaillait un certain Gabriel Attal.

Pour le retour des seniors à l’emploi

L’emploi des seniors risque de s’imposer comme le chantier de taille. Seulement un tiers des personnes de 60 à 64 ans occupent un emploi, en France, La ministre du Travail souhaite porter ce taux à plus de 60 % d’ici trois ans. D’ici 2030, la France va faire face à un véritable déséquilibre démographique : les baby boomers seront majoritairement à la retraite. De quoi pousser les partenaires sociaux à entrer dans la négociation avec l’exécutif.

Plusieurs options sont déjà sur la table, dont la création d’un index seniors dans les entreprises. Il s’agit pour chaque structure de plus de 300 salariés de publier un document permettant de mesurer l’implication des entreprises dans la formation, le maintien et le recrutement des salariés seniors. Une autre mesure, portée par le Sénat, propose entre autres de créer un CDI senior, assorti d’une baisse de charges pour les employeurs. Le gouvernement suggère, lui, de réduire les droits au chômage des seniors.

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Les commentaires (3)
Milsabords Il y a 30 jours Le 27/03/2024 à 15:17

Sûr que pour se retrouver millionnaires certains ministres ont dû beaucoup, beaucoup travailler ...

Palourde Il y a 30 jours Le 27/03/2024 à 11:10

La dictature en marche , nous sommes pas loin de la Corée du nord

Milsabords Il y a 30 jours Le 27/03/2024 à 15:26

C'est beau de légiférer sur des choses qui ne vous concernent pas. Pour eux le terme chômage ne signifie rien vu que quand ils quittent leur job de ministre, ils sont rapidement recasés soit en retrouvant leur mandat de député, soit dans l'administration, voire en pantouflant dans le privé en attendant des jours meilleurs...