Faut-il sauver l'Era ?

  • 2012: l’Era devient champion de France avec ses «anciens glorieux et ses «jeunes talents à polir». Et sans oublier ses racines.
    2012: l’Era devient champion de France avec ses «anciens glorieux et ses «jeunes talents à polir». Et sans oublier ses racines. AP
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Depuis 2013, le président Jean-Michel Goubert et le club ruthénois tirent la sonnette d’alarme: sans une aide des collectivités à la hauteur des résultats, aussi bien nationaux qu’internationaux, l’Era est menacé. Faut-il sauver l'Era ?

L’état de fait n’est pas nouveau. Depuis 2013, le président Jean-Michel Goubert et le club ruthénois tirent la sonnette d’alarme: sans une aide des collectivités à la hauteur des résultats, aussi bien nationaux qu’internationaux, l’Era est menacé. Aujourd’hui, l’ampleur de cette menace n’a jamais été aussi importante. Mais la municipalité, l’Agglo et le conseil général doivent-ils mettre encore la main à la poche pour aider un nouveau club dans la difficulté, après notamment le Stade Rodez Aveyron (rugby) ou le Raf (football) ? La question est ouverte et divise même la rédaction des sports de Centre Presse. La preuve.

  • OUI (par Maxime Raynaud)

L’heure serait donc grave. À entendre les dirigeants de l’Era, son président Jean-Michel Goubert en tête, il est aujourd’hui question de survie. Une survie qui tiendrait, selon le club, à une aide exceptionnelle de 15000, déjà allouée il y a deux saisons par l’Agglo, et au passage de la grille de subvention «événementiel» à celle des sports collectifs. "Si rien ne change, ce sera plus que compliqué et un entraîneur pourrait même se retrouver licencié", prévient, grave, le patron de l’Era. La situation du club deux fois champion de France (2012, 2014) au plus haut niveau et deux fois représentant de l’Hexagone en coupe d’Europe (2013, 2015), est en ce point préoccupante qu’elle pose de nombreuses questions, aussi bien humaines que sportives.

Choisir de ne pas aider cette structure de plus de 130 licenciés reviendrait-il à décréter que certains sports sont plus importants que d’autres dans la préfecture ? Évidemment, il est facile, et même tentant, de répondre par le seul prisme de l’affluence. L’escrime ne séduit évidemment pas le public autant que les sports collectifs, certes. Mais un sport aveyronnais a-t-il déjà porté aussi loin le nom de Rodez, et même du département ?

Se priver du possible homme de Rio ?

Daniel Jérent, son tireur vedette, pourrait être demain, en 2016, sélectionné pour les JO de Rio. Et cela n’est que la partie émergée de l’iceberg. Car les escrimeurs ruthénois, filles ou garçons, enfilent aujourd’hui les sélections en équipe de France et les titres comme des perles, faisant de l’Era l’un des deux meilleurs clubs français avec Levallois. Mais se serait-on habitué à l’excellence? Peut-être. Jean-Michel Goubert s’interroge: "Est-ce que l’on gêne? A-t-on un niveau qui dérange? Je ne sais pas mais nos sportifs, auxquels on ne verse plus de primes, qui se payent les déplacements, sont clairement défavorisés. Il y a injustice."

D’autant plus qu’il serait bon de ne pas oublier qu’avant d’être des champions mondialement reconnus, ces tireurs et tireuses ont été élevés au grain du club, et de surcroît dans une salle d’armes indigne de leur niveau. Ils ne sont peut-être pas Aveyronnais pour la plupart mais portent sur eux le sceau de la formation de l’Era, devenue aujourd’hui un label national et international. "Oui mais pour gagner, ils font appel à des Jeannet, Novosjolov", entend-on ici et là. Bref, des «mercenaires». Avec 12 nationalités dans son effectif, le SRA (rugby) est-il taxé de la même étiquette injuste ? 

  • NON (par Mathieu  Roualdés)

Sauver l’Escrime Rodez Aveyron ? Bien entendu ! On ne tire pas sur une ambulance, c’est bien connu. Mais entendre le club cher au président Jean-Michel Goubert et surtout au maître d’armes Bruno Gares «pleurer» -excusez du terme...- auprès des collectivités, cela irrite. C’était déjà le cas la saison dernière. Une subvention exceptionnelle leur avait alors été allouée. Alléluia. Cette fois, rebelote. L’Era souhaite un nouveau coup de pouce. Donc, le terme «exceptionnel» n’a plus lieu d’être. Ça, c’est pour la forme.Pour le fond, est-ce bien raisonnable et surtout viable de compter sur les collectivités pour vivre ?

En ces temps, cela relève davantage d’un comportement suicidaire. Les dirigeants de l’escrime l’avaient d’ailleurs très bien relevé et s’étaient, pour certains, élevés publiquement contre la subvention exceptionnelle demandée par le club de rugby de Rodez il y a trois ans. Depuis, de l’eau a semble-t-il coulé sous les ponts... Entre-temps, le SRA s’est sorti d’affaire. Non pas grâce à la subvention exceptionnelle, refusée à l’époque par l’Agglo, mais grâce à un mécénat fort (campagne de dons, «club entreprise» créé à Paris, etc) et à un événementiel de circonstance (repas, quines, soirées, etc) notamment. N’est-ce pas une voie à suivre pour l’Escrime Rodez Aveyron ? Les 15000 recherchés ne semblent pas être une somme insurmontable. 

Quand on attire 150 personnes...

Pourtant, Jean-Michel Goubert, président de l’Era, continue de crier à "l’injustice". Son club serait "défavorisé" face à d’autres. On peut l’entendre car, en effet, Rodez et ses tireurs sont au top mondial. Mais, le président de l’Era n’est pas sans savoir qu’une subvention exceptionnelle est attribuée par l’Agglomération sur un critère d’attractivité, d’aura pour le territoire. Et c’est bien là où le bât blesse! L’escrime n’a jamais touché les Ruthénois. À chaque fois, il n’a attiré qu’une poignée de spectateurs lors de ses assauts à domicile. Ils n’étaient que 150 (en comptant politiques, dirigeants et autres invités), lors de la dernière rencontre à l’Amphithéâtre. C’est une triste réalité... Aujourd’hui, le rugby, le football, le basket ou encore le handball ne sont certainement pas en coupe d’Europe et n’y seront certainement jamais mais ils ont le mérite de faire vivre et vibrer Rodez. L’escrime en est encore bien loin. Injuste peut-être mais bel et bien réel. 

Faut-il sauver l’Escrime Rodez Aveyron ?

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