Docteur Hélou : « Une année noire pour la maternité de Decazeville »

Chef de service à la maternité du centre hospitalier de Decazeville, le docteur Philippe Hélou ne mâche pas ses mots : "2015 restera comme une année noire pour la maternité." Cette affirmation est bien sûr à rapprocher du nombre des naissances enregistrées dans l’établissement lors des douze derniers mois : 265. En 2014, 299 bébés avaient vu le jour à Decazeville. Avec 34 naissances en moins sur une seule année, le Docteur Hélou va jusqu’à évoquer "un niveau historiquement bas jamais atteint depuis plus de 20 ans. C’est un chiffre vraiment très mauvais, il ne faut pas se le cacher", poursuit le gynécoloque-obstétricien.

"D’autant plus que tout a été fait pour qu’il en soit autrement, avec notamment le recrutement d’un gynécologue à temps plein sur la maternité. Et le plus grave est que l’on a remarqué que des patientes d’ici sont allées accoucher ailleurs, ou en ont émis le souhait. Pourquoi? On ne sait pas."

"La maternité a perdu de son aura"

Philippe Hélou évoque dès lors une "situation inquiétante" et écarte d’un revers de main "l’excuse de l’érosion démographique". "Arrêtons de nous cacher derrière ce phénomène, s’énerve-il presque. La maternité de Decazeville jouissait jusqu’alors d’une excellente réputation, d’une excellente image, d’une excellente notoriété. Mais il semble que ce ne soit plus cas. Elle a incontestablement perdu de son aura. Il faut impérativement se demander pourquoi et faire en sorte que les choses s’inversent à nouveau, mais dans le bon sens."

Alors certes, cette baisse du nombre des accouchements à la maternité de Decazeville peut être tempérée si l’on s’arrête sur l’activité de la plupart des services de gynécologie-obstétriques aveyronnais, qui se retrouvent tous avec des chiffres en négatif au niveau des naissances. Mais à un degré moindre cependant. En tout cas, la généralisation de la baisse des naissances en Aveyron ne rassure pas le Docteur Hélou.

"Localement, on va prendre cette chute comme une piqûre de rappel. Je pense que l’on s’est tous un peu endormi sur nos lauriers. Il faut donc à tout prix réagir, réfléchir à ce qui peut être fait pour repartir de l’avant", répète-t-il.

Nouvelles tensions en vue?

Mais de ce discours volontariste, on imagine que la tutelle, et en particulier l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARS), n’aura que faire. Grande adepte des chiffres et des statistiques, la tutelle ne devrait pas manquer de s’engouffrer dans la brèche ainsi ouverte pour pointer du doigt que, désormais, la maternité de Decazeville s’est dangereusement éloignée de la barre fatidique des 300 accouchements, celle qui, en théorie, permet le maintien d’un service. De ces 34 naissances decazevilloises en moins pourrait donc bien «naître» de nouvelles tensions dans les mois à venir.