Sécurité routière : « En Aveyron, on meurt plus sur les routes qu’ailleurs »

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    « En Aveyron, on meurt plus sur les routes qu’ailleurs »
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Recueilli par Philippe Henry

Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, souhaite désamorcer les différentes polémiques liées à la nouvelle limitation de vitesse à 80 km/h qui entre en vigueur dimanche.

Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, a réalisé une tournée des départements - sa venue ce vendredi en Aveyron a finalement été annulée - afin de rencontrer les acteurs institutionnels sur le sujet très sensible de la nouvelle limitation de vitesse à 80 km/h qui entre en vigueur dimanche. Pour tenter d’enrayer la hausse persistante de la mortalité routière et d’atteindre l’objectif de passer sous la barre des 2 000 morts en 2020 (3 693 tués en 2017), le gouvernement avait annoncé un plan de 18 mesures, en janvier dernier. Parmi elles, l’abaissement, donc, de 90 à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur les 400 000 km de routes secondaires à double sens sans séparateur central.

Pourquoi avoir entamé cette tournée des départements de France ?

On sent bien qu’il y a une forme d’incompréhension. De mécontentement, au pire. J’ai pris le temps d’écouter chacun et de répondre aux interrogations de tous. À l’issue de ces rencontres, je constate toutefois que les interlocuteurs concèdent que cette mesure peut être utile et va sauver des vies. Les autres mesures de ce plan devraient également y contribuer.

Pourtant, élus et population sont très divisés sur cette question.

Je ne suis pas ici pour faire polémique mais simplement pour en expliquer les conséquences. Cette mesure joue sur l’effet de masse. Il y aura une influence mécanique sur la diminution du nombre de morts. On freine plus vite lorsqu’on roule moins vite. L’analyse des accidents mortels en 2017 montre que la vitesse excessive ou inadaptée reste la cause principale ; vient ensuite la surconsommation d’alcool. Mais par exemple, la perte de temps sur un trajet est minime. Des journalistes l’ont expérimenté. Aussi, beaucoup pensent que les voitures vont être collées aux camions. Mais, nous nous sommes aperçus que cet effet d’accordéon a diminué sur les axes où la vitesse à 80 km/h a été expérimentée. Les distances de sécurité sont plus respectées.

Le département de l’Aveyron est particulièrement concerné par cette nouvelle limitation de vitesse.

En Aveyron, on meurt beaucoup plus sur les routes qu’ailleurs. Il y a pratiquement deux fois plus de morts, au prorata de la population hexagonale. Seulement 6 % du réseau concentrent 51 % des morts.

En clair, les belles routes sont les plus meurtrières. Et 69 % des victimes de la route se concentrent sur les routes principales.

Enfin, beaucoup d’automobilistes ont peur sur la route. Plus de 70 % d’entre eux disent conduire avec une certaine appréhension. Cette mesure permettra une conduite de chacun plus apaisée. Cela contribue à la sécurité de tous.

Pensez-vous que la mortalité sur la route peut encore diminuer ?

Il s’agit d’une mesure de rupture. Il existe encore une marge importante de progression par rapport à d’autres pays de l’Union européenne. La hausse est aujourd’hui passée. La tendance en 2017 est repartie à la baisse. Le seul but de cette réforme est de diminuer le nombre de morts. Bien évidemment, il y aura sans doute plus de contraventions au début. Mais cela ne va pas durer. Si le Premier ministre prend une mesure aussi impopulaire, c’est qu’il est vraiment convaincu de son utilité

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