Rodez : une finale gagnée et inoubliable pour les cafetiers

A leur manière, " Le Coq de la Place ", " Les Colonnes " et " La Compagnie " ont eux aussi remporté leur finale de Coupe du monde, dimanche, qu’ils ont pourtant disputée en infériorité numérique au vu des milliers de personnes réunies place d’Armes.

" Tout s’est bien passé, dans une bonne ambiance, sans débordement, et c’est ce qui est important, indique Benjamin Bergès, patron du “Coq de la Place”, qui a compté sur une quinzaine d’employés. C’était la première fois que je voyais une foule comme ça sur la place. On a fait du mieux que l’on pouvait compte tenu du monde et du temps limité pour tout prévoir. Dans ce genre de situations, tu ne fais pas ce que tu veux mais ce que tu peux. ç’a été stressant à organiser, parce qu’on voulait que tout soit bien, et, en même temps, excitant et motivant. Le pari a été gagné et les gens nous ont remerciés ; on a eu de très bons retours. " Et Hervé, l’un des serveurs, de souligner : " On avait l’esprit d’équipe, comme chez les Bleus ". " Oui, mais avec une tactique extrêmement défensive ", plaisante Benjamin Bergès.

" C'était la guerre mais vu l’événement, ça s’est bien déroulé, et quand on fait ce métier-là, on aime bien ça, déclare, amusé, Anthony Janin, directeur des “Colonnes”, qui s’est appuyé sur une équipe d’une vingtaine de personnes, contre une dizaine un dimanche normal. On avait bien préparé les choses et profité de la demi-finale pour se roder, ce qui fait qu’on n’a pas eu trop de surprises. J’avais vécu 1998 dans une brasserie près des Halles à Paris mais là, c’était sans commune mesure : 800 couverts à l’époque contre 6 000-7 000 verres là. On a eu du monde dès le matin à 11 h, des gens venus pour manger, puis on a connu un pic entre 15 h et 19 h. On a arrêté de servir vers 23 h 15 et ensuite, on a plié. En tout cas, c’était une super idée d’organiser une fan zone. Bravo à la mairie. "

" Vraie fraternité "

Cet enthousiasme, les patrons de " La Compagnie " le partagent. " C’était super de voir la place d’Armes animée, de voir quelque chose y être organisé, confient Yannick et Gwénaëlle Gilet, qui avaient une quinzaine de serveurs à leurs côtés. On a fait un service classique de restauration le midi, avec une centaine de couverts, avant de fermer l’intérieur du bar au début du match, pour ne plus servir qu’à boire et dehors. ça fait quinze ans qu’on fait ce métier-là et honnêtement, ç’a été l’un des meilleurs moments de notre vie en brasserie. Tous les employés se sont impliqués, ç’a été un événement fédérateur. Comme la mise en place de l’écran géant n’a été décidée que très tard, notre temps de réaction a été extrêmement court mais on a eu la chance que notre brasseur réponde rapidement à nos demandes. Il a même fait venir du matériel de son antenne située dans le Tarn-et-Garonne ! "

Et Gwénaëlle Gilet de glisser : " A certains moments, j’avais envie de pleurer parce qu’on n’arrivait pas à satisfaire tous les clients et parce que c’était apocalyptique, et à d’autres, j’étais contente parce que les gens étaient heureux. Ils étaient conciliants, il y avait une vraie fraternité et, surtout, il n’y a pas eu de débordements. "

Sans surprise, la bière a coulé à flots dans les trois endroits (au total, entre 150 et 300 fûts, soit entre 4 500 et 9 000 litres, ce qui équivaut, pour le volume haut, à… 36 000 demis). Mais derrière les comptoirs, aux commandes des tireuses, l’ivresse n’était pas due à la boisson mais aux centaines de clients à servir.

" On courait tellement partout… J’ai même oublié que j’avais parlé à certaines personnes, raconte Benjamin Bergès. à un moment donné, j’ai fait un pas de recul et je me suis dit : pfffff, comment on va faire ? Qu’est-ce que je fous là ? Des journées comme ça, je pense qu’on n’en connaîtra pas vingt dans une vie. Heureusement, l’équipe a été au top et je l’en remercie. C’était une première, on l’a prise comme une expérience, que l’on espère pouvoir renouveler ! "