"Gilets jaunes", la scission du groupe de Millau

Abonnés
  • Les « Gilets jaunes » envisagent un barbecue en fonction de la météo ce samedi à Saint-Germain.
    Les « Gilets jaunes » envisagent un barbecue en fonction de la météo ce samedi à Saint-Germain. ML
Publié le
JDM

Après plusieurs mois de cohabitation, le groupe des "Gilets jaunes" affiche quelques points de divergences.

Au début du mouvement lancé le 17 novembre dernier au niveau national, les "Gilets jaunes" millavois promettaient de passer les fêtes et tenir jusqu’au printemps ensemble s’il le fallait.

Six mois après, en passant par les cahiers de doléances, le grand débat, et les annonces de l’exécutif, les "Gilets jaunes" sont encore bien décidés à poursuivre la lutte à Millau. Sur le rond-point de Saint-Germain, comme aux abords de la cabane installée sur les berges du Tarn courant février, ainsi que dans leur permanence rue de la Capelle. En façade, l’organisation des "Gilets jaunes" est une mécanique bien huilée.

Mais en coulisses, celle-ci fait grincer des dents certains, présents depuis le début. Jusqu’à les pousser vers la sortie et les inciter à mener leurs actions de leur propre côté (lire ci-contre). "On se revendique toujours comme apolitique mais nous voulons l’être dans le respect des biens et des personnes", se défend-on du côté de la cabane de la ZA des Ondes.

Pour remédier à "ce problème de divergence d’opinions" et empêcher de nouvelles tensions au sein du groupe, les "Gilets jaunes" ont adopté, lors de leur assemblée générale du 7 mai dernier, la charte régissant le groupe millavois. Les grandes lignes ? "Le groupe passe avant l’individu, donc nous ne tolérerons aucune mise en avant personnelle, de photos individuelles ou d’initiative personnelle et nominative auprès de la presse.

Les différents points de vue défendus, même si cela peut faire l’objet d’échanges vifs, ce qui est normal, ne doivent pas donner lieu à des mises en causes personnelles et nous devons tous être à la recherche d’un consensus pour sauvegarder ce qui nous unit."

Les dégradations du matériel public comme celui des privés sont aussi interdites pour les signataires de cette charte.

Renouvellement naturel

Les porte-paroles se sont succédé à la tête du mouvement. Aujourd’hui, c’est "la prise de parole collective qui prime". Manu, dernier porte-parole en date, avoue avoir "pris un peu de recul après avoir repris le travail" mais continue de soutenir le mouvement de ses compagnons d’infortune, "plutôt deux fois qu’une". "Je ne suis plus porte-parole mais je suis toujours en contact avec eux, je continue de les suivre, explique-t-il. Et puis, c’est une bonne chose que d’autres prennent le relais. J’organisais un peu tout ça, désormais tout le monde participe. Les laisser indépendants est une bonne manière de les responsabiliser." Si cette nouvelle formule participative semble être approuvée de tous, les revendications initiales n’ont pas changé : les questions écologiques, d’évasion fiscale, de pouvoir d’achat ou de Référendum d’initiative citoyenne (Ric) sont toujours d’actualité, même si cette dernière ne semble pas être le cheval de bataille de tous. "Pour chaque question, nous avons une sorte de spécialiste, souligne-t-on. Cela reste un mouvement constructif."

Les Européennes

Autre sujet de discorde – vote ou pas, pour qui, et la manière de les suivre – les élections européennes restent un sujet de discussion animé. A priori, les trois listes de "Gilets jaunes" n’ont pas trouvé leur public au sein du mouvement millavois, qui ne ferme aucune porte quant aux futures éventualités.

D’autres, comme Thierry Noël, fervent défenseur de la décroissance, ont quant à eux claqué la porte des "Gilets jaunes" pour se consacrer à d’autres élections, selon les propos de certains, et notamment les municipales.

Né en hiver, mûri au printemps, le mouvement des "Gilets jaunes" repose désormais sur plusieurs branches dans la Cité du gant.

Lundi 13 mai, à 18 heures, assemblée générale hebdomadaire au cabanon, et débat et présentation du Ric à Rodez le 14 mai.*

Jonathan, le coeur toujours Gilet jaune.
Jonathan, le coeur toujours Gilet jaune. ML

Jonathan, un "exclu" du premier groupe

Jonathan, présent sur le rond-point de Saint-Germain dès le début du mouvement le 17 novembre dernier, n’est plus le bienvenu dans le groupe des "Gilets jaunes", depuis près de trois semaines.

"C’était tout le temps les mêmes à organiser des actions et puis un groupe est arrivé avec cette idée d’imposer une charte, explique-t-il. Je n’en voulais pas. On voulait nous rendre neutre mais on est aussi là pour défendre notre liberté."

Si la divergence d’opinions sur l’affichage est entamée, le trentenaire n’en reste pas moins convaincu dans ses actions. Avec une vingtaine d’autres soutiens, ils étaient sur le rond-point de l’avenue du Pont Lerouge samedi dernier pour poursuivre la lutte. "On a tous le même combat mais on a voulu me donner le mauvais rôle, celui du vilain petit canard."

Depuis, les deux groupes, aux moyennes d’âges différentes, n’ont plus échangé. Du côté de la cabane installée sur les berges du Tarn, on assure "qu’on ne veut pas d’images négatives" un coup, et le suivant, que les "deux groupes sont complémentaires".

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?