Montbazens : Rémy Teulier, la pierre à cœur

Abonnés
  • C’est à partir de blocs de pierre de plusieurs tonnes que Rémy Teulier sculpte ses œuvres. Ici, il est à côté de ce qui deviendra dans les prochains mois sa nouvelle pièce, déjà baptisée « Le Son de l’âme ».
    C’est à partir de blocs de pierre de plusieurs tonnes que Rémy Teulier sculpte ses œuvres. Ici, il est à côté de ce qui deviendra dans les prochains mois sa nouvelle pièce, déjà baptisée « Le Son de l’âme ». F.C.
  • « L’Ange de liberté », exposé à Rodez en 2016, première pièce monumentalede Rémy Teulier. Un ange qui a fait décoller la carrière du sculpteur montbazinois. « L’Ange de liberté », exposé à Rodez en 2016, première pièce monumentalede Rémy Teulier. Un ange qui a fait décoller la carrière du sculpteur montbazinois.
    « L’Ange de liberté », exposé à Rodez en 2016, première pièce monumentalede Rémy Teulier. Un ange qui a fait décoller la carrière du sculpteur montbazinois. F.C.
Publié le
François Cayla

À 37 ans, le sculpteur de Montbazens voit sa carrière prendre un nouvel essor.

Au commencement, en juillet 2017, était un bloc de pierre de 10 tonnes. Un bloc de marbre d’Izaourt, pour être plus précis. Près de 18 mois plus tard, et à raison de 8 heures de travail par jour, "Le Messager", du nom de cette sculpture aux traits d’un ange, a pris son envol. Son poids a été ramené à 800 kg, qui ont pris la direction du Grand Palais, à Paris, où l’œuvre monumentale de Rémy Teulier a été exposée dans le cadre du Salon des artistes français, en février dernier. Durant une semaine, "Le Messager" a interpellé 35 000 visiteurs. Il s’est vu récompensé de la médaille de bronze de la Société des artistes français. Et dernier épisode de ce vol angélique, "Le Messager" vient d’être acheté par le musée L’Organe, La Demeure du Chaos, à Saint-Romain-au-Mont-d’Or, près de Lyon.

Du Mirail à Montbazens

Une belle histoire, imaginée, taillée, écrite et travaillée par Rémy Teulier. Désormais installé avec sa compagne et ses enfants dans la maison familiale de Montbazens, d’où sont originaires ses grands-parents, Rémy Teulier a grandi et a longtemps vécu à Toulouse, au Mirail. Cadre urbain ou rural, la pierre a toujours été son truc. "J’avais 12 ou 13 ans quand j’ai commencé à accrocher à la chose, raconte-t-il aujourd’hui à 37 ans. J’ai fait mes premières armes de taille de pierre au sein de l’association Le Bastidou, à Peyrusse-le-Roc. J’ai vite su que la sculpture était ma voie." C’est à Peyrusse qu’il fait notamment la connaissance de Roger Fabry, artisan marbrier à Millau. Une étape cruciale. " C’est Roger qui m’a transmis toutes les bases du métier. C’est lui qui m’a appris à écouter et à lire la pierre. "

Devenu adulte, avec un CAP et un bac pro de maçonnerie en poche – il faut quand même bien vivre – Rémy Teulier réalise plusieurs stages d’entreprise chez des tailleurs de pierre de la région. Plus tard, les valises posées à Montbazens, il se lance dans l’artisanat pour créer une petite société de maçonnerie, de sculpture et de taille de pierre. "Les temps étaient plutôt durs, se souvient-il. J’ai quand même pu réaliser d’intéressants travaux sur commande. Cependant, à cette époque, vivre de la sculpture relevait de l’utopie. Mais j’avais envie. Et petit à petit, j’ai choisi d’axer mon travail autour de la création."

Un ange en expo, déjà

Suite logique à ce choix, en 2016, il expose pour la première fois. C’est dans une galerie ruthénoise que prend place un ange (déjà) en marbre noir. Un "ange de la liberté" qui mesure 1,87 mètre et pèse 600 kg, taillé dans un bloc de 5,2 tonnes. L’œuvre est remarquée, alors même qu’elle a été vendue quelque temps avant d’être exposée. Le fruit de cette vente va véritablement lancer la carrière de Rémy Teulier. Car " avec un peu d’argent de côté, on peut voir venir " et s’adonner à sa passion.

Dans le même temps, ou presque, le syndicat des eaux de Montbazens lui passe commande d’un buste de Marius Garric, ancien maire du village et à l’origine du syndicat. Mais surtout, il s’attaque au "Messager".

"Au départ, c’était un délire dans ma tête, seulement dans ma tête. Puis j’ai demandé à un copain de poser pour mieux cerner la forme que pourrait prendre cette création. Et la sculpture a commencé à se matérialiser."

Rencontre parisienne

Avec cette œuvre alors en gestation, l’objectif avoué de Rémy Teulier est d’exposer au Grand palais. Pour jalonner quelque peu le terrain, il "monte" donc à Paris en février 2018, son projet déjà avancé. Il rencontre Jean-Pierre Gendis, président de la section sculpture de la Société des artistes français. Ce dernier adhère pleinement au projet de Rémy et l’encourage à persévérer dans son travail et dans son ambition d’exposer à Paris. Un an plus tard, tout juste un an, en février 2019 "Le Messager" se pose à l’entrée de la nef du Grand palais.

Et l’œuvre de Rémy Teulier n’a pas laissé indifférent. "Il capte le regard et la plupart des visiteurs se dirigent spontanément vers lui, a notamment relaté un amateur visiblement conquis. Cette œuvre m’a semblé magistrale. Elle est à mon sens, même si cela est subjectif et personnel, la plus captivante de l’exposition." Rien que ça.

Ainsi conforté dans sa démarche créatrice, et avec un peu d’argent de côté lui permettant de s’adonner pleinement à la sculpture, Rémy Teulier va se lancer dans un autre défi : sculpter une nouvelle œuvre monumentale baptisée "Le Son de l’âme". Dont on n’entendra rien, pour l’instant…

Une sculpture porteuse de messages

Quoi de mieux, pour parler d’une œuvre artistique, que de donner la parole à son créateur. Ainsi, Rémy Teulier évoque « Le Messager » avec des mots choisis : « Le messager est intemporel. Il eut été, il est encore. Il traverse le temps et les modes. Son message est beau, fort et sage. Ses outils sont ancrés dans la matière sur le socle de la vie. Ils tracent le cheminement moral de l’homme dans son idéal. Le crâne, simple vanité, nous rappelle ce court passage sur la terre tandis que l’acacia présage une immortalité de l’âme. Le messager est pourvu d’ailes symboles des cieux. Celles-ci laissant dessiner le contour d’une clé de voûte qui concrétise la construction de l’édifice… »
Cette sculpture, à l’origine, devait être un hommage rendu à l’Homme de Vitruve, de Léonard de Vinci, un homme dessiné dans un carré lui-même contenu dans un cercle. Comme Rémy Teulier a déjà pu le confier, le projet initial a évolué avec l’intégration à la sculpture d’outils associés au dessin du carré ou du cercle, équerre et compas. On y retrouve alors les symboliques du compagnonnage et de la sphère maçonnique. Refusant par ailleurs de rester enfermé dans un thème et un travail trop à l’ancienne, le sculpteur a donné une touche contemporaine à son messager, avec jean, baskets et sweat à capuche.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Montbazens

90000 €

Dans résidence standing récente avec ascenseur, interphone. Appartement T2 [...]

Toutes les annonces immobilières de Montbazens
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?