Dans ce garage de l’Aveyron, patron et salariés mettent les mains dans le même cambouis

Abonnés
  • Vincent Bros (ex-patron devenu salarié associé, responsable des ventes), Émeline (salariée, préparatrice de véhicules) et les salariés cogérants : Cécile Calmels (secrétaire) et Yannis Rambaut (responsable atelier SAV).
    Vincent Bros (ex-patron devenu salarié associé, responsable des ventes), Émeline (salariée, préparatrice de véhicules) et les salariés cogérants : Cécile Calmels (secrétaire) et Yannis Rambaut (responsable atelier SAV). BHSP
Publié le
BHSP et J. R.

À Montbazens, le garage du Fargal est devenu Auto Fargal, une Scop (société coopérative de production) où des salariés sont aussi actionnaires. Le moyen choisi par Vincent Bros pour transmettre son entreprise.

Une première Scop (société coopérative de production), dans le secteur automobile en Aveyron vient de voir le jour : Auto Fargal à Montbazens.

"Des gens viennent parfois de loin"

"Mon père Raymond Bros a créé le garage en 1964 dans le centre de Montbazens. Quand il a déménagé le garage à la zone artisanale du Fargal, à l’extérieur de Montbazens, beaucoup l’ont traité de fou, que personne ne viendrait là-bas pour réparer ou acheter un véhicule. C’est incroyable comme cela a évolué car des gens viennent parfois de loin, de Toulouse et ailleurs pour venir ici acheter des voitures", explique Vincent Bros, 52 ans, qui a toujours baigné dans cette activité.

À 11 ans, il faisait déjà des rodages de soupapes sur une Renault Celtaquatre des années 30. À 12 ans, il passe aux vidanges. Puis intègre officiellement l’entreprise à 20 ans. Il reprend la société en 1999. "On a toujours été 6 à 7 personnes, je n’ai jamais voulu aller au-delà, afin de rester à taille humaine. Ne pas trop grossir, même si j’avais la place de prendre plus de salariés, en raison de la gestion des ressources humaines, et qu’il aurait fallu encore agrandir. Cela me suffisait".

"Le patron qui s’en met plein les poches, c’est ringard"

La solution de créer une Scop a infusé : "J’ai réalisé, quand je suis entré dans l’entreprise, que j’amenais aussi de nouvelles connaissances en plus de celles indéniables de mon père et de ses compétences. Je m’étais promis qu’à 50 ans, j’amènerai du sang neuf, ce qui n’est pas évident car actuellement les jeunes veulent percevoir, plus rapidement que ma génération, les fruits de leurs efforts et une reconnaissance. Donc pour embaucher, il fallait trouver un intéressement. Soit je m’associais, soit je partageais le travail. Le patron qui s’en met plein les poches, c’est un peu ringard. À la fin j’avais du mal avec ma position de patron, j’avais envie de partager. J’ai travaillé comme patron durant 24 ans, j’ai avancé. D’une part, je voulais faire entrer du sang jeune plutôt que de m’associer, et d’autre part, pour transmettre une entreprise il faut plusieurs années et je me rapproche de la retraite.

Je voulais une équipe encore plus soudée. Nous sommes trop dans un monde individualiste, je voulais qu’on soit encore plus soudés. Les clients le ressentent et c’est ma philosophie. On s’entraide, on est là tous ensemble. C’est dur, mais c’est plus agréable pour se soutenir, et on récolte ensemble le fruit de nos efforts, on partage le gâteau. C’est intéressant, motivant et cela me plaît énormément".

Une évidence

Passer en Scop n’a pas été une mince affaire : "On est le premier garage automobile en Aveyron à le faire. Il y en a en France. Je cherchais des solutions et à chaque fois je revenais sur la Scop, puis c’est devenu une évidence. J’ai contacté l’Union régionale des Scop Occitanie Pyrénées (URScop) qui a d’abord regardé si le projet était viable et qui nous a aidés. J’ai vu le directeur, le projet lui a plu. Il m’a fait confiance, tous les salariés ont suivi une formation, puis à l’issue on a décidé de franchir le cap. Le projet a débuté en juillet 2022 et on l’a concrétisé en décembre 2023. Le plus compliqué est la lourdeur administrative : il y a beaucoup de choses à voir avec des organismes mais c’est dur de les contacter".

La Scop Auto Fargal comprend actuellement quatre salariés associés (Vincent Bros, Cécile Calmels, Yannis Rambaut et Cédric Wuilque) et deux associés extérieurs ayant pris des parts (Marie-Émilie Jouglas-Bros et Joël Calmels). Le garage compte par ailleurs deux salariés classiques, non associés. Les cogérants sont Cécile Calmels (secrétaire) et Yannick Rambaut (responsable atelier SAV) ; Vincent Bros est responsable des ventes : "Je ne suis plus le méchant patron, il y a une relation nouvelle".

Nouvelles perspectives

Le passage en Scop et l’adhésion à l’union régionale offrent de nouvelles perspectives : "Des adhérents de l’union possèdent des flottes de véhicules à renouveler régulièrement. Nous pouvons nous inscrire dans cette dynamique de partenariat. Nous adhérons aussi au réseau Auto Primo, qui nous épaule pour de meilleures offres de prix en services après-vente. Le marché de l’automobile a été compliqué avec le Covid. Les prix qui avaient bondi ont désormais baissé, et les gens reviennent."

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Montbazens

90000 €

Dans résidence standing récente avec ascenseur, interphone. Appartement T2 [...]

Toutes les annonces immobilières de Montbazens
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?