Comps-la-Grand-Ville. Quand la mémoire de nos aînés invite les plus jeunes à s’intéresser au passé

  • M. Delgay devant la grande plaque commémorative. M. Delgay devant la grande plaque commémorative.
    M. Delgay devant la grande plaque commémorative.
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CORRESPONDANT

René Delgay, ancien maire de Comps, est passionné par ce passé dont il n’a rien oublié, qu’il aime raconter et qu’il sait si bien transmettre.

Le 11 novembre est l’occasion de rappeler les années terribles de 1914-1918 pendant lesquelles de nombreux jeunes de la paroisse Comps-Saint-Sauveur ont été blessés ou ont perdu la vie sur les champs de bataille. Pour la paroisse de St-Sauveur, 23 jeunes ont été tués et 22 sur la commune de Comps. À Saint-Sauveur, ils sont inscrits sur une grande plaque de marbre commémorative. Sur le monument aux morts du village de Comps figurent les noms des soldats victimes des deux guerres.

M. Delgay a conservé de nombreuses lettres de sa famille datant des années 14-18, parmi lesquelles, celles d’un soldat écrivant à sa fiancée domiciliée à Pont de Grandfuel. Comme de nombreux écrits manuscrits à cette époque, l’écriture est liée, régulière et figure au dos de cartes postales aux accents patriotiques. Bien souvent, ces cartes étaient fournies par l’armée, n’étaient pas sous enveloppe et le texte pouvait être soumis à la censure ; il n’évoquait donc qu’à demi-mot les horreurs de la guerre, mais on en percevait toute la tristesse et surtout l’espoir de rentrer au pays au plus vite. En voici quelques extraits : "Chère Palmyre... ces quelques mots pour vous faire connaître que j’ai bien reçu le petit colis qui m’a fait grand plaisir. Il m’a bien servi au cours des déplacements que nous effectuons en ce moment." Ou encore : "Après trente kilomètres parcourus hier à pied, je profite d’un moment de repos pour vous faire part de mes meilleurs vœux… j’espère que la nouvelle année sera plus calme que celle qui va être écoulée et que la paix bienfaisante couronnera définitivement cette ère de tristesse".

Durant toute cette période, les jeunes hommes ayant été mobilisés, c’était les hommes plus âgés, les femmes et souvent les enfants restés au village qui devaient travailler durement.

M. Delgay a conservé quelques cartes postales du village de Pont de Grandfuel datant de cette époque. À partir de ces photographies, il a su nommer les seize foyers dont la plupart, étaient composés de deux ou trois générations et les différents métiers que ces familles exerçaient. Ce village étant depuis bien longtemps situé sur une voie de passage, de nombreux commerçants ou artisans y étaient installés. Ainsi, cinq cafés restaurants, dont un avec pompe à essence et tabac, qui faisait également le commerce et le transport d’engrais ou de charbon de bois. Il y avait aussi les cafés-restaurants qui tenaient lieu d’épicerie ou possédaient même une menuiserie. Enfin René précise : "Sur ma maison, il y avait une inscription, ‘Hôtel de commerce, bois- charbon et sel-engrais’encore visible jusque dans les années 70". "Il y avait également un forgeron, un minotier, une scierie et une chapelière", poursuit M. Delgay, inépuisable sur le sujet, en désignant chacun d’entre eux avec le doigt sur la carte postale.

Alexis de Tocqueville écrivait : "Quand le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres".

La mémoire de nos anciens fait partie de notre "patrimoine", elle est une richesse pour nous tous.

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