Bosch à Onet : les "sacrifiés" du diesel

Abonnés
  • Emmanuel Macron, ici lors de sa visite à l’usine Bosch, en août 2016.
    Emmanuel Macron, ici lors de sa visite à l’usine Bosch, en août 2016.
Publié le
Mathieu Roualdés

Chronique d’une chute annoncée pour l’usine castonétoise qui paye au prix fort l’effondrement du marché diesel.

La banderole a longtemps trôné sur la façade de l’un des bâtiments de l’usine Bosch, zone de Cantaranne. "Hier : 2 400 emplois. Aujourd’hui : 1 600 (en 2018). Demain, combien en restera-t-il ? Ici, le diesel moderne fait vivre tout un département", pouvait-on y lire, en grosses lettres. Vendredi, le PDG France de l’entreprise, Heiko Carrie, a donné la réponse d’une estrade sur le parvis de l’usine face aux syndicats et aux salariés : il en restera 500 en 2025… Chacun se préparait à entendre une mauvaise nouvelle, mais pas d’une telle violence. En prenant cette décision, le géant allemand acte quasi définitivement la fin de la production de masse de moteurs diesel et de fait la période faste du fleuron industriel de l’Aveyron qui a vu sa production d’injecteurs divisée par trois en moins de cinq ans.

Las, malgré tous les combats et autres promesses, l’histoire semblait écrite depuis fort longtemps pour des salariés pris en otage d’une chasse au diesel se jouant bien loin de l’usine castonétoise…

Du "dieselgate" au "diesel bashing"

S’il y a un point de départ dans cette longue descente aux enfers, c’est bien celui du "dieselgate". En septembre 2015, la planète découvre que l’un de ses plus grands constructeurs automobiles, Volkswagen, truque les tests de mesure antipollution de ses modèles diesel. Le scandale éclabousse toute l’industrie automobile, Bosch est également impliqué et accusé d’avoir livré environ 17 millions de pièces de moteurs "dont le logiciel permettait pour partie" de tricher sur le niveau réel d’émissions d’oxydes d’azote. L’équipementier sera ensuite condamné à payer une amende de 90 millions d’euros.

Le diesel n’a plus le vent en poupe. Sa diabolisation, initiée notamment par la maire de Paris, Anne Hidalgo, s’accélère dès 2016 quand la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, prône publiquement l’interdiction des véhicules à moteur diesel. Alors ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, lui, se rend sur le site ruthénois et assure devant les salariés "qu’il ne faut pas faire la chasse au diesel" et que "Mme Hidalgo n’est pas ministre de l’industrie et ses décisions ne valent pas pour la France". Pourtant, le déclin a déjà commencé pour l’usine aveyronnaise et l’emploi, lui, ne fait que régresser au rythme de ce qu’on appelle désormais le "diesel bashing".

Accord de transition

Du côté des syndicats, on alerte déjà sur les menaces pour le site aveyronnais et un appel à la diversification de la production est lancé, relayé également par les élus locaux. En 2018, alors que Bosch vient de boucler une année record avec 5,3 milliards d’euros de bénéfice, certains pensent entrevoir une lueur d’espoir quand les syndicats et la direction, à l’exception de la CGT, signent un "accord de transition" visant à préserver les emplois sur le site en contrepartie d’un investissement du groupe allemand de 14 millions d’euros. L’usine emploie alors 1 600 personnes et on promet la création de 300 autres emplois pour travailler à la fameuse diversification… Il n’y en aura finalement moins de quarante, quand les lignes de production, elles, tournent de plus en plus au ralenti. Jusqu’à s’arrêter même lors de la crise mondiale liée à la Covid-19.

Le 23 février dernier alors que la production reprenait peu à peu, la ministre déléguée à l’industrie, Agnès Pannier-Runacher, est venue apporter une énième mauvaise nouvelle aux syndicats : les dernières motorisations diesel n’intégreront pas la vignette Crit’Air 1, certificat qualité de l’air, comme beaucoup l’espéraient. Le groupe allemand, lui, n’a pas tardé à réagir en annonçant vendredi une suppression historique du nombre d’emplois, 750 d’ici 2025.

D’ici là, les véhicules diesel seront déjà persona non grata dans Paris, Grenoble, Bordeaux ou encore Strasbourg….

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (2)
MAMIEpau Il y a 3 années Le 08/03/2021 à 10:46

on est dans la démagogie, le dogmatisme et l'idéologie. nos responsables politiques ont du sang sur les mains, ils devront payer un jour

Altair12 Il y a 3 années Le 08/03/2021 à 10:02

Ce gouvernement à la cervelle de colibri sacrifie le diesel pour complaire aux électeurs écolos sans réfléchir aux conséquences extrêmement néfaste pour notre pays !
Bosh Rodez n'est que la partie émergée de l'iceberg crise diésel !