Football : le Ruthénois Jordan Leborgne, de banni à béni

Il est l’homme qui symbolise sûrement le mieux le visage transfiguré d’un Raf moribond à l’automne et survitaminé cet hiver. Jordan Leborgne, onze titularisations lors des douze derniers matches pour seulement trois lors des dix-sept premières sorties, retrouvera en plus son ancien club de Guingamp, demain au Roudourou.

"J’ai hâte d’y retourner, nous a-t-il confié en début de semaine, à la sortie d’une séance d’entraînement. Je ne garde que de très bons souvenirs là-bas. Même si je n’y suis pas resté très longtemps à cause du confinement (le premier au printemps 2020, NDLR)."

Comme le gardien Théo Guivarch, qui connaît lui une trajectoire inverse (passé de portier titulaire à remplaçant à Rodez), Jordan Leborgne évoluait donc sous les couleurs de l’EAG jusqu’à la saison dernière.

Ligue 1, tendon d’Achille et Thomas Lemar

Quelques mois passés là-bas, surtout avec la réserve, suite à une grosse blessure. Une rupture du tendon d’Achille contractée "accidentellement en vacances", alors qu’il était en fin de contrat à Caen, avec qui il avait déjà joué une vingtaine de matches de Ligue 1.

Entre Caen et Guingamp, le milieu âgé aujourd’hui de 25 ans est également passé par l’Espagne et Berja, sans avoir pu disputer le moindre match officiel. Un itinéraire contrarié pour le gamin de Pointe-à-Pitre, débarqué de sa Guadeloupe natale à 14 ans pour passer du Creps au centre de formation normand, avec un certain Thomas Lemar aujourd’hui à l’Atlético Madrid et en équipe de France. Pour autant, l’ambition de retrouver un jour la L1 demeure.

"Bien sûr que c’est toujours un objectif de retrouver l’élite, corrobore-t-il. Mais ça passe par de bonnes performances avec mon club. Il faut d’abord qu’on arrive à atteindre nos objectifs tous ensemble. Et après, si je peux la retrouver, on verra bien. Mais, pour l’instant, je suis focus sur l’objectif commun."

Un discours qui est loin d’être neutre quand on sait par quoi le milieu relayeur est passé cet automne. À savoir une mise au ban du groupe par son coach pour le déplacement à Chambly, début décembre, pour des soucis de comportement. "Il n’était pas dans une attitude collective, et si t’es pas prêt, que tu as des états d’âme… Nous, on a besoin d’énergie positive", avait explicité Laurent Peyrelade à l’époque.

Laurent Peyrelade : « Il a trouvé sa place »

Un technicien qui a semble-t-il visé juste à ce moment-là pour amener son joueur à ce qu’il montre actuellement. "Je le sens à l’aise, connecté, dynamique. Il a trouvé sa place. Donc ses perf’s’en ressentent. Tant mieux, c’est comme cela qu’on l’imaginait", indiquait-il juste avant le succès samedi face au VAFC (3-0) et une nouvelle démonstration de Leborgne dans l’entre-jeu. "L’intégration (cet été) a été très bonne. Physiquement, je me sentais très bien. Après, il fallait aussi s’adapter au style de jeu de l’équipe", détaille pour sa part le joueur pour expliquer son retard à l’allumage. Le passage quasi exclusif de l’équipe du 3-4-3 au 3-5-2 lui a aussi ouvert la porte en grand, à côté de Douline et Boissier très performants.

"Je le pense aussi, dit-il. Le fait qu’on soit trois au milieu, que l’équipe marche bien, que tout se passe bien, ça fait aussi la différence." Le temps peut-être également de comprendre le fonctionnement du staff et sa science singulière du turn-over.

"C’est différent des autres clubs et c’est bien pour tous les joueurs qui ont du temps de jeu, analyse le milieu sous contrat avec le Raf jusqu’en juin 2022. Ce qui fait qu’on a un groupe solide et très fort ; et cela se ressent sur le terrain."

Un temps d’adaptation tout à fait normal pour Peyrelade. "Il arrive d’une saison en CFA2 à Guingamp, il change de club, de niveau. Il y a une mise à niveau à faire, une connaissance du club, du groupe à avoir. À être bien en tant qu’homme. À se sentir bien dans un endroit. Et tout cela ne se fait pas d’un coup de baguette magique. Avant de préciser : (Maintenant), il s’impose dans le milieu, c’est super. Je pense aussi qu’il peut être plus buteur, davantage dernier passeur. Et ce qu’il fait doit y donner une envie de dingue."