Aveyron : les parcs animaliers veulent sortir de leurs réserves

Abonnés
  • Jean-Philippe Roman et son ours, à Pradinas. Des animaux toujours gâtés, quoi qu’il en coûte.
    Jean-Philippe Roman et son ours, à Pradinas. Des animaux toujours gâtés, quoi qu’il en coûte. Archives Paulo Dos Santos
  • Étienne Guy au Jardin des Bêtes de Gages.
    Étienne Guy au Jardin des Bêtes de Gages. Archives J.A.T.
Publié le
Christophe Cathala

Si la nourriture n’a jamais manqué pour les animaux, les réserves de trésorerie s’épuisent désormais et l’espoir d’une reprise en mai est plus que jamais crucial pour les trois principaux sites aveyronnais.

C’est à Pâques qu’ils avaient prévu d’ouvrir. Peine perdue. Les trois principaux parcs animaliers aveyronnais devront prendre leur mal en patience, contraints par cette troisième période de disette à se passer des visiteurs. Et surtout à se passer de précieuses recettes qui assurent tout au long de l’année la pérennité d’une activité saisonnière : le chiffre d’affaires des beaux jours permet de tenir durant les longs mois de fermeture hivernale.

Nous avions rencontré en décembre dernier les gérants des trois sites du département, tous espéraient une reprise en avril. Car tous puisaient dans leurs réserves de trésorerie, alimentées par un été, certes un peu tronqué par les mesures barrières, mais plutôt jugé positif quant à la fréquentation… De quoi tenir jusqu’au printemps, mais guère au-delà.

Animaux et nouveautés : un coût permanent

La situation devient d’autant plus précaire qu’il faut continuer à nourrir les animaux, quoi qu’il en coûte.

Plusieurs centaines d’euros par jour de denrées provenant, pour certaines espèces, de grossistes spécialisés. Mais pour tous les responsables de parcs, les soins aux animaux ne sont pas négociables. "L’effort est considérable, mais pas question de le remettre en cause", plaide Jean-Philippe Roman qui dirige le parc de Pradinas.

Le leitmotiv est le même pour Étienne Guy, patron du Jardin des Bêtes à Gages qui "nourrit au quotidien 200 animaux" sans désemparer. Et ce ne sont pas les "coups de pouce" de certains fournisseurs qui effaceront les factures… Il y a urgence : "Il ne faudra pas ouvrir que l’été, comme l’an passé, pour se rattraper. Il nous faut très rapidement y voir clair", poursuit Étienne Guy qui, pour autant, n’a pas renoncé à investir pour garder le rythme des nouveautés qui font revenir les visiteurs chaque année. Le parc d’attractions qui a pris place au sein du parc dès 2017 devait accueillir un toboggan aquatique. "Le projet a été un petit peu modifié : ce sera une plateforme de jeux d’eau, sur 250 mètres carrés, qui sera la nouveauté et les travaux sont en cours actuellement", lance Étienne Guy qui avoue toujours "garder confiance". Jean-Philippe Roman, de son côté, profite aussi de la parenthèse imposée pour "faire quelques travaux".

Un peu de temps, Étienne Guy en dispose également. Car la partie "parc d’attractions" du Jardin des Bêtes de Gages risque fort de ne pas rouvrir aussi rapidement qu’espéré : "Moins d’espace pour le public, une plus grande concentration des visiteurs… C’est râpé pour mai".

Garder le moral

Concernant le seul secteur animalier, les espoirs se portent sur la mi-mai désormais. "On pourra tenir jusqu’à cette période", assure Jean-Paul Olivier, gérant avec son fils Florent du Saint-Hubert, également à Gages, qui abrite 150 animaux, essentiellement du grand gibier et des lamas. Mais la patience a des limites. "On espère aussi pouvoir rouvrir notre ferme-auberge en même temps, ajoute-t-il. L’idéal serait d’avoir des perspectives claires, car on travaille bien avec les autocaristes comme avec les baptêmes et les communions. Et les réservations pour cela ne se font pas au dernier moment… C’est pour cela que c’est maintenant qu’il faut repartir". Jean-Paul Olivier garde pourtant le moral : "Je reste optimiste pour l’avenir, il faut croiser les doigts".

Et pour l’aider à garder le sourire, il sait, comme ses collègues des autres parcs animaliers, s’appuyer sur la naturelle bienveillance de ses pensionnaires. "Nous avons eu les premières naissances cette année, des marcassins et des petits mouflons ! Et nous attendons un faon pour la fin mai". De quoi garder le moral en attendant cette échéance de reprise.

Des aides pour garder la tête hors de l'eau

Les espoirs évoqués durant l’hiver d’une reprise vitale au week-end de Pâques ont donc été douchés par la crise, version troisième vague. Et c’est encore dans les réserves financières qu’il faudra savoir compter… "On a fait des investissements autant que l’on pouvait en faire, maintenant il faut qu’on rouvre car la trésorerie est au plus mal, confirme Jean-Philippe Roman, au parc de Pradinas. C’est très compliqué de ne pas rentrer de chiffre d’affaires : on continue à avoir des aides mais il va falloir payer l’addition". Et pour maintenir ses deux employés, il a renoncé à son salaire. Et ce, malgré quelques rentrées d’argent dont il a pu bénéficier grâce à son activité de dressage : les ours ont participé à deux ou trois tournages depuis le début de l’année, notamment à Bordeaux. "Mais rien pour Mefi, l’aigle dressé qui est la mascotte de l’OGC Nice et qui fait son show en ouverture des matches, déplore Jean-Philippe Roman. La Ligue de football ne l’a pas autorisé, or c’est une activité qui génère une manne financière m’assurant de payer les salaires d’hiver".

Étienne Guy, au Jardin des Bêtes, maintient les salaires de quatre permanents auxquels s’ajouteront le moment venu quelques stagiaires. "On s’en sort, grâce aux dispositifs mis en œuvre. Cette semaine nous avons demandé que les salariés puissent bénéficier du chômage partiel, on verra bien".

Mais tout le monde n’est pas, semble-t-il, logé à la même enseigne. "De notre côté, on n’a pas droit aux aides, confie Jean-Paul Olivier, au Saint-Hubert à Gages. Ces aides sont calculées pour nous sur les trois derniers mois de chiffre d’affaires, soir janvier, février et mars. Et l’on n’est jamais ouvert sur cette période…"

 

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?