Rodez. La reprise d’entreprise, un enjeu pour l’avenir de l'économie aveyronnaise

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  • Après deux années Covid avec un nombre de ventes réduit, de nombreuses entreprises sont sur le marché actuellement.
    Après deux années Covid avec un nombre de ventes réduit, de nombreuses entreprises sont sur le marché actuellement. Illustration José A. Torres
Publié le
RICHAUD Guilhem

Alors que plus d’un tiers des chefs d’entreprise aveyronnais ont plus de 55 ans, la question de la passation sera une préoccupation majeure du monde économique dans les années à venir. Il y a un gros travail d’anticipation à faire auprès des cédants, pour qu’ils anticipent au mieux, mais également d’accompagnement des potentiels repreneurs.

Le chiffre est assez significatif pour interroger sérieusement sur la situation actuelle et l’avenir de l’économie aveyronnaise. 35 % des chefs d’entreprise du département ont plus de 55 ans. Et vont donc se retrouver dans quelques années, en position de prendre leur retraite. "C’est une problématique prégnante, confirme Dominique Costes, le président de la CCI de l’Aveyron, qui suit le sujet de près. Il y a une vraie réalité, d’autant plus qu’en parallèle, on a 12 % des créations d’entreprises qui se font avec des patrons qui ont plus de 59 ans. On a une nécessité de les aider et les accompagner dans la transmission."

Il est assez difficile d’estimer le nombre d’entreprises réellement en vente en Aveyron. S’il existe bien une plateforme dédiée, qui recense toutes les offres identifiées par les cellules spécialisées dans la transmission à la CCI et à la chambre des métiers et de l’artisanat, d’autres transactions se font directement de gré à gré, sans que les consulaires interviennent.

Quoi qu’il en soit, vu la pyramide des âges des patrons, les offres sont appelées à se multiplier dans les prochaines années. Parmi les nombreuses entreprises qui cherchent des repreneurs, beaucoup de boutiques multiservices dans les zones rurales. "Elles jouent un rôle fondamental dans le fonctionnement rural du département, prévient Dominique Costes. Ce sont des points de vie qui sont cruciaux pour garder nos populations sur ces bourgs. Ce sont des endroits où ces lieux sont stratégiques pour le maintien de la population."

Difficile d’évaluer le potentiel post-crise des entreprises

Le tout après deux années d’une crise sanitaire qui a été éprouvante pour les patrons. "On est dans une situation assez inédite pour la transmission d’entreprise, analyse Patrick Frayssinhes, responsable du pôle commerce, tourisme et services à la direction de l’appui aux entreprises et territoires de la CCI de l’Aveyron. Certains dirigeants, notamment les plus âgés, ont été un peu épuisés moralement par cette crise sanitaire. Ces gens-là veulent passer la main."

À cela s’ajoute une difficulté supplémentaire, celle d’estimer la réelle valeur des entreprises. "Normalement, on s’attache au niveau d’activité et de rentabilité, reprend le technicien. Depuis deux ans, on a des activités qui, pour la plupart, ont baissé, mais avec des rentabilités qui se sont améliorées, du fait des aides. À l’inverse, on a d’autres activités qui ont profité de la crise sanitaire et qui ont vu leur chiffre d’affaires dopé. Aujourd’hui, on a du mal à évaluer le vrai potentiel de beaucoup d’entreprises."

Le coup de pouce d’Initiative Aveyron

Dans ce contexte, la chambre accompagne les cédants qui le souhaitent (lire ci-contre), mais surtout les repreneurs. Un parcours, appelé Soluccio, a été mis en place. "Il se fait en trois étapes, détaille Patrick Frayssinhes. S’informer, se former et se financer, qui sont les trois piliers de sa future vie d’entrepreneur. C’est à la carte en fonction de l’état de maturité du projet et de la disponibilité de chacun. L’objectif est d’aider à travailler le business plan de reprise, se former un minimum à la gestion, mais aussi rencontrer tous les intervenants professionnels avec lesquels il travaillera dans sa vie future (comptable, notaire, banquier, assureur…)."

Cela se matérialise par une semaine d’immersion à travers le dispositif des "Cinq jours pour entreprendre". "Ensuite, ceux qui le souhaitent, peuvent aller chercher divers financements complémentaires, à travers plusieurs dispositifs, sur lesquels la CCI peut les accompagner pour monter les dossiers." Notamment pour la plateforme Initiative Aveyron, qui octroie des prêts d’honneur, sans intérêt, ni garantie, aux créateurs ou repreneurs d’entreprises. Dans le département, elle a pour particularité d’être atypique en finançant davantage de reprises que de créations, ce qui est peu courant.

Des prêts qui peuvent aller jusqu’à 40 000 €, selon le nombre d’emplois conservés ou créés. L’instruction de ces dossiers, effectuée par des bénévoles issus du monde économique, est un signe fort pour les banquiers, pour soutenir le projet. En effet, l’effet de levier est estimé à 10. En clair, pour 1 € de prêt d’honneur, les entreprises aidées arrivent en moyenne à en toucher 10 de la part des banques. "Le dossier est épluché par les bénévoles de la plateforme qui vont faire l’effort de rencontrer le repreneur pour lui faire toucher du doigt les points à renforcer, reprend Patrick Frayssinhes. Ensuite, le repreneur va passer en comité d’octroi de crédit, où il vient défendre lui-même son dossier." Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les banques sont aujourd’hui les premiers prescripteurs d’Initiative Aveyron.

En effet, le travail effectué par les conseillers est ensuite une réelle garantie du sérieux du projet qu’elles seront amenées elles-mêmes à financer. Un gage également pour l’économie aveyronnaise, qui a besoin de néo-entrepreneurs pour assurer l’avenir et la pérennité de ses entreprises.

Quel est le bon moment pour vendre ?

La durée moyenne d’une cession d’entreprise est, en Aveyron, estimée entre dix-huit mois et deux ans. Un temps long, souvent nécessaire à l’acquéreur pour monter son dossier. Ce délai est forcément à prendre en compte pour les vendeurs, notamment ceux qui souhaitent partir à la retraite. "Dès qu’ils commencent à y penser, il faut venir nous voir, confirme Dominique Costes, le président de la CCI. Plus tôt ça se déclenche, mieux ça se conclut."Depuis 2018, les chambres consulaires de l’Aveyron et la Région Occitanie travaillent d’ailleurs main dans la main sur la question, notamment via le programme Occtav. "Il s’agit d’un dispositif pour aller prêcher la bonne parole bien en amont auprès des gens amenés à vendre dans les dix prochaines années, détaille Patrick Frayssinhes, responsable du pôle commerce, tourisme et services à la direction de l’appui aux entreprises et territoires de la CCI de l’Aveyron. L’idée est d’expliquer qu’une transmission, ça se prépare. Ce qui est important, c’est qu’il ne faut pas que les chefs d’entreprise attendent soit d’être dégoûtés, soit d’être vraiment au bout pour avancer sur la vente. Souvent, notre sujet, il est là. On est contactés par des gens qui sont en fin de carrière, qui n’ont pas réinvesti depuis des années dans leur affaire, et qui ont des outils qui ne sont pas faciles à vendre, avec souvent un chiffre d’affaires qui décline depuis plusieurs années par manque d’investissement." Et qui du coup, même s’ils arrivent à le vendre, le font finalement à un montant bien en deçà de leurs espérances.

Diagnostic et annonce

Une fois le contact pris avec la CCI, il entre dans un parcours d’accompagnement pour définir ce qu’il souhaite vendre (fonds de commerce, parts, droit au bail…), puis de réaliser un diagnostic pour l’aider à constituer un dossier de présentation pour vendre son affaire. Avec un regard extérieur parfois plus objectif ou neuf qui aide à prendre un peu de recul sur le sujet et permettre aussi de repérer les choses qu’il faut améliorer où les entretiens à réaliser. "On va tirer des éléments clé de ce diagnostic pour réaliser une annonce, qui sera ensuite mise en ligne sur le site Transentreprise (lire ci-dessus), qui a une portée nationale où qui sera proposée à des repreneurs déjà identifiés au préalable." Reste ensuite à faire la mise en contact, et la CCI laisse la main aux deux parties pour la négociation. Et qu’en est-il de l’estimation du prix ? Si la CCI propose un "avis de valeur", elle ne propose pas de valorisation. Pour cela, les vendeurs doivent plutôt se rapprocher de leurs comptables, qui sont souvent les plus compétents sur le sujet. g. r.

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