Argences en Aubrac. Aveyron : la pénurie d'eau dans le Carladez exige une réflexion profonde

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  • Les camions-citernes continuent d’approvisionner l’usine à Pont-la-Vieille pour alimenter les 3 000 habitants du Carladez.
    Les camions-citernes continuent d’approvisionner l’usine à Pont-la-Vieille pour alimenter les 3 000 habitants du Carladez. Repro CPA
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Olivier Courtil

La communauté de communes du Nord-Aveyron continue de ravitailler les habitants du Carladez grâce au captage sur l’Aubrac.

8 ml. Voilà ce qui est tombé en milieu de semaine sur le Nord-Aveyron. Pas de quoi faire remonter le niveau des cours d’eau et de revoir du vert sur les pâturages brûlés par la sécheresse. Ainsi, deux camions-citernes à raison de trois rotations quotidiennes continuent de pomper des bornes incendie de Laguiole et Lacalm pour alimenter en eau potable les réservoirs municipaux de Pleau à Brommat et Pont-le-Vieille à Thérondels. Un ballet qui a commencé au cœur de l’été avec la sécheresse, précédé par les éleveurs qui ont rentré leurs bêtes dès la mi-juillet, faute de ressource naturelle nécessaire. À 900 € le trajet depuis le 8 août suite au changement de transporteur (au départ le coût s’élevait à 1 200 €), la facture s’annonce salée pour la communauté de communes Aubrac Carladez Viadène.

"On n’a jamais fait attention à la ressource en eau"

Pourtant, une usine flambant neuve de traitement d’eau à Thérondels a ouvert au début de l’été. " Cette nouvelle usine est taillée sur mesure ", déclarait alors Annie Cazard, vice-présidente de la communauté de communes et conseillère départementale (édition du 21 août 2021, NDLR), lors de la visite de chantier de l’usine qui a coûté 5 M€. L’usine n’a pas eu le temps d’être inaugurée qu’il faut déjà prévoir de nouveaux travaux… "Il faut admettre qu’il y a eu une erreur, on en fait l’analyse et on avance", lâche Pierre Ignace, maire de Mur-de-Barrez pour qui l’usine est sous-dimensionnée au regard des besoins en eau avec la poursuite des ravitaillements. Pour sa part, Jean Valadier, président de la communauté de communes du Nord-Aveyron, pondère sans viser la nouvelle usine : "On n’a jamais fait attention à la ressource en eau. L’Aubrac est un château d’eau certes, mais fragile. C’est un sujet d’actualité qui touche l’ensemble de la planète. La pédagogie doit être au cœur des actions pour éviter le gaspillage. Il faut souvent des événements violents pour avancer. "

Le sujet sera à l’ordre du jour de la prochaine séance communautaire mercredi 14 septembre où il sera question du choix du futur délégataire de l’usine puisque la convention actuelle avec l’entreprise Veolia prend fin au 31 décembre. "Cet appel d’offres est un véritable enjeu, c’est l’occasion d’aller plus loin. Trouver une retenue, ce n’est pas suffisant, il faut mettre en perspective au regard du réchauffement climatique", avance Pierre Ignace.

De là à faire le choix de partir en régie directe, Jean Valadier écarte d’emblée cette solution : "Il faut qu’on se structure car nous n’avons pas les moyens en intercommunalité de le gérer. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos voisins du Cantal. Nous devons mettre à profit les cinq prochaines années pour mener une réflexion profonde avec les services de l’État et l’agence de l’eau. Il y a un schéma directeur avec plusieurs pistes à actualiser comme un captage sur Sarrans ou une retenue d’eau sur le Siniq (la rivière où pompe la nouvelle usine, NDLR)". Et de se vouloir rassurant : "L’appel à candidature a été lancé et se poursuit jusqu’à la semaine prochaine pour la reprise en délégation de service public, plusieurs entreprises y ont déjà répondu." C’est l’occasion de mettre la pression pour le maire de Mur-de-Barrez : "Il va falloir être exigeant."

En attendant, les camions-citernes continuent d’approvisionner l’usine de Thérondels, de plus de 100 000 litres par jour, pour atténuer le prélèvement sur le Siniq, et répondre à la consommation de 3 000 habitants (5 000 en été) en Carladez. Et ce jusqu’à fin septembre. Après, la pluie est espérée…

Un appel est lancé pour limiter la consommation d’eau

Face à la situation jugée "alarmante", la communauté de communes Aubrac Carladez Viadène lance un appel pour limiter la consommation d’eau au strict minimum et à continuer d’être vigilant au quotidien sur l’ensemble du territoire. "Les efforts logistiques déployés par la communauté de communes doivent absolument être accompagnés par les efforts de chacun pour réduire la consommation d’eau. Pour rappel, un arrêté préfectoral encadre toujours l’interdiction d’arroser, de laver les véhicules, de remplir ou mettre à niveau les piscines privées ou les spas. Au jardin, à la maison, au bureau : chaque geste compte. L’enjeu est d’éviter de laisser couler l’eau au robinet inutilement." Les eaux souterraines sont aussi concernées, des contrôles par l’Office français de la biodiversité et la gendarmerie peuvent aboutir à des sanctions financières. À noter que le centre aquatique Natura bien-être de Brommat est toujours fermé en raison de la sécheresse. Avec un coût de 200 000 € par an, une réflexion est aussi menée sur cette infrastructure.
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