Aveyron : un virage économique serré mais nécessaire pour la coopérative ferroviaire Railcoop

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  • Patrick Jeanjean, le nouveau président de Railcoop.
    Patrick Jeanjean, le nouveau président de Railcoop. Centre Presse - José A. Torres
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La première coopérative ferroviaire d’Europe, installée à Capdenac, vient de nommer à sa tête Patrick Jeanjean. Un profil d’entrepreneur nécessaire afin de structurer la jeune entreprise et surtout de lever des fonds supplémentaires pour la réalisation de nombreux projets dans le fret et les lignes voyageurs.

Dernièrement, Railcoop a pris un nouveau virage. Avec l’arrivée à la tête de la première coopérative ferroviaire d’Europe de Patrick Jeanjean, un entrepreneur lotois qui a pris la suite de Dominique Guerrée, les membres du conseil d’administration ont choisi un homme au profil plus tourné vers « l’entreprise ».

« Railcoop est lancé depuis maintenant trois ans, il faut désormais structurer la coopérative pour prendre une nouvelle direction », poursuit Patrick Jeanjean. Car l’enjeu est aujourd’hui double : assurer une levée de fonds suffisante (environ 40 millions d’euros pour financer les projets de nouvelles lignes de fret et voyageurs), mais également asseoir une crédibilité auprès des investisseurs.

« De nombreuses collectivités nous ont rejoints, intéressées par le fait de pouvoir désenclaver leur territoire », explique Patrick Jeanjean.

Pour l’heure, entre quatre et six wagons circulent sur la ligne de fret entre Capdenac et Toulouse, en passant par Gaillac. Des trains de fret devraient également rouler entre Capdenac et Rodez, entre Brive, Montauban et Toulouse à l’horizon 2023. Après cette date, d’autres liaisons sont envisagées jusqu’à Bordeaux ou encore Narbonne. « Nous comptons passer à dix-huit wagons dans un court délai », assure Alexandra Debaisieux, directrice générale déléguée de Railcoop. « La demande est là, plaide Patrick Jeanjean. Mais entre la volonté et la réalité il y a souvent un temps qui est plus ou moins long. À nous aussi de mieux nous faire connaître sur le territoire. »

Dans un même temps, les sociétaires de Railcoop travaillent à la mise en place d’une ligne voyageurs entre Bordeaux et Lyon. Elle passerait en plein centre de la France, et desservirait des gares qui n’ont pas accueilli un train depuis plusieurs décennies. Si l’horizon de son ouverture reste incertain, sa mise en service pourrait être effective « un an, voire un an et demi après la fin du tour de table entre les financeurs. Si nous avons déjà acquis les deux premiers trains, il nous reste à acheter sept autres rames », détaille Alexandre Debaisieux. La fréquence des trains a déjà été étudiée avec deux allers-retours par jour entre Bordeaux et Lyon ; un aller simple entre Montluçon et Lyon et un aller-retour entre Limoges et Lyon.

Dix autres lignes voyageurs ont été tracées comme Toulouse-Limoges-Poitiers-Le Mans-Caen-Saint-Brieuc dans l’Ouest de la France ; Thionville-Metz-Nancy-Dijon-Grenoble-Lyon-Saint-Etienne dans l’Est et le centre du pays. Les compagnies intéressées doivent aussi obtenir un certificat de sécurité délivré par l’Établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF). Reste à, les mettre en place. « Nous avons obtenu toutes les autorisations nécessaires, explique Patrick Jeanjean. Mais le temps des entreprises, qui est plutôt du temps court et celui des collectivités qui n’est pas le même doit coïncider. Il faut se développer et vite. Nous avons besoin de soutien. » Car Railcoop doit également penser à ses besoins de développement futurs et à son recrutement. « Il n’existe que peu de profils qualifiés dans le ferroviaire. Et ils sont très demandés. Nous devons également anticiper ces besoins pour les années à venir. »

Le chemin à parcourir est encore long pour Railcoop avant de s’assurer une certaine stabilité mais « nous sommes confiants car la demande est là et les faits nous donnent raison. Les déplacements en train sont plus que nécessaires », martèle Patrick Jeanjean.

Déjà 13 000 sociétaires ont adhéré au projet

Pour rappel, Railcoop a été fondé en novembre 2019 à l’initiative de son directeur général Nicolas Debaisieux, ancien haut fonctionnaire. En deux ans et demi, cette société coopérative d’intérêt collectif a réuni 13 000 sociétaires, dont 15 collectivités locales et une soixantaine d’associations et d’entreprises.
Elle a obtenu sa licence d’opérateur ferroviaire le 14 septembre 2021, puis le certificat de sécurité, et emploie 35 salariés. Elle a récolté 5 millions d’euros de capital social versé par les sociétaires et 2 millions de titres participatifs.

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