Mémoire des déportés juifs de l'Aveyron : "le livre de Simon Massbaum est d'une importance majeure"

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  • Serge Klarsfeld. Serge Klarsfeld.
    Serge Klarsfeld. -
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Le Département et l'Association pour la mémoire des déportés juifs de l'Aveyron (AMDJA), en partenariat avec l'Office national des combattants et victimes de guerre devait inviter Serge et Beate Klarsfeld, ce jeudi 16 février, à l'occasion de la sortie du livre de Simon Massbaum consacré au parcours des 391 Juifs déportés ayant vécu en Aveyron. Pour des raisons de santé, celui-ci ne pourra être présent.

Serge et Beate Klarsfled continuent de sillonner inlassablement la France. Que ce soit pour assister à des commémorations, pour inaugurer des plaques portant le nom de Juifs déportés ou encore pour promouvoir la sortie d'un ouvrage mettant en lumière la tragédie de la Shoah. Leur combat pour incarner cette mémoire dure depuis plusieurs décennies. Justement, ce jeudi 16 février au cinéma CGR, ils devaient inviter pour parler du livre de Simon Massbaum, le président de l'Association pour la mémoire des déportés juifs de l'Aveyron, qui vient de publier un ouvrage conséquent sur les parcours individuels, par communes, des 391 Juifs déportés ayant vécu en Aveyron. Cette venue est finalement repoussée à plus tard. Mais celui qui incarne ce combat pour faire connaître la vérité a tout de même tenu à s'entretenir avec nous sur le sujet. 

Quelle importance revêt la publication du livre de Simon Massbaum ? 

Sa publication est d'une importance majeure. Il permet de mieux comprendre comment 391 juifs qui avaient vécu en Aveyron et qui pour certains y avaient trouvé refuge ont pu être victimes de l'Allemagne d'Hitler. Ce livre est le fruit d'un long et patient travail qui a pris plusieurs années. Il s'agit d'un investissement total. On comprend d'autant mieux les rouages de la France de Vichy, et la manière dont les juifs ont été arrêtés puis déportés. Cette histoire doit être connue pour qu'elle ne tombe pas dans l'oubli. Il faut pouvoir expliquer comment nous en sommes arrivés là. Il faut connaître l'histoire avec précision et dans les moindres détails. Et ce qui a été rendu possible, notamment grâce à ce livre. 

Pensez-vous que cette histoire est aujourd'hui bien connue ? En particulier sur le plan régional ou départemental ? 

Même s'il y a des départements où cette histoire reste encore à écrire, d'autres ont fait le travail. Je pense notamment à Alexandre Doulut qui a mené un travail formidable dans le Lot-et-Garonne ou Christelle Bourguignant qui a entrepris un travail similaire dans le Lot. Un peu partout en France des historiens, mais également des personnes qui au départ n'étaient pas spécialistes, se sont lancées dans cette quête de vérité. Tout cela a commencé par la pose puis l'inauguration de plaques commémoratives et notamment en Aveyron où je suis venu à des nombreuses reprises. À Rodez, Millau. Je suis également très attaché à Conques, de par mon histoire familiale.

Quelle est-elle ? 

Il s'agit d'un membre de ma famille qui avait trouvé à Conques, alors qu'il avait fui à travers la France. 

Pensez-vous que l'histoire de la Shoah est aujourd'hui bien connue en France ? Qu'elle est suffisamment enseignée ? 

Oui, beaucoup de choses sont aujourd'hui faites pour que cette mémoire se perpétue. Dans toutes les classes, elle est enseignée et il existe encore de nombreux sites en France, comme le camp de Rivesaltes, Drancy, qui sont l'objet de visites régulières. Je ne suis pas inquiet de ce côté-là. Je ne suis pas non plus inquiet par la transmission de la mémoire et par ceux qui la porte aujourd'hui. En revanche, nous ne sommes jamais à l'abri d'attaques qui peuvent venir d'idées d'extrême droite ou d'extrême gauche. C'est pour cette raison que la mémoire de la déportation doit toujours être extrêmement précise et documentée. Elle reste incontestable. Il est important de continuer la défense de valeurs qui sont celles de la République. La connaissance de cette partie de l'histoire est fondamentale que ce soit pour la Francet mais bien évidemment pour l'Aveyron. 

Sur les 391 déportés ayant vécu en Aveyron, 30 ont survécu.

Non seulement l'Aveyron n'a pas échappé aux déportations mais, entre 1940 et 1944, l'ensemble des lois, décrets et circulaires édictés par le gouvernement de Vichy y ont été rigoureusement appliqués, " souvent avec zèle par les autorités préfectorales et leurs services de répressions, sans état d'âme".

"Nous avons constaté la mise en place d'un quadrillage resseré, qui aura permis la surveillance et la capture des Juifs réfugiés volontairement ou par contraite en Aveyron. A part de très rares exceptions, nous savons qu'il a été pratiquement impossible aux familles souhaitant s'échapper de passer à travers les mailles du filet des contrôles, des arrestations et des rafles."

Compte tenu du nombre de juifs recensés en Aveyron et ceux arrivés en novembre 1942, le nombre de déportés est important. D'une part, 29 % des 899 recensés en août 1942 et des 120 transférés au début janvier 1943 ont été déportés. D'autre part, en faisant le total des Juifs de l'Aveyron déportés et arrêtés dans et hors département, ce sont 1391 personnes sur 1 019. Soit 38 %. Dans tous les cas, nous sommes bien au-delà des statistiques de la France entière qui estiment que 25 % des Juifs de France ont été déportés."

Sur les 391 déportés ayant vécu en Aveyron, 30 ont survécu. Sur les 277 déportés arrêtés en Aveyron, 21 ont survécu. 

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