Réforme des retraites : ex-salarié de Sam, ce lamineur travaille le zinc "8 h par jour dans le bruit et la chaleur"

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  • La pénibilité, sans nul doute Jérémie connaît. Alors travailler deux ans de plus, "pour nous, c'est beaucoup". La pénibilité, sans nul doute Jérémie connaît. Alors travailler deux ans de plus, "pour nous, c'est beaucoup".
    La pénibilité, sans nul doute Jérémie connaît. Alors travailler deux ans de plus, "pour nous, c'est beaucoup". DR
Publié le , mis à jour
Adrien Valette

Suite et fin de notre série consacrée à la pénibilité au travail. Aujourd’hui, la parole est à Jérémie, lamineur au sein d’une usine métallurgique à Viviez. Témoignage.

Ex-salarié de la SAM deux ans durant, Jérémie travaille depuis maintenant 12 ans au sein d'une usine métallurgique viviézoise. Son entreprise travaille le zinc sous forme de feuilles ou de rouleaux. Lamineur, il précise : "Le zinc est liquéfié puis rendu solide par refroidissement. Mon métier, en tant que lamineur, consiste donc à réaliser de grosses bobines de 40 tonnes qui sont ensuite débitées".

Alors, à n'en pas douter et on le comprend aisément, la notion de pénibilité au travail résonne tout particulièrement aux oreilles de Jérémie. Au sein de son usine, "les fours atteignent une température de 500°C. Si l'hiver ça permet de réchauffer l'atelier, l'été en revanche, la chaleur est étouffante", avoue-t-il. Si les plus exposés cette chaleur extrême sont les fondeurs, situés en première ligne pourrait-on dire, on imagine la dureté du travail dans de telles conditions. "Je pense tout particulièrement aux fondeurs qui travaillent donc le zinc liquide et qui sont ainsi confrontés à l'écume formée par la matière. Cette écume, il faut l'enlever et là, pas d'autre choix que d'être face au four...", insiste le lamineur.

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"Quand j'en parle autour de moi, personne ne veut le faire !"

À la chaleur s'ajoute aussi le bruit. "Comme dans beaucoup d'usines me direz-vous, mais c'est réellement un critère de pénibilité à prendre en compte. L'ensemble du processus de l'usine occasionne du bruit : des ventilateurs d'eau, d'air et n'oublions pas les moteurs des machines. En résumé, c'est 8 heures par jour dans le bruit et la chaleur".

Mais ce n'est pas tout, à la chaleur et au bruit, Jérémie évoque également les contraintes du travail posté. "Je travaille en 4X8. C’est-à-dire que je travaille deux matins, deux après-midi, deux nuits. Et c'est fatigant...", avoue-t-il. "En fait, poursuit-il, c'est assez déroutant pour le corps. Il n'est pas rare de se réveiller en pleine nuit et de ne plus savoir si l'on est en retard ou si l'on est en repos".

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Travail de nuit : "C'est ce que tout le monde déteste le plus"

Et Jérémie d'ajouter : "Quand je vois les anciens à l'usine, c'est le travail de nuit le plus dur à gérer, c'est ce que tout le monde déteste le plus", avoue le lamineur de 42 ans. Et les horaires, en effet sont une réelle contrainte : "Quand on travaille le matin, on commence à 5 heures, soit levé 4 heures !", précise-t-il.

Et aux contraintes physiques, n'oublions pas les contraintes sociales : vie de famille, vie de couple, relations amicales... "C'est compliqué", assure Jérémie. "Avec ce système j'ai en réalité qu'un seul vrai week-end par mois : un samedi je suis du matin, le samedi suivant, je suis de l'après-midi, le suivant je travaille la nuit. Un seul vrai week-end dans le mois. Pour la vie de famille c'est pas forcément facile", témoigne-t-il. L'avantage du travail de nuit : 150 euros de plus par mois.  "C'est pas assez", déplore-t-il. Et il l'avoue : "Quand j'en parle autour de moi, personne ne veut le faire !". 

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"Deux ans de plus pour nous, c'est beaucoup"

Alors pour Jérémie, travailler jusqu'à 64 ans "c'est difficile à accepter". Et d'ajouter : "J'ai plusieurs collègues proches de la retraite et là, on leur dit non, faut faire 9 mois ou un an de plus... Et bien sûr, on voit que c'est pesant pour eux. On peut le comprendre non ? Au bout d'un moment, et je le ressens aussi, on est fatigué, on travaille dans des conditions particulières, je pense entre autres au travail la nuit, à mes 1 week-end par mois... Ce n'est pas trop demander d'avoir de pouvoir partir plus tôt... Deux ans de plus pour nous, c'est beaucoup. Se retrouver devant le four à 64 ans et écumer, je vous l'assure c'est compliqué", témoigne-t-il avec conviction certes, mais non sans désolation.

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