Disparition d'Emile, 2 ans : pourquoi les enquêteurs utilisent AnaCrim, le logiciel qui a permis de relancer l'affaire Grégory

  • Emile a disparu depuis le 8 juillet 2023.
    Emile a disparu depuis le 8 juillet 2023. Photomontage - Gendarmerie et MIKAEL ANISSET
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Émile, 2 ans, a disparu depuis maintenant neuf jours dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Le petit Émile, âgé de  2 ans, a disparu du hameau Haut-Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence depuis le 8 juillet 2023. 

\u203c\ufe0f#AppelàTémoins lancé après la disparition à #Vernet samedi 8 Juillet du petit #Émile 2 ans \u2b07\ufe0f pic.twitter.com/Z7JExQJKxB

— Gendarmerie nationale (@Gendarmerie) July 9, 2023

Des moyens considérables ont été déployés pour retrouver la trace du garçon. En vain. Les opérations de ratissage ont permis de fouiller un total de 97 hectares a été fouillé autour du village.

Les enquêteurs vont maintenant entamer un long travail d'analyse des 1 200 signalements reçus depuis le lancement de l'avis de recherche d'Émile. 

Ce lundi 17 juillet, l'enquête prend un nouveau tournant judiciaire. Le parquet de Digne-les-Bains annonce que l'enquête dite de flagrance devient une enquête préliminaire comme le prévoit la loi.

Comme le rappelle le cabinet d'avocat Bensadoun, la loi distingue deux types d’enquête : l’enquête dite préliminaire, "qui constitue le régime de droit commun", et l’enquête dite de flagrance, "qui confère plus de prérogatives aux forces de police mais qui ne peut être ouverte que si certaines conditions sont réunies".

Qu'est-ce qu'une enquête de flagrance ?

Comme le précise l’article 67 du Code de procédure pénale, l’enquête de flagrance ne peut être ouverte que si les faits constituent un crime ou un délit puni d’une peine d’emprisonnement.

La flagrance doit être caractérisée. Là encore, le cabinet d'avocat Bensadoun précise qu'un délit est qualifié de flagrant s'il "se commet actuellement ou qu'il vient de se commettre". Ou encore, si "dans un temps très voisin de l’action, la personne soupçonnée est poursuivie par la clameur publique, ou est trouvée en possession d’objets, ou présente des traces ou indices, laissant penser qu’elle a participé au crime ou au délit".

Qu'est-ce qu'une enquête préliminaire ?

L’enquête préliminaire est régie par les articles 75 à 78 du Code de procédure pénale. Toujours selon le cabinet d'avocat, "les policiers peuvent effectuer des perquisitions et saisies, accéder si nécessaire aux systèmes informatiques implantés sur les lieux où se déroule la perquisition, convoquer des personnes en vue de leur audition, mettre en garde à vue celles suspectées d’avoir pris part à la commission d’une infraction, requérir des expertises techniques et scientifiques".

Le recours à AnaCrim

Baptisé AnaCrim pour analyse criminelle, il s'agit d'un logiciel racheté par la société informatique IBM à la société I2, utilisé par de nombreux services de renseignements, la police judiciaire ou encore la gendarmerie nationale.

Comme le précise Sud-Ouest, AnaCrim est "un logiciel de balayage qui traite toutes les données d’une enquête précise. Il regarde ce qui a été fait et permet de mettre en lumière des carences ou des failles", expliquait il y a quelques années Yves Bianco-Brun, maître de conférences à l’université de Bordeaux et criminologue à nos confrères.

Cet outil permet en effet de traiter et de croiser de nombreux éléments recueillis par les enquêteurs, notamment lorsqu'ils sont très nombreux. Comme par exemple, les témoignages, les analyses ADN, les relevés bancaires, les relevés téléphoniques...)

À partir des données collectées, le logiciel permet d’en tirer des recoupements et de nouvelles pistes de travail.

"Il peut traiter n’importe quelle donnée matérielle (lieux, modes opératoires, indices…) ou humaine (suspect, témoin). Les recoupements d’informations peuvent se faire, par exemple, sur la base d’un graphe social, d’une ligne temporelle ou d’une carte géographique", détaille le site 01net.

AnaCrim est en capacité d'établir des liens entre différents dossiers. C'est ainsi que les gendarmes ont remonté la piste d'Arnaud Hopfner, surnommé "le routard du viol", condamné en 2016 à 18 ans de prison comme le rapporte La Dépêche du Midi.

Ces affaires que l'analyse criminelle a relancé en France

  • L'affaire Grégory, plus de 32 ans après la découverte du corps
     
  • L'affaire du meurtre de Montigny-lès-Metz qui a permis d'innocenter Patrick Dils et d'inculper Francis Heaulme
     
  • L'affaire Nordahl Lelandais et sa potentielle implication dans les disparitions non élucidées des deux adolescents, Lucas Tronche et Antoine Zoia en 2015 et 2016 dans le Gard. Ce qui, au final, ne fut pas le cas.
     
  • L'affaire Patrice Alègre
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