Crémation : des usagers chaque année plus nombreux en Aveyron, les causes sont multiples
Situés à Capdenac-Gare et à Rodez, les deux crématoriums aveyronnais voient leur activité augmenter d’année en année. Une tendance amenée à se renforcer et dont les causes sont multiples, à commencer par le manque de place dans les cimetières.
Un cadre arboré, un petit jardin du souvenir où les familles peuvent disperser les cendres et, sur le parking, une musique d’inspiration "zen" diffusée en sourdine. À l’intérieur, plusieurs îlots de fauteuils et canapés, autour de tables destinées au recueillement des familles en deuil, avec mouchoirs jetables à disposition… Situé sur les hauteurs de la ville, le crématorium de Capdenac-Gare, qui peut recevoir près de 110 personnes, a été le premier à ouvrir ses portes dans le département, en 2004.
Depuis 2020, un second est opérationnel, à Rodez, avec une capacité d’accueil de 150 places assises.
En 2022, les deux établissements ont procédé à 1 420 crémations, contre 203 pour le seul site capdenacois l’année de son ouverture soit, actuellement, une moyenne de quatre à cinq actes par jour. L’attrait est croissant pour cette pratique, dans l’Aveyron, où près de 3 500 décès sont comptabilisés chaque année selon l’Insee.
En 2030, une personne sur deux se fera incinérer
"Aujourd’hui en France, 45 % des personnes qui décèdent sont incinérées. Et selon plusieurs études, elles seront une sur deux en 2030", explique Nicolas Sender, responsable des deux sites aveyronnais.
Des données qui laissent présager d’un bel avenir pour les professionnels du secteur, dont l’entreprise OGF, qui gère les crématoriums aveyronnais, mais également plus de 80 autres à travers la France, ainsi que près de 1 200 agences funéraires (entreprises de pompes funèbres) et 600 maisons funéraires, où sont exposées les dépouilles. La forte hausse de la demande s’explique par plusieurs facteurs, selon Nicolas Sender.
Comme le manque croissant de place dans les cimetières, l’acceptation de la pratique par l’Église catholique, en 1963, ou encore l’éloignement des familles, qui pourraient avoir des difficultés à venir rendre hommage à leurs défunts. Autre donnée à prendre en compte : le coût parfois très élevé des concessions et de l’entretien des sépultures.
Aux côtés de Nicolas Sender, deux personnes, sur chacun des sites, font office de maître de cérémonie, avec la charge de mener les hommages devant proches et familles avant la crémation.
Un métier, explique-t-il, qui "demande d’être à l’aise dans la prise de parole en public, d’avoir de l’empathie mais aussi une connaissance de la législation funéraire".
Si le défunt n’a pas fait part de sa volonté d’être incinéré, ce sont ses proches qui décideront ce qu’il adviendra de son corps. Une fois l’incinération réalisée (elle dure entre 90 et 120 minutes dans un four à 850 degrés et nécessite une formation), l’urne est remise à un opérateur de pompes funèbres ou à la famille, qui a la possibilité de disposer comme elle l’entend – ou presque - des cendres de son parent.
Moins onéreux qu’une inhumation classique
"Il y a un cadre législatif qui dit que les cendres doivent être remises dans leur totalité dans une urne. Nous n’avons pas le droit de séparer les cendres. Mais quand l’urne sort, nous ne sommes pas derrière pour voir ce qui se passe", explique le responsable. Certaines familles dispersent ces cendres en pleine nature, sur un site funéraire (au sein des cimetières par exemple), en pleine mer (à plus de 300 mètres des côtes) voire depuis les airs. D’autres choisissent de faire disposer l’urne dans la tombe d’une personne proche du défunt.
Il est toutefois interdit de conserver une urne à domicile, une tolérance étant acceptée le temps que la famille puisse se réunir pour procéder à une dispersion des cendres. Son transport est autorisé en France, mais pas systématiquement à l’étranger.
Concernant le coût d’une crémation avec cérémonie, il est de 896 € à Capdenac-Gare et de 1 032 € à Rodez. À savoir moins onéreux qu’une inhumation classique, dont le prix moyen tourne autour des 3 300 €.
Avoir de l’empathie et savoir garder une forme de distance
Depuis 2012, un diplôme d’État encadre la pratique de la crémation afin de former au mieux les maîtres de cérémonies, confrontés au quotidien à la douleur de familles endeuillées.
"D’où l’intérêt d’avoir de l’empathie. Rapidement, les maîtres de cérémonies réalisent s’ils sont faits pour ce métier ou pas. Il ne faut pas être plus triste que la famille et tenter de garder une certaine forme de distance tout en étant discret", poursuit Nicolas Sender.
Le responsable, dûment formé et qui mène parfois des cérémonies, reconnaît que certaines sont plus éprouvantes que d’autres. "Au regard de l’âge de certains défunts ou des circonstances de certains décès", résume-t-il pudiquement.
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