Guerre Israël-Hamas : pourquoi la libération du deuxième groupe d'otages est finalement reportée ?

  • Le Hamas exige l'intervention de camions humanitaires avant de relâcher de nouveaux otages.
    Le Hamas exige l'intervention de camions humanitaires avant de relâcher de nouveaux otages. MAXPPP - MOHAMMED SABER
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En ce deuxième jour de trêve, les tensions perdurent entre Israël et le Hamas qui devaient procéder à d'autres libérations d'otages ce samedi.

La branche armée du Hamas palestinien a déclaré samedi 25 novembre 2023 qu'elle avait décidé de reporter la libération d'un deuxième groupe d'otages jusqu'à ce qu'Israël s'engage à autoriser l'entrée de camions d'aide humanitaire dans le nord de Gaza. Dans un communiqué, les brigades Al Qassam ajoutent que les otages présents à Gaza ne seront pas libérés si Israël ne respecte pas les critères convenus pour la libération des prisonniers palestiniens.

Un porte-parole de l'armée israélienne a confirmé le report de la libération des otages. "Il y a un report à l'heure où nous parlons de la libération des otages (...) et cette situation est évidemment gérée au plus haut niveau en Israël", a déclaré sur BFMTV le colonel Olivier Rafowicz, ajoutant que l'Etat hébreu avait respecté les termes de l'accord de trêve.

Osama Hamdan, représentant du Hamas au Liban, a affirmé que le gel de la libération des otages était lié au non respect des termes de la trêve par Israël concernant "l'aide, en plus des fusillades et de l'augmentation du nombre de morts". "Certaines de ces violations se sont produites hier et se sont répétées aujourd'hui", a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision Al Mayadeen.

Une prolongation de la trêve ?

Le Hamas palestinien devait libérer 13 otages israéliens ce samedi en échange de la libération de 39 prisonniers palestiniens, présentait le porte-parole de l'armée israélienne, Olivier Rafowicz. "Nous devons avoir un peu de prudence car il peut y avoir des changements de dernière minute", a-t-il cependant ajouté, notant qu'il y a encore au moins 200 otages actuellement aux mains du Hamas. "Pour nous tous les otages, qu'ils soient israéliens, juifs, chrétiens, arabes, thaïlandais, philippins ou autres ont la même importance", a-t-il précisé. "Nous sommes très heureux et très émus du retour de tous les otages, je dis bien de tous les otages", a-t-il insisté. Des sources au sein des services égyptiens de sécurité avaient auparavant rapporté que le Caire avait reçu du Hamas une liste de 14 otages devant être libérés ce samedi.

L'accord de trêve entre Israël et le Hamas prévoit la libération sur quatre jours de 50 otages israéliens en échange de 150 détenus palestiniens, d'une pause des combats et d'une augmentation de l'aide humanitaire. Une délégation qatarie s'est rendue en Israël samedi pour discuter d'une éventuelle prolongation de cette trêve qui a débuté vendredi entre le Hamas palestinien et Israël, a déclaré un responsable informé de cette visite. L'équipe opérationnelle qatarie s'est également coordonnée avec les responsables israéliens pour veiller à ce que la trêve et les libérations d'otages se poursuivent sans heurts, a ajouté ce responsable.

L'Egypte a indiqué samedi avoir reçu des signaux positifs de toutes les parties concernant une éventuelle prolongation de la trêve dans la bande de Gaza pour un ou deux jours. Diaa Rashwan, président du service d'information de l'État en Egypte (SIS), a déclaré dans un communiqué que son pays menait des discussions approfondies avec toutes les parties afin de parvenir à un accord sur la prolongation de la trêve de quatre jours entre Israël et le Hamas palestinien. Cela "signifie la libération de davantage de détenus à Gaza et de prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes", a-t-il ajouté.

Un premier groupe d'otages libéré vendredi

Parmi les otages libérés vendredi, des images diffusées par le centre médical pour enfants Schneider ont montré Ohad Munder, âgé de neuf ans, qui a couru dans un couloir du centre hospitalier avant de tomber dans les bras de son père. Lui et trois autres enfants libérés en même temps étaient en relativement bon état, a déclaré à la presse Gilat Livni, directrice du service de pédiatrie du centre hospitalier.

Certains eux ont évoqué les épreuves endurées, a-t-elle ajouté, sans plus de détails. "Ils ont partagé leurs expériences, nous sommes restés debout avec eux jusqu'à tard dans la nuit et c'était intéressant, bouleversant et émouvant", a-t-elle raconté.

Les combattants du Hamas ont libéré vendredi 24 otages - 13 Israéliens, 10 ouvriers agricoles thaïlandais et un Philippin - et Israël a ensuite relâché 39 femmes et adolescents palestiniens. Les familles des otages se sont félicitées de ce dénouement tout en ayant une pensée pour les personnes encore détenues à Gaza. "Je suis heureux d'avoir retrouvé ma famille", a déclaré Yoni Katz Asher, dont la femme Doron et les enfants Raz et Aviv ont été libérés vendredi. "Mais je ne me réjouis pas, je ne me réjouirai pas tant que le dernier des otages ne sera pas rentré chez lui", a-t-il dit.

La trêve entre Israël et le Hamas, la première signée en sept semaines de conflit, prévoit que 50 femmes et enfants détenus par le groupe palestinien soient libérés par étapes sur une période de quatre jours, en échange de 150 femmes et enfants palestiniens qui font partie des milliers de personnes détenues dans les prisons israéliennes.

Le problème des camions d'aide

Israël et le Hamas ont fait savoir que les hostilités reprendraient dès la fin de la trêve, même si le président américain Joe Biden a dit voir une possibilité réelle de prolongation de la trêve. Le chef de la Maison blanche a estimé que cette pause constituait une occasion cruciale d'acheminer de l'aide humanitaire à Gaza et a refusé de se prononcer sur la durée de la guerre entre Israël et le Hamas.

Israël s'est engagé à détruire le Hamas après l'attaque du 7 octobre où les combattants du groupe palestinien ont tué 1 200 personnes et pris environ 240 autres en otage après avoir franchi les barrières de sécurité autour de la bande de Gaza. Depuis lors, Israël a pilonné Gaza, tuant environ 14 000 personnes, dont près de 40% d'enfants, selon les autorités sanitaires palestiniennes.

Sur les 2,3 millions d'habitants de Gaza, des centaines de milliers ont quitté leurs logements. A la faveur de la trêve en vigueur, l'aide a commencé à affluer dans la bande de Gaza. Un convoi de l'Onu a ainsi livré de l'aide dans deux installations pour personnes déplacées dans le nord de l'enclave palestinienne pour la première fois depuis plus d'un mois, a indiqué le bureau humanitaire de l'organisation internationale. Quatre camions de carburant et quatre autres transportant du gaz domestique ont traversé le point de passage de Rafah pour entrer dans la bande de Gaza ce samedi.

Les Palestiniens, qui souffrent d'une grave pénurie de carburant en raison du blocus israélien sur l'enclave, ont fait de longues files d'attente pour remplir leurs bombonnes de gaz. Les organisations humanitaires ont également profité de la trêve pour évacuer les patients et le personnel de santé de certains hôpitaux du nord, touchés par des bombardements et un manque de carburant.

La peur est toujours présente

La Thaïlande s'est félicitée de la libération à Gaza de dix de ses ressortissants vendredi dans le cadre d'un processus distinct sous la médiation de l'Égypte et du Qatar. Elle a cependant souligné que 20 de ses ressortissants étaient toujours en détention. L'Iran a assuré avoir également contribué à la libération otages thaïlandais en fournissant une liste de noms au Hamas.

Parmi les personnes libérées figure Vetoon Phoome, un ouvrier agricole thaïlandais, dont la famille pensait qu'il avait été tué lors de l'attaque du 7 octobre, selon les déclarations de sa sœur, Roongarun Wichagern. "Je ne suis pas mort, je ne suis pas mort", a-t-il dit, a raconté sa soeur depuis son domicile dans le nord-est de la Thaïlande, qualifiant de "miracle" la survie de son frère, âgé de 33 ans.

Dans les foyers palestiniens, la joie de retrouver ses proches est teintée d'amertume. Dans au moins trois cas, avant la libération des prisonniers, la police israélienne a procédé à des perquisitions au domicile de leurs familles à Jérusalem, selon des témoins. La police s'est refusée à tout commentaire.

"Il n'y a pas de véritable joie, pas même cette petite joie que nous ressentons dans l'attente", a déclaré Sawsan Bkeer, la mère de Marah Bkeer, une Palestinienne âgée de 24 ans, emprisonnée pendant huit ans pour une attaque au couteau en 2015. "Nous avons encore peur de nous sentir heureux", a-t-elle ajouté.

A Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, Tahani Al Najjar, une Palestinienne qui a retrouvé sa maison en ruines, a déclaré qu'une pause dans les combats n'était pas suffisante. "Dites-moi ce que nous avons obtenu de cette trêve", a-t-elle demandé. "Qu'avons-nous obtenu de cette trêve? Vous n'avez fait que nous faire mal au cœur. Voulez-vous trouver une solution pour nous? Vous devriez faire une trêve permanente pour nous", a-t-elle déclaré.

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