Economie : "Une affaire de champignons" lance la myciculture à Rignac

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  • Charles Krieg et Camille Laboisette aux manettes de l’entreprise.
    Charles Krieg et Camille Laboisette aux manettes de l’entreprise.
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Anaïs Arnal

Après avoir "testé" différents métiers, Charles Krieg a finalement trouvé sa voie. Avec "Une affaire de champignons", le Rignacois et sa cousine Camille Laboisette proposent différentes productions de pleurotes, frais ou séchés.

Atypique semble être le juste mot pour qualifier le parcours de Charles Krieg. Après des études de psychologie à Albi, qu’il a arrêtées en cours de route, le jeune homme a suivi une formation de sellier-arnacheur avec l’Afpa de Decazeville.

"J'avais envie de créer quelque chose de mes mains"

"J’ai effectué ce virage à 180 degrés car j’étais lassé de la théorie, j’avais envie de créer quelque chose de mes mains", raconte le Rignacois, médaillé au concours du meilleur apprenti de France en 2015. "J’ai créé mon entreprise en couveuse mais il me manquait des contacts dans le milieu et je me suis rapidement retrouvé à faire le travail d’un maroquinier en fabriquant essentiellement des ceintures. Cela ne correspondait pas à ce que j’avais appris et comme j’ai fait le choix éthique de devenir végétarien en 2016, j’ai abandonné cette voie."

"J’ai fait énormément de recherches puis j’ai réalisé des tests chez moi pour voir si cela fonctionnait".
"J’ai fait énormément de recherches puis j’ai réalisé des tests chez moi pour voir si cela fonctionnait".

Charles Krieg s’est ensuite lancé comme moniteur de vie et de survie dans la nature. Formé dans les Pyrénées-Orientales, il a organisé des stages dans l’Aveyron pour le compte d’une entreprise qui a malheureusement déposé le bilan en 2017. Il a donc décidé de tenter le concours pour entrer dans la police. "J’ai réussi toutes les épreuves écrites mais j’ai été recalé à l’oral ; ils n’ont pas voulu de moi, je n’avais pas le profil recherché", regrette le bientôt trentenaire.

"Le côté laboratoire m'a intéressé"

Bien décidé à conserver son indépendance en travaillant à son compte, il s’est mis en quête d’une nouvelle activité. "Je suis tombé sur les vidéos d’un Américain qui avait monté une ferme à champignons et c’est le côté laboratoire qui m’a intéressé. Je me suis renseigné et j’ai constaté qu’il y avait peu de monde sur ce créneau en France. J’ai fait énormément de recherches puis j’ai réalisé des tests chez moi pour voir si cela fonctionnait. Comme les essais ont été concluants, j’ai recherché un lieu avec une cave et j’ai trouvé cet appartement de 26 m2 disposant d’une cave de 28 m2 en plein centre de Rignac où je suis installé depuis septembre 2022."

Leur mycélium se trouve à l’intérieur du tronc, la partie apparente est uniquement la fructification du champignon.
Leur mycélium se trouve à l’intérieur du tronc, la partie apparente est uniquement la fructification du champignon.

Son premier marché en novembre 2022

Charles Krieg était présent à son premier marché en novembre 2022 avec des pleurotes gris. "L’activité avait bien démarré. Outre les particuliers qui achetaient mes champignons sur les marchés, j’ai fourni plusieurs restaurateurs. Mais malheureusement, j’ai dû stopper mon activité en mai 2023 car j’ai développé une hypersensibilité liée à mon exposition aux spores des champignons qui m’a causé des problèmes respiratoires, de la toux et de la fièvre."

À la fin de l’été 2023, Camille Laboisette, 26 ans, cousine germaine de Charles Krieg, est arrivée à point nommé. "Titulaire de deux formations en gardiennage d’animaux et agent de sécurité, je cherchais un complément de revenus, alors nous nous sommes associés. Charles s’occupe du laboratoire où il ne risque pas d’être exposé aux spores et moi je gère la mise en cave et la récolte des champignons avec tous les équipements de sécurité qui s’imposent."

’ils cultivent des champignons lignicoles, c’est-à-dire des espèces qui poussent sur les arbres.
’ils cultivent des champignons lignicoles, c’est-à-dire des espèces qui poussent sur les arbres.

Des champignons lignicoles

La particularité des deux comparses d’"Une affaire de champignons" est qu’ils cultivent des champignons lignicoles, c’est-à-dire des espèces qui poussent sur les arbres. Leur mycélium se trouve à l’intérieur du tronc, la partie apparente est uniquement la fructification du champignon. "Les pleurotes que nous cultivons sont considérés comme des décompositeurs primaires tandis que les champignons de terre sont des décompositeurs secondaires, explique Charles Krieg. La majorité des fournisseurs sont des récoltants vendeurs qui se contentent de mettre des blocs en cave et de suivre la croissance. Nous, notre travail commence dès la génétique, par clonage ou par empreinte de spore."

Pour faire simple, Charles Krieg récolte un champignon dans la nature, prélève un morceau de tissu de ce champignon, le dépose sur une plaque stérile de gélose. Au bout de quelques jours à température ambiante, le mycélium, c’est-à-dire les racines du champignon, se développe. Ce mycélium est ensuite transféré dans un liquide nutritif stérilisé à base d’eau, de glucose et de malt. Le bocal est placé au réfrigérateur pendant plusieurs semaines le temps que le mycélium se développe.

""Une affaire de champignons" lance la myciculture à Rignac.
""Une affaire de champignons" lance la myciculture à Rignac.

"Pour vous donner un ordre d’idée, avec 2 ml de mycélium liquide, on peut produire jusqu’à une tonne de champignons", déclare-t-il. "Rentable me direz-vous, mais le processus de culture est long, environ six mois, et à la moindre contamination, tout est bon à jeter à la poubelle. Et puis, parfois, la génétique du champignon ne correspond pas à notre mode de culture."

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