Règles de répartition par pays, demandes d'asiles... Le Parlement européen durcit aussi le ton sur l'immigration

  • Le Parlement européen a tranché sur un nouveau "pacte immigration".
    Le Parlement européen a tranché sur un nouveau "pacte immigration". Wikimedia commons
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Nicolas Drusian avec Reuters

Alors que l'Assemblée nationale s'est déchirée sur la question du projet de loi immigration, le Parlement européen s'est mis d'accord pour un nouveau "pacte sur l'immigration".

Les représentants du Parlement européen et des pays membres de l'Union européenne se sont entendus mercredi 20 décembre 2023, après une nuit de négociations, sur un nouveau pacte sur l'immigration et l'asile après des années de débats acharnés sur cette question sensible.

Les États membres de l'UE se renvoient la responsabilité de l'accueil des nouveaux arrivants depuis 2015, lorsque plus d'un million de personnes, fuyant pour la plupart la guerre en Syrie, sont arrivées sur le sol européen. Depuis lors, l'Union européenne a durci le contrôle de ses frontières extérieures et ses règles sur l'asile.

Le bloc a également conclu des accords avec des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord pour permettre à un plus grand nombre de personnes de rester dans ces régions. Selon les données de l'UE, 100 000 personnes ont migré clandestinement vers l'Europe en 2020 et plus de 250 000 depuis le début de l'année.

Voici les principaux points de cet accord qui vise notamment à mieux répartir les demandeurs d'asile et à réduire l'immigration illégale.

Des règles de répartition imposées

Chaque pays de l'UE se verra attribuer une part des 30 000 personnes que l'Union est censée accueillir à tout moment chaque année en vertu de sa politique migratoire commune. Le nombre sera calculé en fonction du PIB et de la population du pays, du nombre de franchissements illégaux de ses frontières, notamment par des opérations de sauvetage en mer, et d'autres paramètres.

Les pays qui ne souhaitent pas accueillir de réfugiés pourraient en revanche soutenir les Etats hôtes en apportant une aide financière (évaluée à au moins 20 000 euros par personne et par an), matérielle ou humaine.

Procédure accélérée des demandes d'asile

Le pacte prévoit d'instaurer une nouvelle procédure accélérée aux frontières pour les personnes considérées comme peu susceptibles d'obtenir l'asile, afin d'éviter qu'ils séjournent longtemps sur le territoire de l'Union européenne. Leurs demandes d'asile seraient traitées dans un délai maximum de douze semaines et, en cas de rejet, ces personnes devraient être renvoyées vers leurs pays d'origine dans ce même délai.

Ce dispositif s'appliquerait à toutes les personnes jugées dangereuses, "non coopératives" ou originaires de pays tels que l'Inde, la Tunisie ou la Turquie, dont les demandes d'asile n'ont guère de chances d'aboutir. Les pays européens pourraient aussi recourir à cette procédure accélérée pour les personnes recueillies en mer, arrêtées lors d'une tentative d'entrée illégale ou déposant une demande d'asile à la frontière plutôt qu'en préalable à leur arrivée.

Avant d'approuver le pacte, des pays de "première entrée" comme l'Italie et la Grèce ont exprimé leur inquiétude quant à la viabilité du nouveau système, face au refus de certains États d'accueillir des migrants. Le suivi étroit des déplacements des migrants dans la zone européenne de libre circulation constitue un autre défi.

Des critiques des groupes de défense des droits de l'homme

Selon les groupes de défense des droits de l'homme, ce système risque de créer davantage de camps de rétention surpeuplés aux frontières européennes. Le nouveau pacte pourrait conduire à la détention prolongée de mineurs et se limite à éloigner les migrants plutôt qu'à les aider, estiment les défenseurs des droits de l'homme.

Le pacte devrait commencer à s'appliquer l'an prochain mais sa pleine mise en œuvre devrait prendre deux années environ.

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