Football : l'entraîneur de Rodez Didier Santini, un affilié corse face à Bastia

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  • Didier Santini (au centre), a joué pendant huit saisons à Bastia, avant d’en devenir entraîneur, chez les équipes de jeunes.
    Didier Santini (au centre), a joué pendant huit saisons à Bastia, avant d’en devenir entraîneur, chez les équipes de jeunes. Repro CP
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Guillaume Verdu

Rodez se déplace à Bastia, samedi 17 février. L’occasion pour son entraîneur de retrouver un club qui a beaucoup compté dans son parcours ainsi que sa vie personnelle.

"Vous venez de quel village ?" La question posée par un journaliste date de plus de trois décennies. Elle a été adressée au jeune Didier Santini, alors âgé de 20 ans, fraîchement débarqué à Bastia lors de l’été 1989, où il était prêté par Marseille.

"Tout le monde croyait que j’étais corse à cause de mon nom", sourit le natif de Marseille, issu d’un père italien et d’une mère cévenole. Il ne s’agissait donc pas d’un retour aux sources, car il ne compte aucun ascendant issu de l’Île de Beauté. Mais l’interrogation s’est finalement avérée prophétique.

Celui qui est désormais entraîneur de Rodez a passé plus de vingt ans en Corse durant sa carrière, comme joueur puis comme coach, et a développé des liens forts avec ce territoire. Au point de se sentir, aujourd’hui, "plus corse que marseillais", selon ses propos. "Ce peuple, ce pays m’a beaucoup donné. Si je suis aujourd’hui ce que je suis, je le dois beaucoup à Bastia."

"Une histoire d’amour immédiate"

Tout a commencé, donc, lors de l’été 1989, quand le latéral gauche en manque de temps de jeu à Marseille a été prêté au Sporting, alors pensionnaire de Division 2. "C’est fantastique de s’entraîner avec 18 internationaux tous les jours, cela m’a fait beaucoup progresser. Mais à un moment, il faut jouer", explique celui qui était barré par Eric Di Méco, à une époque où naissait l’hégémonie de l’OM version Bernard Tapie sur le football français. "Gérard Gili, mon entraîneur à Marseille, était ami avec Roland Gransart, en poste à Bastia, qui cherchait un arrière gauche en prêt, poursuit-il. Cela s’est fait comme ça. J’ai dit oui tout de suite."

Et bien lui en a pris. "Cela a été une histoire d’amour immédiate", résume Didier Santini. "C’est un club qui sait donner, qui est passionnant, qui vit parfois des trucs de fou, poursuit-il. Moi, j’avais une relation exceptionnelle avec le public, avec les gens. Je ne pense pas que j’aurais pu trouver un club qui me corresponde autant."

"Les supporters appréciaient sa mentalité, son esprit de guerrier, le fait qu’il donne toujours le maximum, se souvient l’ancien gardien Bruno Valencony, qui a été son partenaire durant sept ans à Bastia. Sa mentalité collait parfaitement avec le club."

L’idylle entre Didier Santini et le Sporting a duré huit ans. Elle a été faite de hauts, avec la montée en D1 en 1993 et la finale de la coupe de la Ligue deux ans plus tard (perdue contre Paris), Et de bas, comme "ses premiers mois sans être payé" ou une grave blessure à un genou. Elle a aussi porté la cicatrice d’un drame immense.

"La catastrophe de Furiani a été le début de ma vie"

Le 5 mai 1992, une tribune du stade de Furiani s’est effondrée lors de la demi-finale de Coupe de France Bastia-Marseille. Dans cette catastrophe, 19 personnes ont perdu la vie et 2 357 ont été blessées. Victime d’une rupture des ligaments croisés d’un genou quelques semaines plus tôt, Didier Santini était en tribunes pour assister à cette rencontre.

"J’ai encore du mal à en parler aujourd’hui", dit-il avec émotion. "C’est le début de ma vie, le moment où je comprends qu’il y a plus grave que le foot, reconnaît-il. Une blessure de plusieurs mois, ce n’est pas grave. On ne devrait pas mourir en allant voir un match de foot. Après cela, je suis devenu moins con."

En dehors des terrains, la Corse a aussi pris une place importante dans l’intimité de Didier Santini. Son ancienne femme est originaire de l’île, et il a eu avec elle deux enfants (dont Jérémi, aujourd’hui joueur à Chambly, en N2).

Malgré son attachement à Bastia, le défenseur a choisi de découvrir d’autres horizons. "J’avais l’impression de faire partie des meubles. J’avais besoin de me mettre en danger, de découvrir autre chose", dit-il à propos de son départ à Toulouse, en 1997. "En partant, j’ai beaucoup appris en découvrant d’autres choses sur moi-même", prolonge celui qui a ensuite porté les couleurs de Lille et Livingston, en Ecosse, avant de terminer sa carrière de joueur en Corse, à Bastia Gallia Lucciana puis à Borgo.

Il a entraîné dans trois clubs corses

Comme une évidence, c’est de nouveau sur cette île qu’a débuté sa carrière suivante, celle d’entraîneur. Après avoir passé ses premiers diplômes d’entraîneur, il a été en charge des 14 ans nationaux de Bastia. "Cela a été une belle aventure, rapporte-t-il. Je suis tombé sur une génération 1 991 assez exceptionnelle, avec notamment Wahbi Khazri, Benjamin Santelli (actuellement attaquant du Sporting en L2, NDLR.)" Malgré les bons résultats, tout ne s’est pas ensuite passé comme prévu. "J’ai voulu prendre les catégories au-dessus pour évoluer, cela m’a été refusé. Alors j’ai démissionné", rapporte-t-il.

Son parcours d’entraîneur s’est poursuivi dans d’autres clubs corses, à Calvi puis à Borgo. Ses bons résultats lui ont valu de grimper les échelons en débarquant en National, d’abord à Dunkerque, puis à Béziers et Saint-Brieuc. Avant de prendre la succession de Laurent Peyrelade à Rodez, lors de l’automne 2022, et d’accéder pour la première fois à un banc d’un club professionnel.

L’éloignement n’a pas effacé ses attaches avec la Corse. "J’y retourne dès que je peux, assure-t-il. Maintenant, je vais plutôt à Calvi, où vit ma fille. J’ai encore beaucoup d’amis à Bastia, qui seront tous contre moi samedi, ces enflures (rires) ! Je me suis fait beaucoup d’amis hors football. La Corse est un endroit fantastique, avec des gens à qui il faut savoir parler. Il y a tellement de personnes qui sont allées en vacances là-bas et qui n’en sont jamais reparti." Et c’est un peu le cas également d’un jeune footballeur à qui on prêtait des origines corses…

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