Abolition de la peine de mort : "Vous allez être gracié", Philippe Maurice, le dernier condamné à mort français, fut détenu… à Rodez

  • L'ancien condamné à mort Philippe Maurice.
    L'ancien condamné à mort Philippe Maurice. Capture d'écran - Emission de Thierry Ardisson
Publié le , mis à jour

Alors que Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort, vient de disparaître, Philippe Maurice, le dernier condamné à mort et premier à bénéficier de cette abolition, avait des "affinités" avec l'Aveyron. Récit.
 

Son histoire est indissociable de celle de Robert Badinter. On dit même de lui qu’il est le visage de l’abolition en France. Alors qu’il n’avait que 24 ans, en 1980, Philippe Maurice est le dernier justiciable français à écoper d’une peine de mort devant une cour d’assises. Celle de Paris, où dix-huit mois plus tôt, deux gardiens de la paix sont abattus lors d’un banal contrôle routier, près de la rue Monge. Serge Attuil, malfaiteur en cavale, refuse de se faire intercepter à bord d’un véhicule volé, il ouvre le feu et tue un policier.

Le visage de l'abolition en France

Il est abattu en retour. À ses côtés, un comparse : il tire aussi, un deuxième policier tombe. Il s’agit de Philippe Maurice, gamin de banlieue parisienne et fils d’un… lieutenant de police. Il est interpellé dans la foulée. Lors de son procès, lorsqu’il est rappelé par le président que "tout condamné à mort aura la tête tranchée", le public applaudit. Mais alors qu’il est incarcéré à Fresnes, et tente une nouvelle évasion, Philippe Maurice suit avec attention le débat public qui enflamme la France : pour ou contre la peine de mort.

Visite de Badinter en prison

Le 11 mai 1981, lendemain de l’élection de François Mitterrand, Robert Badinter, nommé ministre de la Justice, rend une visite symbolique à Philippe Maurice en prison. Il lui annonce : "Vous allez être gracié, l’abolition de la peine de mort est imminente. D’une certaine manière, vous allez symboliser désormais l’abolition elle-même". Deux semaines plus tard, sa peine est commuée en détention à perpétuité. Dans sa cellule, Philippe Maurice reprend les études, passe des diplômes et obtient une licence d’histoire en 1987. Spécialité : l’époque médiévale. En 1990, il rédige sa première thèse. Elle a pour sujet : "Les relations familiales en Rouergue et Gévaudan au XVe siècle". Lorsqu’elle sera éditée, Robert Badinter en signera la préface…

Il force un barrage à Saint-Geniez-d’Olt

Surtout, ce coin de France n’est pas inconnu pour Philippe Maurice. Car s’il a des attaches familiales du côté de la Lozère, le gamin de Paris a réalisé ses premiers larcins de l’autre côté de la frontière : en Aveyron. C’est ici même que celui qui s’est longuement battu contre l’administration pénitentiaire a connu sa première incarcération.

À la prison de Rodez plus exactement. C’était en 1977. Il venait d’être écroué pour avoir forcé un barrage de police du côté de Saint-Geniez-d’Olt. On découvrira aussi de la fausse monnaie dans son véhicule. Présenté devant le tribunal de Millau, Philippe Maurice écope de quatre ans de prison ferme. On lui avait aussi reproché des recels de voitures volées. Quelques mois plus tard, la prison de Rodez lui octroie une permission de sortie. Il prend la route vers Paris. Avec l’histoire qu’on connaît…

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