VIDEO. Aveyron : des œuvres de Pierre Soulages quittent le musée pour une exposition très attendue au Japon

Publié le , mis à jour
Philippe Routhe

Après l’expo Gutai au musée Soulages en 2018, l’exposition programmée à Kobé en 2020 voit enfin le jour, offrant l’opportunité au département de rester proche de l’archipel qui voue une certaine passion pour Jean-Henri Fabre.

Le 16 mars, au musée de Kobé, au pays du soleil levant, et jusqu’au 19 mai, se tiendra une exposition très attendue : « Pierre Soulages et Morita Shiryu ». C’est en quelque sorte la suite de l’échange initié par la mise en place de l’exposition « Gutai », qui a eu lieu à Soulages en 2018. Qui fut alors troisième exposition d’envergure en France sur ce mouvement Gutai après celle du Centre Georges-Pompidou (le Japon des avant-gardes 1986) et de la Galerie nationale du Jeu de Paume (Gutai 1999).

« On s’est rapproché du Japon depuis 2016 », glisse le directeur du musée Soulages, Benoît Decron, invité pour l’occasion à donner une conférence, en étant également co-commissaire de cette exposition, qui était prévu vers la fin de 2020. Une occasion de continuer à nourrir aussi l’échange avec ce pays qui voue une véritable admiration à l’entomologiste de Saint-Léons, Jean-Henri Fabre.

Le musée a d’ailleurs fait le choix de ne fixer aucune limite aux Japonais pour le choix des œuvres du musée pour cette exposition. Dix-sept œuvres de Pierre Soulages se sont en effet envolées vers la province du Hyogo. « Cette exposition au musée d’art moderne de Kobe participe au rayonnement international du musée Soulages », souligne Benoît Decron. « Nous œuvrons avec les États-Unis, l’Allemagne, le Japon, les trois pays où Pierre Soulages est le plus exposé dans le monde, hormis la France, et travaillons avec la Belgique, l’Italie… »

Dix-sept pièces du musée

Minutieusement emmaillotées par des techniciens de l’entreprise spécialisée Chenue, les dix sept pièces du musée soulages retenues pour l’exposition qui s’ouvre le 16 mars à Kobe ont été convoyées en camion jusqu’à Francfort avant d’être embarquées en avion-cargo pour Osaka. De là, elles ont été prises en charge par le plus gros transporteur japonais. Amandine Meunier a également assuré le constat d’état des pièces avant le départ, et sur place, où les caisses ne seront ouvertes que 24 heures après leur atterrissage, question de pression.

Une passion du Japon chez Pierre Soulages

Il n’en demeure pas moins que le Japon est resté un pays à part pour Pierre Soulages. « Il l’a découvert en 1958, y avait été exposé pour la première fois en 1953 dans le cadre d’une exposition collective. » Dans son allocution, Benoît Decron s’attachera d’ailleurs à évoquer cet attachement de Pierre Soulages pour le Japon. « L’exposition Gutai avait connu un grand succès à Rodez. Le catalogue de l’exposition est d’ailleurs épuisé », rappelle le directeur du musée, qui garde en tête la joie de Yutaka Mino, le directeur du musée de Kobe, et Yoshito Suzuki, la conservatrice, lors de leur venue à Rodez.

Des échanges jamais distendus entre le Département et le Hyogo

L’Aveyron et le Hyogo, c’est une vieille histoire, née notamment autour d’une autre figure aveyronnaise très prisée au Japon : l’entomologiste Jean-Henri Fabre. Il y a plus de 20 ans, l’impulsion avait notamment été donnée par Pierre-Marie Blanquet, alors élu au Département.
« Une relation qui ne s’est jamais distendue », confie le président du conseil départemental Arnaud Viala qui, à l’occasion de l’exposition Soulages- Shiryu, se rendra pour la première fois au Japon. En compagnie de Christine Presne, vice-présidente du Département en charge de la culture, et de deux collaboratrices du cabinet. « La convention de coopération qui nous lie au Hyogo porte sur des dimensions environnementales, économiques, de valorisation… Nous y rajoutons une dimension culturelle », complète Arnaud Viala.
Des échanges nombreux avec des visites régulières des Japonais en Aveyron rythment les relations entre les deux territoires. Le Département avait prévu de s’y déplacer en 2020 ou 2021, dans la foulée de l’exposition Gutai au musée Soulages, mais le Covid est passé par là… En février 2023, Arnaud Viala avait notamment accueilli Nobutaka Azuma, directeur du bureau européen du Hyogo, avec lequel était évoqué ce déplacement.
Sur place, Arnaud Viala a notamment programmé une rencontre avec le gouverneur du Hyogo, en marge de la présence à cette exposition. La petite délégation aveyronnaise, qui s’envolera en milieu de semaine prochaine pour un retour programmé dans la nuit de dimanche à lundi, a également prévu de rencontrer des chefs d’entreprises locaux et de se rendre également dans des établissements pour personnes âgées. « Nous avons une réflexion à mener sur le vieillissement. Nous devons trouver un modèle qui n’existe pas ». Et donc, des idées à trouver peut-être dans cet archipel où un habitant sur dix est âgé de plus de 80 ans.

« Pierre Soulages eut sa vie durant une passion du Japon chevillée au corps et à l’âme : des expositions, la dernière en galerie à Tokyo en 2020, des publications, des rencontres, des souvenirs », écrit Benoît Decron. Au rang de souvenirs, il faut citer la Premium imperiale, un prix attribué depuis 1989 par la famille impériale du Japon au nom de l’Association japonaise des beaux-arts. Pierre Soulages la reçut en compagnie notamment du réalisateur Akira Kurosawa. Rappelons également que l’artiste ruthénois avait été choisi pour la réalisation du « Vase » remis en guise de trophée pour la compétition de sumo.

Accompagné notamment du peintre Zao Wou-Ki, Pierre Soulages, lors de sa première venue au Japon, avait visité des musées, des galeries, des monuments et rencontra des personnalités, dont le peintre calligraphe Morita Shiryû. « Appartenant au Bokujinkai, “le peuple de l’encre”, et fondateur de la revue Bokujin faisant le lien entre les artistes occidentaux et japonais, Morita, natif du Hyogo, a contribué à faire publier Soulages, donc à le faire connaître par ladite revue, également dans la luxueuse publication Bokubi », met en avant Benoît Decron. Un directeur évidemment ravi d’une telle mise en lumière du musée de Rodez.

Direction le Japon pour plusieurs chefs d’entreprise

Coïncidence de dates, à l’heure où s’ouvre l’expo Soulages – Shiryu à Kobé, une délégation de la CCi Occitanie, comprenant notamment six entrepreneurs aveyronnais sera également au Japon. Mais la dimension de leur périple sera uniquement économique. « Comme nous l’avons fait lorsque nous sommes allés à San Francisco, l’objectif est de découvrir une culture économique sous l’angle des nouvelles technologies », explique l’Aveyronnais Christophe Palous, conseiller international Tech et services à la CCI Occitanie.
Au programme, 15 rendez-vous en trois jours et demi. Intelligence artificielle, ordinateur quantique, constructeur automobile Nissan, le plus grand site de commerce en ligne du japon Rakuten, le Crédit agricole du Japon, un journaliste de chaîne NHK… La délégation reviendra sans nul doute du pays du soleil levant avec une belle vue d’ensemble ! « On parle beaucoup de la Chine et des États-Unis, peu du Japon, je trouve que cela peut être très intéressant », lance Christophe Palous.
Et, autre coïncidence dans les agendas, la présidente de la Région, Carole Delga, est également en déplacement au Japon. Dans un agenda copieusement garni, du 5 au 12 mars, qui la mène de Tokyo à Nagoya, elle a gardé une place pour rencontrer cette délégation d’entrepreneurs d’Occitanie le 12 mars. Parmi eux, figurent donc des Aveyronnais. A savoir, Sandrine Egea (Asprières, PLC Process), Eliott Castillon (Rodez, Papaneon), Philippe Cammisar (Villefranche-de-Rouergue, BTP), Daniel Oliveira et Candice Peyrac Rozières (Rodez, CPR consulting), Emmanuelle Priou (La Loubière, C3RB).

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