Incendie d’une usine de batteries lithium en Aveyron : "concentration notable de certains métaux", "passif environnemental", ce qu’il faut retenir des derniers rapports

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  • Une manifestation de riverains a eu lieu mi-février dernier devant la mairie de Viviez.
    Une manifestation de riverains a eu lieu mi-février dernier devant la mairie de Viviez. DDM - A. M.
Publié le , mis à jour
Alexandre Maniez

Les rapports sur les conséquences du long incendie du site de stockage de batteries de la Sopave (Snam) à Viviez n’ont pas encore livré tous leurs secrets.
 

Lors du long incendie du site de stockage de la Sopave (Snam) à Viviez, qui a débuté le 17 février 2024, plus de 1 000 mesures ont été réalisées afin d’évaluer les risques sanitaires et environnementaux. Depuis, les communications de documents se faisaient plus rares, malgré plusieurs plaintes déposées pour "faire la lumière sur ce qui s’est passé". Mardi soir, la préfecture a publié de nouveaux rapports. Que faut-il en retenir ?

Des "anomalies"

Daté du 21 mars, le rapport complémentaire de l’Apave (spécialiste dans la gestion des risques) réalisé pour le compte de la Sopave (Snam) présente de nouvelles analyses des prélèvements des sols, eaux de surface, eaux souterraines, et végétaux (réalisés les 20 et 23 février). Si le document est technique et volumineux (près de 300 pages), sa lecture est éclairante.

Ainsi, afin de mesurer la pollution des sols, six prélèvements ont été réalisés à la tarière manuelle. Leur analyse relève plusieurs anomalies significatives. Pourtant selon l’Apave, ces résultats "ne mettent pas en évidence de lien entre les teneurs en substances retrouvées dans les sols et les potentielles retombées de fumées liées au sinistre."

Zinc, cadmium, cobalt, lithium et manganèse dans les eaux

Un raisonnement que l’on retrouve concernant les eaux de surface. Deux prélèvements ont été effectués dans des bassins de rétention des eaux d’extinction de l’incendie et deux autres dans le Riou Mort, en amont et en aval du point de confluence avec l’Enne. Et là aussi, si les résultats mettent en lumière des concentrations en métaux lourds (zinc), selon le rapport celles-ci "ne semblent pas imputables au sinistre survenu sur le site mais au fond géochimique du secteur d’étude".

Au niveau des eaux souterraines, les résultats analytiques des prélèvements qui ont été faits sur trois piézomètres (outils de surveillance de la nappe) indiquent de la même manière la présence "en concentration notable de certains métaux dissous" (cadmium, cobalt, lithium et manganèse), des composés entrant dans la composition des batteries présentes sur le site. Mais selon le rapport, ces anomalies, aussi observées en amont hydraulique du bâtiment incendié, ne permettent pas d’établir un lien direct avec le sinistre. "Les concentrations notables en métaux lourds sont potentiellement imputables au fond géochimique local."

Des teneurs supérieures en dioxines dans les végétaux "à destination d’alimentation animale" ?

Pour les végétaux (feuillage d’un arbuste et plants de pissenlits), dont le rapport signale la difficulté à trouver des échantillons représentatifs en période hivernale, le document souligne, dans le même état d’esprit, que "pour les substances analysées dans les végétaux et disposant de valeurs indicatives de référence (cadmium et plomb), ces dernières ne sont pas respectées pour l’échantillon de pissenlit", et "les dioxines et furanes présentent des teneurs supérieures au seuil pris en référence pour les denrées à destination d’alimentation animale".

Pourtant, là encore, le rapport décline tout lien avec le sinistre, "car on n’observe pas d’anomalie en dioxines et furanes dans les couches superficielles des sols, ni dans les prélèvements d’air et de suies des lingettes".

Le "passif environnemental" plus que l'incendie

Ainsi, malgré de nombreux marqueurs d’alerte, le rapport conclut à l’absence d’impact environnemental et sanitaire de l’incendie, et pointe la responsabilité sur "le passif environnemental de l’ensemble de l’aire d’étude (bassin minier de Decazeville)" ou encore sur le "fond géochimique local". Le rapport de l’Apave recommande tout de même une seconde campagne d’investigation concernant les eaux souterraines, mais aussi les denrées alimentaires à destination de la consommation humaine et animale.

Un plan de surveillance post-accident

Au-delà de ce volumineux rapport, et après plusieurs échanges entre les services de l’État et l’exploitant, un plan de surveillance sanitaire et environnemental post-accident vient d’être finalisé pour le site Sopave au lieu-dit "Le Crouzet". La préfecture de l’Aveyron vient d’en faire la communication.

Le plan concerne les eaux surfaces et prévoit notamment une seconde campagne de prélèvement au cours du deuxième trimestre et un prélèvement de sédiment au cours de l’hiver ; les eaux souterraines dans l’hypothèse de l’infiltration d’eaux d’extinction depuis les bassins de confinement ; mais aussi les sol et végétaux avec une nouvelle campagne de prélèvement prévue au deuxième trimestre, les produits animaliers dans l’hypothèse d’une contamination tertiaire et à la demande des riverains et enfin l’air extérieur.

Touché directement par les effets de l’incendie, l’air extérieur va faire ainsi l’objet d’un suivi renforcé, notamment via le réseau Atmo Occitanie pendant six mois avec suivi de la qualité de l’air à Aubin, Viviez et Decazeville ; la mise en place d’un suivi mensuel sur les secteurs d’Aubin, Montbazens et du Crouzet concernant les hydrocarbures aromatiques polycycliques et des dioxines dans les retombées de poussières atmosphériques ; la poursuite des mesures de métaux traceurs et enfin le suivi des métaux dans les particules inhalables (PM10) au Crouzet.

De nouvelles analyses

Enfin, toujours selon les services de la préfecture de l’Aveyron, de nouveaux résultats d’analyses devraient prochainement être communiqués et notamment les résultats de la surveillance de la qualité de l’air par l’Atmo, sur la base de prélèvements couvrant la période du 5 au 20 février, au plus près de l’incendie. En attendant, les dernières recommandations de l’agence régionale de santé restent en vigueur sur le territoire.

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Les commentaires (1)
Palourde Il y a 30 jours Le 27/03/2024 à 17:09

Ou comment se protéger l'un l'autre .. a toi a moi .. Jacques as dit ..