L'entraîneur de Montbazens a pris le sifflet à cause de la grève des arbitres

  • Nicolas Delmoly, entraîneur de Montbazens et arbitre d'un soir.
    Nicolas Delmoly, entraîneur de Montbazens et arbitre d'un soir. Centre Presse - Jean-Louis Bories
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Vincent Naël

Fait insolite : la rencontre de Départemental 2 entre Agen-d'Aveyron et Montbazens, samedi 22 février 2020, a été arbitrée par Nicolas Delmoly... l'entraîneur de l'équipe visiteuse.

Au moment de notre arrivée au stade Sébastien-Martin, au pied des Palanges, à Agen-d’Aveyron, il reste 50 minutes avant le début du match et l’arbitre n’est toujours pas là. Comme pour la grande majorité des rencontres de District du week-end des 22 et 23 février, l’homme en noir est en grève, à la suite de l’agression de l’un de ses homologues le week-end dernier.

Alors, c’est à la pièce qu’on décidera laquelle des deux personnes choisies par le FC Agen-Gages et l’US Montbazens prendra le sifflet. « Cela m’est déjà arrivé quatre fois et ça s’est toujours bien passé », sourit Yohan Sogues, entraîneur-joueur du club local.

Le président montbazinois, Francis Cristiano, regrette, lui, déjà d’être venu : « On aurait dû être tous solidaire de cette grève. Mais le District nous a dit qu’il nous enlèverait un point si on refusait de se déplacer. Et en cas d’arrangement entre clubs pour ne pas disputer le match, nous aurions eu - 1 tous les deux... »

Alors que le coach agentol lui dit qu’il pense la même chose et s’apprête à lancer le « protocole » devant la porte du vestiaire visiteurs, le dirigeant adverse enchaîne. « Parfois, on envoie un seul type au milieu d’une vraie boucherie. On devrait envoyer deux arbitres à chaque fois. »


« Cela contestait beaucoup plus »

Après cette tirade, le « toss » peut commencer. « 50 », choisit Yohan Sogues. Perdu, c’est face. L’homme au sifflet sera donc... l’entraîneur de Montbazens, Nicolas Delmoly. « Vous avez un chrono et un sifflet ? », demande ce dernier, avant de regagner son vestiaire pour assister au discours de son président. à l’instant de ressortir, il appelle les deux joueurs qui portent le brassard : « Capitaines ! Euh, Clément », rigole l’arbitre d’un soir lorsqu’il croise le regard de son « capi ». Delmoly se dirige ensuite vers le local de son équipe au lieu de celui des hommes en noir, puis fait demi-tour sous les chambrages. Une fois le chasuble jaune enfilé par-dessus le survêtement du club, les 22 acteurs peuvent le suivre. « En face, peut-être que ce sont les gars que j’ai eus en jeunes à Onet qui vont nous enterrer », lance Francis Cristiano, en haussant les épaules.

Après-match, une défaite 2-1 dans les valises, le dirigeant nous sort : « Ils nous ont bien enterrés. (rires) » Les Montbazinois restent derniers, mais leur coach-arbitre a été, selon l’entraîneur-joueur agentol, « loin d’être mauvais. Mais je n’aurais pas aimé être à sa place, parce que ça contestait beaucoup plus que lors d’un week-end normal. Pourtant, on avait donné la consigne de ne pas lui parler ». « C’était la première fois que j’arbitrais. C’est un exercice compliqué, mais ça s’est relativement bien passé », appréciait l’intéressé.

Son président confiait également sa satisfaction : « En plus, il n’a pas mis de carton. On n’a pas eu non plus à défrayer d’arbitre, donc financièrement, c’est tout bénéf’ pour les deux clubs. S’ils pouvaient aussi se mettre en grève le week-end prochain, pour qu’on refasse pareil. (rires) » « Par contre, il prendra ma place », répond Nicolas Delmoly, avant de se rendre à la buvette. Un samedi (presque) normal, quoi.
 

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