Aveyron : entre la traite des vaches et ses trois enfants, elle rêve d'être jurée d'un prix littéraire national

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  • Corinne Raynal (à gauche)trouve toujours une âme charitable pour lui prêter un livre. Corinne Raynal (à gauche)trouve toujours une âme charitable pour lui prêter un livre.
    Corinne Raynal (à gauche)trouve toujours une âme charitable pour lui prêter un livre.
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Centre Presse

Agricultrice à Prades-de-Salars, Corinne Raynal est une passionnée de lecture et par ailleurs (presque) jurée du prix des lecteurs du Livre de poche.

Corinne Raynal est une lectrice assidue de la bibliothèque de Salles-Curan. Lorsqu’elle participait aux Rencontres autour d’un livre, soirées mensuelles organisées par les bénévoles de la bibliothèque, elle proposait souvent de raconter des romans policiers qu’elle venait de lire. Elle avait alors une préférence pour la série "Millenium" de Stieg Larsson qu’elle résumait avec un enthousiasme tel qu’une amie lui a soufflé, un jour, l’idée de postuler pour être juré du "prix des lecteurs du Livre de poche".

Bonne idée ! Elle s’est donc inscrite sans hésiter, en octobre 2021, expliquant ses préférences et sa motivation et choisissant la catégorie "thriller policier". Fin décembre, elle recevait un mail de confirmation ; elle était retenue parmi 100 autres lecteurs dans la catégorie demandée pour l’année 2022. Elle reçut dès lors deux à trois livres par mois, qu’elle devait lire pour donner son appréciation, expliquer celui qu’elle avait préféré, via un compte Facebook créé spécialement pour les jurés.

Le rêve parisien s’est envolé

Dès le mois de septembre, le choix devait se porter sur un seul volume parmi les sept retenus par l’éditeur, et les jurés étaient ensuite invités à la cérémonie de remise des prix à Paris.

L’envie de se rendre à la capitale était intense pour Corinne Raynal car cela constituait le pic de fièvre pour cette dévoreuse de romans, mais sa situation ne lui a pas permis d’aller au bout de ce rêve. Maman de trois enfants, dont deux sont encore scolarisés, et agricultrice à Boulouis (commune de Prades-de-Salars) où elle gère, avec son mari Jérôme, des vaches laitières de race prim’holstein, elle ne peut guère se libérer si ce n’est pour de courtes vacances. Dix jours par an, au mois d’août. "Mais, dit-elle en riant, je m’évade par la lecture, je voyage à travers le temps et les pays." Très volubile, elle présente sur la table de la salle à manger une dizaine de livres qu’elle a aimés, en explique les raisons, en recommande certains même si ce ne sont pas des polars, comme "L’anomalie", "Changer l’eau des fleurs", "Les oubliés du dimanche" ou son dernier coup de cœur "Trois", et dévoile sa règle de conduite : "Je m’accorde une demi-heure de lecture chaque matin au petit-déjeuner (que je ne prends qu’après la traite des vaches), et le soir après la journée de travail et le repas, dans la quiétude retrouvée et dans mon fauteuil préféré. Je peux alors lire jusqu’à 1 heure du matin !" Dans le cocon de son roman, elle ne voit pas le temps passer.

En septembre 2022, elle a postulé pour participer aux votes 2023 mais n’a pas été retenue. Qu’importe, elle demandera de nouveau pour l’année prochaine. En attendant, elle lit tous les livres que ses amis lui prêtent ou lui offrent et qui remplissent les armoires et vitrines de la maison de Boulouis, sans compter ceux qui la tentent lors de ses visites à la bibliothèque de Salles-Curan. Cet amour de la lecture, elle le doit aux institutrices de son école primaire d’Arvieu (elle a grandi à Caplongue) et particulièrement à Marie-Paule Blanchys. Quant aux "Rencontres autour d’un livre", Corinne Raynal et d’autres lecteurs attendent impatiemment que les bénévoles de la bibliothèque les rétablissent après une trop longue pause.

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