Édito : Rodez embarqué malgré lui dans un tourbillon de polémiques, de procédures, de communiqués tapageurs et d’insultes
Après l'interruption du match à Bordeaux, le Raf a eu une victoire sur tapis vert, lundi 12 juin, qui lui a assuré le maintien en Ligue 2. Cette affaire a provoqué beaucoup de réactions, qui n'ont pas laissé insensible la rédaction sportive de Centre Presse.
"Tricherie", "simulation", "corruption sportive". Depuis deux semaines, le Rodez Aveyron football est accusé de tous les maux par les communiqués des clubs de Bordeaux et d’Annecy. Des mots rarement utilisés par des dirigeants à l’encontre d’autres clubs, quand bien même la courtoisie et la hauteur d’esprit n’ont pas toujours étouffé les responsables du football français ces dernières années.
Un tourbillon fait de polémiques, de procédures, de communiqués tapageurs et d’insultes sur les réseaux sociaux né après la rencontre interrompue entre les Girondins et le Raf, en raison de la bousculade de Lucas Buadès par un supporter adverse. Pendant une dizaine de jours, il a trop souvent été question de savoir si le joueur aveyronnais n’avait pas exagéré, pourquoi les responsables de Rodez avaient affirmé qu’il a été évacué vers l’hôpital et quelle était la durée de ses ITT. Comme si l’intrusion d’un spectateur sur le terrain en plein match afin de s’en prendre à un joueur adverse n’était pas un acte suffisamment grave en soi.
Se cacher derrière une vérité qui arrange
La décision de la commission de discipline de la Ligue de football professionnel de donner la victoire aux Ruthénois, lundi, n’a visiblement pas suffi à calmer les ardeurs. C’est certainement dû aux enjeux de fin de saison : Bordeaux, qui a fait une croix sur la Ligue 1, et Annecy, relégué en National en raison du succès du Raf, ont réitéré leurs attaques. Malgré les arguments de l’instance, invoquant les certificats de trois médecins différents pour établir la commotion de Buadès, ils ont continué à mettre en cause son honnêteté et celle de son club, sur l’appui de leur propre interprétation des images de la retransmission.
De quoi apporter dans le monde du ballon rond les procédures propres à l’ère de la post-vérité, déjà éprouvées dans l’arène politique. À savoir privilégier l’émotion à la raison, se référer à la loi de celui qui parle le plus fort ou encore se cacher derrière une vérité qui arrange.
Il y a bien une proposition de sortie de crise, à savoir de l’hypothèse de la Ligue 2 à 21 clubs défendue par Annecy, afin d’espérer un repêchage. Mais il est curieux de noter que cette idée argumentée à grands coups de "valeurs" et "d’équité sportive" a germé après la décision de la LFP de donner match gagné à Rodez. Les dirigeants haut-savoyards auraient certainement gagné en crédibilité s’ils avaient énoncé cette possibilité au lendemain du match interrompu, lorsque leur club était alors hors de la zone rouge en attendant les sanctions.
Il semblerait cependant que prêcher pour sa paroisse autorise beaucoup de choses, y compris l’outrance, la mauvaise foi et le manque de classe. Il faudra voir où ces pratiques, ainsi que la suite des procédures, mèneront Bordeaux et Annecy. Mais pour l’instant, l’attaque n’est pas la meilleure défense des intérêts particuliers.





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