Vente à perte du carburant : comment cela va-t-il se traduire à la pompe pour le consommateur ?

  • Alors que c'est une pratique strictement interdite en France, la vente à perte de carburants va être autorisée par le Gouvernement.
    Alors que c'est une pratique strictement interdite en France, la vente à perte de carburants va être autorisée par le Gouvernement. Illustration - Pexels
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Hervé Garric avec Reuters

Dans un entretien au "Parisien", Élisabeth Borne a révélé que les distributeurs pourront vendre de l'essence à perte "sur une période limitée de quelques mois", afin de leur permettre de " baisser davantage les prix".

Le gouvernement français va lever à titre exceptionnel et pour une période limitée l'interdiction de revente à perte sur les carburants, a annoncé la Première ministre, Elisabeth Borne, dans une interview publiée samedi 16 septembre par Le Parisien .

Je vous annonce qu'à titre exceptionnel sur le carburant et sur une période limitée de quelques mois, nous allons lever (l'interdiction de revendre à perte), ce qui permettra aux distributeurs de baisser davantage les prix", a déclaré la cheffe du gouvernement.

Elisabeth Borne a toutefois écarté une baisse des taxes sur l'essence et le gazole. "Chacun prend sa part", a-t-elle dit. " C'est normal de mettre à contribution les gros industriels. La responsabilité de l'Etat, c'est aussi de baisser son déficit et sa dette."

Qu’est-ce que la vente à perte ?

La vente à perte est une pratique qui consiste à revendre un produit en l’état au-dessous de son prix d’achat.

En France, une entreprise, comme une grande surface, n’a pas le droit de revendre à perte un produit qu’elle a acheté. Cette interdiction vise à éviter toute distorsion de concurrence : une entreprise pourrait décider de revendre à perte au début de son activité afin d’évincer la concurrence et de remonter par la suite ses prix pour s’installer durablement. L’interdiction de la revente à perte évite qu’un tel cas se produise. 

Dans le commerce, seules les périodes de soldes permettent aux commerçants de faire ce type de vente. Des soldes qui ne concernent pas, de fait, les produits pétroliers.

Pour rappel, vendre à perte le carburant est interdit par la loi depuis 1963.

Les prix vont-ils baisser ?

La grande surface, pour qui le carburant est un produit d'appel, demandait depuis très longtemps cette possibilité de vendre à perte. Pour les hypers et supers, cela permet d'attirer la clientèle qui une fois présente pour faire le plein de carburant, va aller faire ses courses sur place. Et la surface de se rattraper sur les marges alimentaires et autres. 

Il y a également les grands pétroliers, comme TotalEnergies, qui a déjà bloqué les prix à 1,99 €/l dans ses stations. Pour eux, les marges de distribution sont moins importantes que les marges de raffinage. Il pourrait donc y avoir des opérations ponctuelles avec vente à perte du carburant. À noter qu'aucun distributeur ou groupe pétrolier n'a pour l'instant réagi à l'annonce de la cheffe du gouvernement.

"Nous pompistes, il est hors de question qu'on vende à perte", a réagi à l'inverse le président du syndicat professionnel Mobilians Francis Pousse. Il représente 5 800 stations-service traditionnelles, à l'exclusion de celles des grandes surfaces. "Mes adhérents vivent à 40, 50% voire plus de la vente du carburant, donc s'ils vendent à perte, je leur donne trois mois". Il attend "des engagements rapides et fermes" du gouvernement pour protéger ses adhérents de cette "dérégulation du marché".

Une vente à perte pendant combien de temps ?

Élisabeth Borne évoque "une période limitée de quelques mois". Peu précise, la Première ministre n'a pas annoncé la date du début de cette opération, ni la durée ou son éventuelle reconduction dans le temps.

L'Etat fera-t-il un geste ?

Les taxes représentent plus de 60 % de la composition d'un litre de carburant. "La responsabilité de l'État, c'est aussi de baisser son déficit et sa dette" rappelle la Première ministre. La baisse des taxes à la pompe attendra.

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Les commentaires (2)
Altair3412 Il y a 8 mois Le 17/09/2023 à 17:39

Que de cynisme !
L'Etat prélève plus de 60% du prix de vente des carburants et il ose demander des ventes à perte ! ! !
Quelle honte ! ! !

Milsabords Il y a 8 mois Le 17/09/2023 à 13:40

Pathétique de faire une telle proposition, il faut avoir beaucoup d'imagination pour penser qu'un distributeur, pour les beaux yeux d'une premier ministre, va dans la durée se mettre à vendre à perte au risque de couler sa boite ! Un pt'it coup d'com, rien de plus ...