"Le RN n'a pas sa place" : la classe politique se déchire avant la marche contre l'antisémitisme à Paris

  • Une marche contre l'antisémitisme sera organisée à Paris, sur proposition de la président de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et le sénateur Gérard Larcher.
    Une marche contre l'antisémitisme sera organisée à Paris, sur proposition de la président de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et le sénateur Gérard Larcher. Centre Presse Aveyron - José A. Torres
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Nicolas Drusian avec Reuters

On vous résume les vives tensions et désaccords au sein des partis politiques avant la marche contre l'antisémitisme qui va se tenir à Paris ce dimanche.

La République française "ne transigera pas" et sera "impitoyable" face à l'antisémitisme, a déclaré mercredi Emmanuel Macron, alors que le pays connaît une résurgence d'actes antisémites depuis l'attaque du Hamas et l'offensive d'Israël dans la bande de Gaza. "Aujourd'hui, l'antisémitisme refait surface, dans les mots, sur les murs. Il s'affiche sans crainte et sans honte", a déclaré le chef de l'Etat lors d'un déplacement au Grand Orient de France dans le 9e arrondissement de Paris. "La République ne transige pas, ne transigera pas et nous serons impitoyables face aux porteurs de haine."

Depuis le 7 octobre et l'attaque surprise du Hamas, 1 159 actes antisémites ont été recensés en France, ce qui correspond à trois fois plus d'évènements de ce type enregistrés que sur l'ensemble de 2022, a détaillé mercredi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, au Sénat.

Mardi, la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, et le président du Sénat, Gérard Larcher, ont appelé "tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République" à participer dimanche 12 novembre 2023 à une "grande marche civique" contre l'antisémitisme. Mais la manifestation, qui se voulait une démonstration de concorde nationale, a vite été empêtrée dans une polémique sur la présence annoncée du Rassemblement national (RN) dans le cortège.

Un marche en présence d'Emmanuel Macron ?

Devant le Grand Orient, Emmanuel Macron n'a pas indiqué s'il se rendrait à cette marche civique, à laquelle doit participer la Première ministre Elisabeth Borne, mais a renvoyé dos-à-dos - sans les nommer - l'extrême gauche et l'extrême droite sur leur position face au conflit au Proche-Orient et à l'antisémitisme. "Veillons à (éviter) toutes les confusions dans une époque où les uns préfèrent rester ambigus sur la question de l'antisémitisme par souci de flatter de nouveaux communautarismes. Et les autres prétendent soutenir nos compatriotes de confession juive en confondant le rejet des musulmans et le soutien aux juifs. En refusant, ceux-là même, de condamner clairement leur position passée", a déclaré le chef de l'Etat.

Quels partis politiques seront présents à la marche ?

La France Insoumise (LFI), dont la position sur le Hamas est vivement critiquée, a annoncé mercredi qu'elle ne participerait pas à la marche organisée dimanche, dénonçant la présence du RN "qui trouve ses origines dans l'histoire de la collaboration avec le nazisme", a indiqué la formation d'extrême gauche dans un communiqué.

Le parti Europe Ecologie Les Verts (EELV) a pour sa part assuré qu'il serait présent, mais il a exigé que Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher demandent au RN de ne pas venir. Le parti a aussi appelé à la formation d'un "cordon républicain" dans le cortège pour être séparés des représentants RN et d'extrême droite.

Même au sein du gouvernement, la gêne est palpable. Interrogé à l'issue du conseil des ministres, le porte-parole de l'exécutif Olivier Véran a jugé mercredi que "le RN n'a pas sa place" dans la marche contre l'antisémitisme. Au sein de la majorité, plusieurs ministres seront dans le cortège, a annoncé la Première ministre Elisabeth Borne.

Interrogée sur la polémique mercredi sur RTL, la députée RN Marine Le Pen a rappelé la rupture avec son père, Jean-Marie Le Pen, condamné pour contestation de crime contre l'humanité après avoir qualifié les chambres à gaz de "détail" de l'histoire de la Seconde guerre mondiale. "Cette rupture (...) n'a pas été très facile pour moi parce que, quand il y a des gens que vous aimez et qui tiennent des propos ou ont des comportements qui vous choquent, ou qui vous heurtent, c'est pas très facile d'en tirer les conséquences. J'en ai tiré les conséquences", a-t-elle dit.

L'extrême-droite sera aussi représentée par le parti reconquête, Eric Zemmour et Marion Maréchal ont annoncé leur présence.

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