Marche contre l'antisémitisme : polémiques, incidents, une unité en trompe l'oeil en France ?

  • Question : peut-on être contre l'antisémitisme et en même temps anti-israélien ?
    Question : peut-on être contre l'antisémitisme et en même temps anti-israélien ? MaxPPP - Flavio Brancaleone
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Laurent Roustan, avec Reuters

Les Français ont été appelé ce dimanche 12 novembre à marcher contre l'antisémitisme. S'il y a un semblant d'accord entre les différentes composantes politiques et sociétales, ce ne sont pas tout le temps pour les mêmes raisons. Explications.
 

Les Français sont appelés à marcher ce dimanche dans les rues de Paris et d'autres villes pour dénoncer la recrudescence des actes antisémites depuis la reprise du conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.

Le chef de l'Etat ? Les manifs, pas son truc

Le président Emmanuel Macron, dont l'absence annoncée à ce rassemblement a suscité de nombreuses critiques, notamment de responsables politiques et de personnalités de la communauté juive, a souhaité dans une "Lettre aux Français" publiée dans Le Parisien que cette initiative de la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et du président du Sénat, Gérard Larcher, envoie un signal "d'unité". "Une France où nos concitoyens juifs ont peur n'est pas la France", écrit le chef de l'Etat, en dénonçant "l'insupportable résurgence d'un antisémitisme débridé".

Depuis l'attaque du Hamas contre Israël e 7 octobre, 1.159 actes antisémites ont été recensés en France, ce qui correspond à trois fois plus d'évènements de ce type enregistrés que sur l'ensemble de 2022, a dit mercredi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, au Sénat.

Répétant sa promesse de ramener l'antisémitisme "à la seule place qui doit être la sienne : devant les tribunaux et derrière les barreaux", en référence aux "centaines d'arrestations (...) réalisées" et aux "dizaines de procédures judiciaires ouvertes" ces dernières semaines, Emmanuel Macron dit vouloir "l'unité des Français".

Unité de façade

La semaine écoulée a pourtant été émaillée de polémiques, à commencer par celle, entretenue par son propre gouvernement, sur la légitimité de la présence dans le cortège du Rassemblement national (extrême droite), en raison du passé ouvertement antisémite de ses fondateurs, Jean-Marie Le Pen et d'anciens collaborateurs de l'Allemagne nazie et Waffen SS.

De l'autre côté, la France insoumise (LFI, extrême gauche), dont certains dirigeants comme Jean-Luc Mélenchon ont multiplié les propos jugés provocateurs depuis la reprise du conflit à Gaza, se refusant notamment à qualifier le Hamas de "mouvement terroriste", a justifié son absence à la marche par cette présence de l'extrême droite.

Les autres partis de gauche, alliés à LFI au Parlement, ont en revanche annoncé qu'ils participeraient bien à cette marche, comme ils ont participé la veille à une autre marche pour appeler à un cessez-le-feu à Gaza et à la protection des civils palestiniens, qui a réuni selon la police plus de 16.000 personnes.

Contre l'antisémitisme, mais pro ou anti-Palestiniens ?

La France Insoumise a donc fait cavalier seul en invitant ses militants  à se réunir au square des Martyrs du Vélodrome d'hiver, ce dimanche en fin de matinée. Sous les huées de manifestants juifs qui scandaient "Honte à vous".

La présence du RN interroge aussi sur les réelles motivations de l'extrême droite dans ce rassemblement : est-ce moins pour dire non à l'antisémitisme que pour dire non aux musulmans en général et aux Palestiniens en particulier ? Ce samedi 11 novembre en soirée à Lyon, l'ultra droite a attaqué aux tirs de mortiers une conférence sur la Palestine, où trois personnes ont été blessées.

Plusieurs responsables musulmans en France ont eux déploré qu'il n'y ait "pas un mot sur l'islamophobie" de prévu dans ce rassemblement en annonçant leur non-participation à cette marche.

Bref, la société comme la politique françaises sont à l'image des deux bélligérants de ce conflit israélo-palestinien qui n'en finit pas : , enchaînant les amalgames, irréconciliables, chacun pensant avoir la bonne posture, et le tout en ordre dispersé. Mais il est vrai que cette marche n'est pas organisée pour demander un cessez-le-feu au Proche Orient.

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Les commentaires (2)
Milsabords Il y a 6 mois Le 12/11/2023 à 14:45

Tiens, il y a peu on nous expliquait que l'étoile bleue était un symbole antisémite et on la retrouve dans cette manif, curieux ...

Palourde Il y a 6 mois Le 12/11/2023 à 14:27

Les Français ont été appelé ce dimanche 12 novembre à marcher , marcher ,marcher :)