Cyclone Belal à La Réunion : son avion cloué au sol avant l'alerte rouge, un Aveyronnais et ses proches racontent

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Au moment où la première alerte a été déclenchée, le vol de Dominique Garrigues a été annulé. Il a gardé contact avec ses proches du mieux qu'il a pu lors du passage du cyclone Belal.

"J'ai eu un ami au téléphone. Il m'a dit qu'il n'avait jamais vu ça". Dominique Garrigues, 25 ans, vit en Aveyron depuis 5 ans. Chaque année, il retourne au moins une fois à La Réunion où vit toute sa famille, mais son vol était programmé pour ce samedi... 24 heures avant l'impact du cyclone Belal.

"Je prends toujours un vol en correspondance avec AirFrance. D'abord de Toulouse jusqu'à Paris, puis Paris jusqu'à La Réunion. Au début à Toulouse, c'était bon. Et arrivé dans l'aéroport à Paris, j'ai vu que le vol était annulé". Plusieurs centaines de personnes, dont Dominique Garrigues, sont restées bloquées dans la capitale sans savoir quand ils pourraient s'envoler. "Il y avait toute une équipe mise en place pour répondre à nos demandes, c'était un peu du cas par cas. Certains revenaient de vacances pour rentrer à La Réunion, d'autres partaient en vacances... C'était super compliqué".

La première nuit d'hôtel a été offerte à Paris, mais les suivantes étaient à charge de chaque voyageur sans qu'ils ne sachent exactement quel jour un vol serait à nouveau proposé. Dominique a fait le choix de rentrer en Aveyron dès le dimanche pour mieux repartir la semaine suivante, avec, espérons-le, un grand ciel bleu pour l'accueillir. 

Les dégâts, quelques heures après l'alerte violette.
Les dégâts, quelques heures après l'alerte violette. DR

"Depuis 1999, on n'avait pas eu d'équivalent"

Dans la nuit de dimanche à lundi, La Réunion est passée en alerte violette. Un niveau que Dominique Garrigues n'a jamais connu lors de ses années passées sur l'île. "Pourtant, j'ai déjà vu des alertes rouges assez énervées. En 2007, le cyclone Gamède est celui qui m'a le plus marqué. On est habitué aux cyclones, mais là visiblement c'était vraiment un truc de fou. Même les secours n'avaient pas le droit d'intervenir".

Le père de Dominique, Francis Garrigues, joint par téléphone à La Réunion, explique qu'il peut se permettre "de passer la tête dehors au passage des cyclones" habituellement, mais certainement pas lors du passage de la tempête Belal. "Là, ça aurait été vraiment dangereux d'aller dehors. Depuis 1999, on n'avait pas eu d'équivalent". Le cocotier du jardin peut en témoigner. Lui qui a survécu à bien des tempêtes se retrouve incliné "d'au moins 20°", à moitié déraciné. 

Des arbres ont été couchés par les vents.
Des arbres ont été couchés par les vents. DR

Dehors, dans les rues, "il y a beaucoup de mangues et de fruits sur le sol, les arbres fruitiers ont été couchés. L'association de vent fort et de pluie fait le même effet que la grêle, on voit les feuilles étendues partout en petits morceaux".

Les arbres fruitiers n'ont pas résisté aux bourrasques.
Les arbres fruitiers n'ont pas résisté aux bourrasques. DR

L'alerte violette "a fait peur à beaucoup de gens"

Dès l'alerte orange le samedi, Francis Garrigues a suivi les consignes en achetant des provisions, des bougies et des allumettes, ainsi que des réserves d'eau potable. "On en profite aussi pour préparer le jardin en rentrant tout ce qui pourrait s'envoler et on renforce un peu les arbres. Nous par exemple, nous avons une piscine, il a fallu placer des chaînes pour éviter que la bâche s'envole". Puis a été déclenchée l'alerte rouge à 20 heures (heure locale). "Il n'y avait pas encore de vent. C'est finalement vers 7 ou 8 heures que ça a soufflé très fort". Les bourrasques se sont déchaînées pendant presque 3 heures avant une courte accalmie, quand l'île de La Réunion se trouvait dans l'œil du cyclone. "Puis c'est reparti pendant 2 heures, durant lesquelles le vent avait tourné".

L'électricité a été coupée une bonne partie de la journée chez le père de famille, contrairement au cousin de Dominique, Adrien-François, qui habite en appartement à Saint-Denis. "Pendant quelque temps dans la soirée je n'avais plus accès aux applications et aux réseaux, mais c'est vite revenu". Pour le jeune homme de 26 ans qui a grandi à La Réunion et qui sait "à quoi s'attendre en cas de cyclone"; les rafales étaient "d'une rare puissance par rapport aux autres années". 

Durant de longues heures, l'alerte violette a été déclenchée, ce qui "a fait peur à beaucoup de gens", estime Adrien-François. "Des alertes rouges, on en a déjà connu, mais pour ma part je crois que c'était la première fois qu'on passait en alerte violette. Ceux qui comme moi habitent dans les ravines, le vent et la pluie nous maintiennent un peu éveillés. Je pense que certains ont dû avoir le sommeil un peu agité ! Finalement, il y a eu plus de peur que de mal". 

Des voitures n'ont pas eu beaucoup de chance.
Des voitures n'ont pas eu beaucoup de chance. DR

Comment esquiver une semaine de vent et de pluie

Les vacances de Dominique Garrigues ont donc été décalées d'une semaine, et le jeune homme peut maintenant s'en amuser. "Ce n'est pas plus mal, car si j'étais arrivé avant la tempête, j'aurais eu une semaine de mauvais temps et et j'aurais passé les premiers jours en confinement. Là au moins, je sais que dimanche matin, lorsque j'arriverai, tout sera plus calme et je pourrai profiter du beau temps !"

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