Manifestations des agriculteurs : le viaduc de Millau, devenu théâtre de la grogne

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  • Les tracteurs ont traverséle viaduc de Millau pourune opération escargotde grande ampleur sur l’A75 depuis Sévérac-d’Aveyron avant de descendre dansle centre-ville de Millau.
    Les tracteurs ont traverséle viaduc de Millau pourune opération escargotde grande ampleur sur l’A75 depuis Sévérac-d’Aveyron avant de descendre dansle centre-ville de Millau.
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Midi Libre

Hier, les agriculteurs aveyronnais ont porté leur colère sur le viaduc de Millau et sont déçus des annonces.

Jeudi, les tracteurs avaient écumé le nord de l’A75 au départ de Sévérac-d’Aveyron. Hier, ils ont choisi le sud et l’emblématique viaduc de Millau pour ralentir le trafic sur le principal axe routier de l’Aveyron. Le convoi des tracteurs sur l’autoroute a brillé par sa lenteur. Derrière, plus le temps passait, plus la file de véhicule s’allongeait, sans que les automobilistes ne marquent leur mécontentement avec un trafic anormalement dense sur ce trajet apprécié pour sa tranquillité en temps normal.

La vitesse moyenne (très) faible a laissé le temps aux nuages concentrés au-dessus de Millau de se dissiper pour offrir de belles images une fois le convoi lancé sur l’ouvrage qui fêtera ses 20 ans cette année. La symbolique est donc forte pour ce mouvement qui, semble-t-il, ne s’essoufflera pas demain.

Il suffit de monter à bord d’un tracteur pour saisir toutes les marques de soutien et d’affection des badauds, en nombre sur les bords des routes, à Creissels et à Millau, pour accueillir les agriculteurs et la richesse indéniable qu’ils représentent en Aveyron. Une richesse dont tout un département porte en étendard. Peut-être que les services de l’État auront moins apprécié la "décoration" à la paille, lors du massage du convoi devant la sous-préfecture. "L’opération sur le viaduc était très bonne, on est satisfait d’avoir pu tenir deux points de blocages", souligne Julien Tranier, coprésident des Jeunes agriculteurs de l’Aveyron.

Sur l’aire de l’Aveyron, à Sévérac, autour d’une boisson chaude ou d’une pause à la cafétéria, les automobilistes échangent sur leurs temps de trajets. Lydie arrive de la Loire et a été ralentie à cause du défilé dans un autre département. "Logiquement, on aurait dû être arrivés à l’heure qu’il est (19 heures, NDLR), sourit-elle. Mais ce n’est pas grave, sans eux on n’a plus de lait, plus de céréales, on en a besoin." Entre deux plateaux, on évoque, avec le sourire, les "trois heures pour faire 150 km". "Et vous avez des nouvelles de Millau, le viaduc est bloqué ?"

"Arrêter le libre-échange"

Au coin d’un résidu de palette qui brûle sur le rond-point de Sévérac, quelques contestataires écoutent scrupuleusement les paroles du Premier ministre Gabriel Attal, sur leur téléphone. Si les représentants locaux des fédérations agricoles "posent et débriefent" avant de livrer la moindre réaction, les autres sont plus directs. "C’est de l’enfumage, tout simplement !", lance spontanément l’un d’entre eux. Christophe, éleveur bovin développe : "Pour le gasoil, on s’en doutait à 120 % qu’ils allaient faire ça. Mais ce n’est pas avec ce genre de mesures que demain, on sera plus riche…"

"Poursuivre le mouvement ce samedi"

Globalement, cette prise de parole, pourtant très attendue de la part des agriculteurs, déçoit le petit groupe présent sur la base de vie sévéragaise en attendant le retour du reste du convoi. "On veut arrêter le libre-échange. Si on n’a pas les mêmes normes que dans les autres pays, il faut taxer, on est en train de tuer la qualité à petit feu", regrette Christophe entouré de confrères qui abondent dans son sens.

Dans le Sud-Aveyron, la cinquantaine de tracteurs qui a défilé ce vendredi ne va pas quitter le rond-point de Sévérac tout de suite. Après le débriefing et la visio avec la direction nationale de la fédération agricole, les représentants locaux sont sortis de leur réserve. "On a trouvé la liste très incomplète, on attendait clairement plus, il manque beaucoup de choses, regrette Julien Tranier. On va continuer, on sera là. On maintient les deux points de blocages et on va aviser de comment continuer."

Déçus, mais pas abattus par cette sortie du Premier ministre qui s’est pourtant annoncé aux côtés des agriculteurs.

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