L'Aveyron devra "apprendre la sobriété" face aux sécheresses à venir, déclare le préfet Charles Giusti

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  • « La question de ce déficit est sans doute quelque chose qui est appelé à se poursuivre », affirme Charles Giusti.
    « La question de ce déficit est sans doute quelque chose qui est appelé à se poursuivre », affirme Charles Giusti. Centre Presse Aveyron - X.B.
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En déficit de pluviométrie depuis presque deux ans, l’Aveyron croise les doigts et espère un mois de mars très arrosé. Au lendemain d’une réunion avec le ministre de la Transition écologique, le préfet Charles Giusti évoque les différentes hypothèses.

Quel était l’objectif de votre entretien avec les ministres Béchu (Transition écologique) et Couillard (secrétaire d’État chargée de l’Écologie) qui a eu lieu ce lundi 6 mars ?
À la fois faire un bilan rapide de 2022, voir les prévisions, la situation météo. Et puis balayer les cas d’ores et déjà compliqués, les cinq départements déjà concernés par des mesures de restriction. Il faut qu’on se revoit à la fin de la période de recharge puisque les que les mois qui comptent sont les mois d’hiver, jusqu’à fin mars. C’est là où l’on verra l’effectivité ou la non-effectivité de la recharge des réserves d’eau.

Quelle est la situation dans l’Aveyron ? Est-il possible de quantifier le niveau actuel des réserves en eau ?
C’est toujours compliqué de dire où on en est exactement. On est en déficit de précipitations tous les mois depuis l’été 2021 à l’exception de décembre 2021 et juin 2022. Les mois de janvier et de février 2023 sont également en déficit. On a des retenues qui sont pour le moment encore assez basses, des cours d’eau dont le niveau reste correct à l’exception du Dourdou de Camarès. La question de ce déficit est sans doute quelque chose qui est appelé à se poursuivre.

Le ministre Béchu a invité les préfets à « ne pas avoir la main qui tremble pour prendre des arrêtés » de restrictions…
Ma main ne tremblera pas si nécessaire. Mais de manière objective à l’instant T, on a une période de pluies annoncée par Météo France. On refait un point début avril et c’est-là qu’on pourra le cas échéant définir d’éventuelles mesures de restrictions qui toucheront davantage à des usages domestiques. L’important à ce stade, que l’eau potable puisse être garantie, qu’on continue à avancer avec les communes qui ont eu des difficultés, sur le Carladez notamment, pour voir comment on anticipe cette situation.

Quels seraient les différents leviers à activer pour une meilleure préservation de la ressource ?
Nous jugerons de la situation en avril en avril et nous lancerons une campagne de sensibilisation sur la sobriété. La sobriété c’est beaucoup les usages domestiques. Par personne et par jour, on considère qu’on est à peu près 150 litres: propreté corporelle, travail de nettoyage, la cuisine…
L’idée c’est de dire : comment on peut réduire ces usages-là. Je rappelle par ailleurs que, à l’initiative du département, ont été lancées les Assises de l’eau, on travaille en partenariat avec le département et en collaboration avec la chambre d’agriculture, EDF, le bassin Adour-Garonne pour examiner la problématique de l’eau de manière extrêmement large. On pensait l’eau inépuisable, la saison 2022 nous a rappelé qu’on pouvait avoir des difficultés en la matière, il va falloir qu’on apprenne la sobriété.

La consommation des particuliers n’est pas marginale au regard de celle de l’agriculture ?
Non ! L’agriculture consomme principalement ce qui vient du ciel, on va dire. Les cultures, via les fourrages, notamment dans l’Aveyron (part de l’élevage extrêmement importante). Sur l’irrigation, on a des cultures très peu irriguées, de l’ordre de 3%, et souvent d’ailleurs par des petites retenues collinaires, sans prélèvement sur le réseau d’au potable. Il y a des réflexions pour avoir une irrigation plus économe, avec des principes de goutte à goutte, d’aspersion plus ciblée.

D’éventuelles nouvelles mesures pourraient être mises en place en termes de restrictions ou le panel est-il déjà connu ?
Le panel est connu, il est en train de se consolider via le guide sécheresse, au niveau national qui définit un certain nombre de règles de restrictions.

N’y a-t-il pas des choses à construire sur le plus long terme ?
Bien sûr, il y a d’abord, pour l’agriculture, des petites retenues, des retenues collinaires, ou sur des petits cours d’eau. Il y a aussi l’interconnexion des communes, des réseaux d’eau potable, à maintenir en bon état et sécuriser, ancrer durablement la sensibilisation chez les particuliers, développer de nouveaux captages, ça je dirais c’est le sujet de fond. Et de toute façon, au long cours, on ne va pas pleurer, on ne va pas rester prostrés, on va travailler pour apporter des réponses à cet enjeu de la ressource en eau.

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Les commentaires (1)
filochard Il y a 1 année Le 29/03/2023 à 17:48

En élevage bovin, l'abreuvement des animaux est le premier poste de consommation d'eau : en moyenne, une vache consomme entre 40 et 120 l d'eau par jour.