Mort de Nahel : tirs de mortiers, commissariats et mairies visés... Emmanuel Macron convoque une cellule de crise, après une deuxième nuit de violences

  • Une seconde nuit de violences s’est déroulée dans plusieurs villes de France, et notamment à Nanterre.
    Une seconde nuit de violences s’est déroulée dans plusieurs villes de France, et notamment à Nanterre. MaxPPP
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Hervé Garric

Après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un tir policier, une seconde nuit de violences s’est déroulée dans plusieurs villes de France, et notamment à Nanterre, lieu du drame. La mère de l’adolescent a appelé à une marche blanche ce jeudi à 14 h, alors que le policier soupçonné est toujours en garde à vue.

Nuit de violences, 150 interpellations

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin qui avait annoncé mercredi 28 juin que 2 000 policiers seraient mobilisés à Paris et ses environs en prévision de troubles nocturnes, rapporte ce jeudi matin 150 interpellations, contre 31 pour la nuit de mardi à mercredi, lors de violences en réaction à la mort de Nahel, 17 ans, tué mardi 27 juin par un policier alors qu’il refusait d’obtempérer à un contrôle routier, à Nanterre.

Gérald Darmanin dénonce des "violences insupportables". "Une nuit de violences insupportables contre des symboles de la République : mairies, écoles et commissariats incendiés ou attaqués", a-t-il écrit sur Twitter. "150 interpellations. Soutien aux policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers qui font face avec courage. Honte à ceux qui n'ont pas appelé au calme".

Une nuit de violences insupportables contre des symboles de la République : mairies, écoles et commissariats incendiés ou attaqués. 150 interpellations. Soutien aux policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers qui font face avec courage. Honte à ceux qui n’ont pas appelé au calme.

— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) June 29, 2023

Nanterre, Toulouse, Nice... 

À Nanterre, les forces de l’ordre ont eu recours au gaz lacrymogène. Des contestataires ont lancé des feux d'artifice en direction des forces de l'ordre et incendié des véhicules au cours d'une deuxième nuit consécutive de tensions. L'avenue Pablo Picasso était mercredi soir jonchée de véhicules retournés et incendiés, tandis que des feux d'artifice visaient les cordons des forces de l'ordre.

La mort de Nahel, qui a alimenté les accusations de violences policières et de discriminations dans les banlieues des grandes villes, a aussi donné lieu à des troubles en d'autres endroits d'Ile-de-France et à travers le pays.

À Nanterre, où Nahel a été tué, la situation est restée relativement calme jusqu'à 23h. La situation s'est tendue en début de nuit dans le quartier du Vieux-Pont. Au moins trois voitures et des poubelles ont été incendiées. Un centre Enedis a été incendié, entraînant des évacuations de riverains en raison d'un risque d'explosion.

La mort de Nahel, qui a alimenté les accusations de violences policières et de discriminations dans les banlieues des grandes villes, a aussi donné lieu à des troubles à Lille et Toulouse. Les tensions étaient vives aussi à Amiens et Dijon.

À Toulouse, vingt véhicules ont brûlé. Les affrontements ont donné lieu à treize arrestations. Les sapeurs-pompiers ont recensé au total dans l'agglomération 32 feux de voitures et 30 feux de poubelles.

À Nice, des tirs de mortier ont visé le commissariat Saint-Augustin, dans le quartier des Moulins et un autre hôtel de police dans le quartier de l'Ariane, indique France Bleu Azur.

À  Amiens, la médiathèque dans le quartier d'Étouvie en construction a été incendiée, la mairie d'Amiens-Nord prise pour cible.

En Moselle, des policiers et des pompiers ont essuyé des tirs de mortier, sans faire de blessés. Des incidents ont aussi été signalés à Longwy en Meurthe-et-Moselle, selon France Bleu Lorraine Nord.

Cellule interministérielle de crise à 8 heures

Ce jeudi matin, après cette nuit de violences dans toute la France, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé qu'il convoquerait une cellule interministérielle de crise à 8 heures, dans le centre dédié place Beauvau.

Une cellule interministérielle de crise (CIC) désigne un ministre en charge de crise dite majeure, rappelle le site du gouvernement. La stratégie de gestion propose plusieurs axes d'action : déclenchement de plans gouvernementaux, décisions politiques, activation du mécanisme de coordination politique de l'Union européenne ou encore, en cas de crise d'origine terroriste, adaptation de la posture Vigipirate.

Une marche blanche à 14 heures

La mère de Nahel a appelé à une marche blanche devant la préfecture des Hauts-de-Seine, tout près du lieu de la mort de son fils, à Nanterre, à 14 h. "C’est une révolte pour mon fils", annonçait-elle dans une vidéo postée sur le réseau social TikTok hier. Celle-ci était filmée par la militante contre les violences policières Assa Traoré.

Le policier en garde à vue

Mercredi 28 juin,  Emmanuel Macron a dénoncé un acte "inexcusable" tandis qu’Élisabeth Borne a souligné que les images, "choquantes", montraient "une intervention qui n’est manifestement pas conforme aux règles d’engagement de nos forces de l’ordre". Le policier de 38 ans soupçonné du tir mortel est interrogé par l’Inspection générale de la police nationale dans le cadre d’une enquête ouverte pour homicide volontaire. Sa garde à vue a été prolongée.

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